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[verso-hebdo]
03-04-2014
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Christian Dotremont, traces de logogus, Pieter de Reuse, CFC éditions, 184 p.

Cette étude passionnante tend à mieux faire connaître le protagoniste le moins célèbre du groupe Cobra. Il est vrai que sa pratique est très différente de cette des autres membres de ce groupe nordique. Il s'est intéressé exclusivement à l'écriture et a voulu produire une oeuvre qui soit « anti calligraphique ». Son intention était claire, mais le résultat est tout autre, puisqu'il est parvenu à engendrer des oeuvres qui sont une nouvelle calligraphie qui possédait sa propre beauté. Son cheminement a fini par faire de lui un peintre et un peintre qui pouvait être rapproché plus d'un Brion Gysin ou d'un Jean Degottex, d'un Tobey ou même d'un Mathieu. Dans ce livre, l'auteur brosse un portrait concis, circonstancié et magnifiquement documenté de cet homme qui a été aussi un écrivain (ce qu'on a tendance à oublier). Sous sa plume, son évolution est décrite avec soin, mais également toutes le subtilités de son art et aussi ses mutations. Car on a fini par ne considérer qu'une typologie de l'oeuvre de Dotremont. Ce beau volume est un bel outil de travail et une introduction indispensable pour connaître la démarche passionnante de ce créateur qui reste dans les marges, comme si sa relation étroite avec l'écriture était une bonne raison pour le rendre mineur par rapport à Jorn ou à Alechinsky. Que nenni !




Alain-Fournier, Ariane Charton, « Biographies », Folio, 416 p., 8,90 euro..

Lettres à Jeanne, Alain-Fournier, édition établie et préfacée par Ariane Charton, 112 p., 5,50 euro..


Souvenir de lycée : le Grand Meaulnes ! Que savions-nous de l'auteur ? Qu'il était mort (héroïquement !) en septembre 1914, la guerre à peine commencée. Et tout le monde était d'accord pour saluer ce grand livre. L'ai-je seulement lu ? Je n'en suis même pas sûr ! Mais personne n'avait l'affront de faire la moindre critique sur cette oeuvre unique. En réalité, en dépit de son jeune âge, Henri-Alban Fournier, né en 1886, fils d'instituteur, élevé en province, a une oeuvre beaucoup plus vaste que nos professeurs voulaient nous le faire croire. Il arrive à Paris en 1896 pour étudier au lycée Voltaire. Il a de très bons résultats, mais son rêve, c'est de naviguer. Alors il s'inscrit au lycée de Brest pour se préparer à une carrière dans la marine. Mais il ne se sent pas à la hauteur et, l'année suivante, c'est de nouveau Paris et le lycée Henri IV. Après son baccalauréat, il se préparer à entrer à Normal Sup'. C'est en 1903 qu'il fait la connaissance de Jacques. Les deux jeunes hommes ne partagent pas les même goûts : pour Rivière, c'est Barrès, pour Fournier Jules Laforgue. Mais une profonde amitié les lie. Quant à la vie sentimentale de l'écrivain, elle concerne deux jeunes femmes. La première est Yvonne de Quièvrecourt, qu'il rencontre quand il a dix-neuf ans. La seconde est Jeanne Bruneau est une modiste, dont Ariane Charton vient de publier les lettres qu'Alain-Fournier lui a envoyée. La première devient la blonde Yvonne dans le Grand Meaulnes, la seconde, la brune Valentine. Ainsi l'image d'Epinal se dissipe pour faire apparaître une figure pleine et entière.




L'Honneur des poètes (édité par Paul Eluard), Le temps des cerises, 112 p., 12 euro.

Belle et bonne idée que de réimprimer ce petit volume publié clandestinement par les Editions de Minuit en 1943. Sous des pseudonymes, bien sûr, Louis Aragon, Eluard, René Desnos, Jean Tardieu, Francis Ponge, Pierre Emmanuel, Pierre Seghers et quelques autres disent leur refus de la honte de la collaboration et affirme leur volonté de combattre l'occupant. C'est plus qu'un document : c'est l'entrée (symbolique) de la littérature dans la Résistance. « La Diane française » d'Aragon est devenu un classique. C'est bien qu'on puisse le relire dans ce contexte bien particulier. Les temps sont propices à cette nouvelle publication qui ne fait pas que rappeler des heures tragiques traversées par nos ancêtres : ces poèmes nous contraignent à repenser notre position dans ce monde. Bien sûr, ces vers violents et patriotiques pourraient faire sourire et, la poésie n'est pas un art éthique et encore moins politique. Mais elle peut l'être en des circonstances précises.




Chronique de l'ère mortifère, Frédéric Baal, « Littérature », Editions de la Différence, 256 p., 18 euro.

Au moins, on ne peut pas dire que Frédéric Baal sacrifie aux mode de la l'art romanesque de langue française. Pas d'écriture policée, bien équilibrée, ni d'esprit N.R.F. remis au goût du jour. C'est un livre truculent, gargantuesque, vociférant et apparemment décousu. Il y a une tonalité célinienne, mais l'auteur s'est bien gardé d'imiter ou de singer l'auteur du Voyage au bout de la nuit. Il en retient la nécessité de rompre avec une tradition, de produire une liberté stylistique qui transforme de fond en comble la conception du roman. Et il diversifie ses angles de vue, ses manières de poser les faux, de faire s'entrechoquer les phrases, de construite des séquences qui sont sensiblement différentes de la précédente et de la suivante. Il joue avec le langage pour lui faire rendre gorge. C'est-à-dire qu'il veut manifester sa rage et son indignation devant le spectacle du monde tel qu'on le connaît pas seulement par des fragments d'histoire, mais aussi par le jeu matériel du langage. Il voit l'univers qui l'entoure avec dégoût et mépris, mais aussi avec un humour et dérision. Et il utilise tous les moyens à sa disposition pour parvenir a ses fins. Cela étant, son livre a une haute teneur poétique, ce pourrait sembler paradoxal ! Ce jeu de massacre est donc un jeu de lettré qui jette son Littré par dessus les moulins et jette son traité de rhétique aux orties. Mais après les avoir étudiés à fond ! C'est l'un des livres les plus orignaux que j'ai pu lire ces derniers temps. Frédéric Baal a du talent et ne s'est jamais laissé enfermer dans une formule, ce qui aurait pu être le piège fatal de ce genre de littérature « rebelle ».




Toutes les guerres, Evgueni Tkatchenko, traduit du russe par Joëlle Roche-Parvenov, Actes Sud, 382 p., 23 euro.

Un jeune Russe, venu de son profonde Sibérie, vient chercher fortune en France. Il veut en fait s'enrôler dans la Légion étrangère. Ce qui n'est pas simple pour lui étant donné qu'il ne parle pas un mot de français. Mais il parvient à ses fins et découvre l'univers viril et dur de la vie militaire sous le képi. L'auteur nous dépeint son apprentissage de ce monde, auquel il se fait d'ailleurs assez bien. On suit pas à pas sa formation, la discipline à la quelle il doit se plier, la vie dans les chambrées, la rencontre de ses nouveaux camarades, l'attitude des officiers, l'entraînement spartiate. En somme, nous avons l'impression d'être sous les drapeaux en sa compagnie. Cette description lente et minutieuse est écrite avec assez de soin pour nous rendre le fait le plus insignifiant des plus passionnants. C'est la manière dont un être humain peut se plier à des règles strictes et se couler dans un moule qui fait tout l'intérêt de ce roman. Mais les affaires se compliquent quand notre Russe fait la connaissance d'une jeune Algérienne, qui s'appelle Alika. Elle lui plaît. Il tombe vraiment amoureux d'elle. Mais voilà, elle tombe enceinte. Et les ennuis commencent, avec les parents qui veulent la renvoyer à Alger. Serguei va lutter pour la tenir près d'elle et il va même se convertir à l'Islam pour satisfaire la famille. Quand l'enfant va naître, lui se trouve en plein enfer bosniaque pendant la guerre qui a marqué la fin de la Yougoslavie. Tout repose sur des ficelles assez simples ; mais il n'empêche que Toutes les guerres est une bonne oeuvre de fiction qui sait tenir son lecteur en éveil, ce qui n'est pas une mince affaire.




Détails d'Opalka, Claudie Gallay, « un endroit où aller », Actes Sud, 224 p., 20 euro.

Nombreux sont ceux qui aiment sans réserve l'oeuvre de Roman Opalka. Ce n'est pas mon cas. Mais l'ouvrage de Claudie Gallay a le grand mérite de dévoiler la logique interne de cet artiste si déconcertant. C'est surtout l'explication de son point de départ qui est fondamentale : l'inscription du chiffre un sur fond blanc, qui entraîne une série de compositions avec les chiffres suivant montre le germe de sa production qui associe le nombre, la différence et la répétition. Ce qui rend sa lecture agréable, c'est de ne pas sacrifier un instant à la littérature artistique de notre époque. Claudie Gallay est parvenu à reconstituer l'histoire intérieure d'un homme qui a poursuivi toute son existence une sorte de pointe de fuite inatteignable qui l'a poussé à transformer son travail artistique en une quête forcenée d'un tableau infini qui se développe dans le temps de la création.




Après, Erich Maria Remarque, Folio, 400 p., 7,90 euro.

Les Camarades, Erich Maria Remarque, Folio, 560 p., 8,40 euro.


A l'Ouest rien de nouveau d'Erich Maria Remarque (pseudonyme d'Erik Paul Remark, 1898-1970), qui a paru en 1929, a eu la même répercutions en Allemagne que le Feu d'Henri Barbusse. Mais on a oublié qu'il a écrit deux ans plus une suite à son grand récit de la guerre avec Après qui, comme son titre l'indique, où l'on suit les péripétie d'un petit groupe de soldats qui, une fois qu'il ont appris que la guerre était finie, ont quitté le front pour rentrer, souvent avec difficulté, chez eux. Et ce qu'il entend montrer avec les aventures des uns et des autres, c'est leur difficulté et, pour certains, leur impossibilité à retrouver la vie d' « avant », la vie « normale ». Il ne cherche pas à donner une vision historique de l'Allemagne de la défaite, de la guerre civile et de la Révolution, de l'inflation et du chômage, mais plutôt de montrer comment les individus qui ont pris part à ce combat titanesque et monstrueux se sont comportés face à un monde qui n'est plus fait à leur mesure. Le procès qui en constitue le final car l'accusé ne comprend pas pourquoi on l'accuse d'avoir tué un homme alors qu'il venait de passer des quatre ans avec l'impératif d'en tuer le plus possible ! Très tôt, il a des ennuis avec les séides du parti national-socialiste. On retrouve même le cadavre d'un journaliste juif dans son jardin. Alors, il a décidé de s'exiler dès 1933 d'abord en Suite. Et là, il poursuit son roman-fleuve avec les Camarades, où l'on retrouve quelques uns des protagoniste d'Après tenter leur chance dans un pays en proie aux tensions les plus fortes. Et là, tandis que trois d'entre eux ouvrent un garage, ils sont confrontés aux signes menaçant du nazisme et à tous les drames qui traverse l'Allemagne de l'entre deux guerre. C'est fait avec un sens très prononcé de la narration, qui rend ces gros volume très appétibles et même passionnant. Remarque n'a pas été un écrivain de génie et n'a pas cherché a l'être. Mais ce fut un peintre de son temps avec une acuité rare.
Gérard-Georges Lemaire
03-04-2014
 
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Verso n°136

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du 6 au 28 Octobre 2012
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