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[verso-hebdo]
24-04-2014
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Luce ou les mémoires d'un veuf, Maurice Heine, préface de Jean-Jacques Brochier, « Minos », Editions de la Différence, 158 p., 8 euro.

Jean R. est veuf depuis deux ans. Il a trois enfants, deux jeunes adolescents, Jacques et Luce et une petite fille, Annette. A sa grande surprise, il est séduit par Luce, qui est aussi, tout en étant une jeune fille en fleur, une jeune fille dévergondée. En fait, elle rêve depuis longtemps de remplacer sa mère. Le roman relate, avec détails, les rapports incestueux de plus en plus fiévreux qui unissent Luce et son père. Puis, les mois ayant passé, Luce se retrouve en âge de se marier et elle se voit imposer un garçon qui ne paraît pas des plus dégourdis. La séparation d'avec son père bien-aimé est un déchirement. Mais elle a tout prévu, la petite Annette, qui va remplacer son aînée dans le lit paternel. Il manque malheureusement une partie du manuscrit de Maurice Heine, dont on connaît le plan et qui concerne la période des fiançailles de Luce. Mais ces chapitres manquants ont peut-être été retirés par l'auteur lui-même, en tout cas ils ne nuisent pas à la cohérence de l'oeuvre. Et le lecteur, s'il veut en savoir plus, doit lire l'excellent avant-propos du très regretté Jean-Jacques Brochier s'il veut en savoir plus sur cet auteur.




Fictions, Jorge Luis Borges, préface d'Ibarra, traduit de l'espagnol (Argentine) par P. Verdevoye et N. Ibarra, Gallimard, 214 p., 18 euro.

Poèmes d'amour, Jorge Luis Borges, bilingue, édité, préfacé et traduit par Silva Baron Supervieille, Gallimard, 144 p., 15,90 euro.


Excellente idée que de rééditer Fictions tel que ce livre a paru la première fois dans la collection dirigée par Roger Caillois, « la Croix du Sud» où ont été traduits de nombreux auteurs latino-américains, comme Carpentier ou Jose Amado ! Ce recueil contient deux petits livres, le premier se nommant « les sentiers qui bifurquent » qui contient ses nouvelles les plus célèbres, dont les Ruines circulaires et « la Loterie à Babylone ». Pour moi, quand je l'ai ouvert pour la première fois, c'est « la Bibliothèque de Babel » qui m'a fasciné plus car il reprenait la structure des anciens « Théâtres de la mémoire » eu des « Théâtres du monde » pour concevoir un univers de livres constitué selon une structure mathématique se répétant à l'infini, mais chacun des ouvrages étant uniques et dont irremplaçable. C'est une représentation de notre globe et donc de nous-mêmes qui se révèle vertigineuse et folle. L'imaginaire de Borges puise toujours ses racines dans la culture du passé, en joue, la métamorphose et invente sa version moderne et poétique. Cette anthologie de la poésie amoureuse de Borgès composée par la traductrice a le mérite certain de mettre l'accent sur un aspect de l'oeuvre du grand écrivain argentin qui n'est peut-être pas celui qui nous apparaît quand on se plonge dans son univers. De Ferveur de Buenos Aires (1923) à Atlas (1984), il a écrit des poèmes d'amour d'une grande beauté, dont certains sont en prose. C'est une idée curieuse, mais en fin de compte une « lecture » de l'écrivain qui est effectuée que dans et par ses écrits où certains textes vibrent comme les paroles d'un tango, genre pour lequel il a d'ailleurs rédigé des chansons, mais aussi dans l'optique « métaphysique » qui le rapproche de Chirico (et non de Kant !).




Moi Auguste, empereur de Rome, Réunion des musées nationaux - Grand Palais, 320 p., 45 euro.

Le grand Palais a pris l'initiative saugrenue de célébrer l'anniversaire de la mort de l'empereur romain Auguste, survenue le 19 août 14. Cette bizarrerie de tout commémorer est absurde et une exposition sur le premier empereur romain n'a besoin d'aucune légitimité ! Son histoire est celle d'un grand génie politique. Octave, petit-neveu de Jules César, est celui que ce dernier a voulu faire son unique héritier. Le crime des Ides de Mars le surprend alors qu'il est loin de Roma. Il rentre en terre italique, débarque à Brindisi et se rend à Rome. Il fait alors alliance avec ceux qui prétendent défendre l'esprit de la République. Cicéron le soutient contre Marc Antoine qui revendique lui aussi l'héritage de César. Il est nommé propréteur malgré son très jeune âge (il a peine vingt ans). Il peut ainsi lever une armée et il bat Antoine à Modène. Il est salué comme imperator, mais ne peut être consul avec Cicéron. Et il doit alors faire face aux forces rassemblées par les républicains Brutus et Cassius en Orient, soutenus par Pompée. Il lui faut se réconcilier avec Antoine et s'allier avec Lépide, instaurant ainsi un triumvirat. Les « césariens » remportent une victoire éclatante à Philippes (Grèce). Plus tard, Octave bat la flotte de Sextus Pompée en Sicile. Lépide est écarté comme triumvir pour n'avoir pas agi avec lui contre Pompée. Après un coup de force au Sénat, Octave obtient un senatus-consulte pour attaquer Antoine en Egypte, qui fait valoir les droits de Césarion, le fils de Cléopâtre. Il bat Antoine lors de la bataille d'Actium. Le sénat le fait alors princeps senatus et lui donne même le titre d'Augustus. Tous ses ennemis sont vaincus. Au début de l'année 27 avant notre ère, il reçoit le pouvoir proconsulaire pour dix ans, prend le contrôle de l'armée et crée une garde prétorienne. Petit à petit, il s'institue comme chef de l'Etat romain. Il entame deux grandes réformes : celle de l'armée et celle de l'administration. Et il transforme Rome profondément. C'est ce que nous montre l'exposition, même si il est difficile de comprendre dans son ensemble ce qu'il a entreprit. Quoi qu'il en soit, il s'est vanté d'avoir « trouvé une Rome de briques et d'avoir laissé une Rome de marbre. » On est sûr que c'est sous son règne que furent construits l'Ara Pacis, le Champ de Mars, la basilique de Julia, le théâtre de Marcellus, le temple d'Hercule et celui de Saturne, les thermes d'Agrippa, un théâtre, un amphithéâtre, une bibliothèque et deux arcs de triomphe sur le forum. En revanche, il ne se fit jamais construire de palais. S'il favorise les arts et les lettres, il pardonne volontiers à Tite-Live, mais exile Ovide, qui ne pourra jamais rentrer. Cette exposition très bien conçue nous donne une vision de cet empereur qui a voulu rétablir les anciennes valeurs républicaines !




Les Chiens aboient, Truman Capote, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean Malignon, « l'Imaginaire », Gallimard, 238 p., 8,90 euro.

Ces textes réunis sous ce titre violent, qui pourrait bien correspondre à l'idée qu'on se fait de cet écrivain qui a toujours eu la dent dur et un franc parler, ne correspondent pas vraiment à ce qu'ils nous délivrent. Truman Capote égrène ses souvenirs, nous relate sa rencontre avec Colette à Paris, son séjour à Haïti, l'idée qu'il se fait de Cocteau et de Gide, des réminiscences sur les actrices Mae West et Marylin Monroe, un plaidoyer en faveur de Buster Keaton. En somme, rien de bien méchant. Seul son « Autoportrait », sous forme de questions et de réponses dont il est le seul acteur dans un jeu de miroir a quelque chose d'incisif. C'est justement pour cela que ce texte est précieux. Il estompe l'image stéréotypée qu'on s'était faite de l'auteur de In Cold Blood et qu'il avait soigneusement entretenue ! Ces mémoires sont intéressantes et l'on fait la connaissance d'un écrivain qui cherche à comprendre ses aînés et qui se passionne pour le cinéma.




Simon Bocanegra, Jacqueline Germé, Edilivre, 18 p., 8 euro.

Ce court portrait et médaillon est une apologie funèbre d'une grande beauté : Jacqueline Germé, à son habitude, sait dépeindre l'objet qu'il a choisi de nous présenter, dans le cas présent, un photographe qui vient de décéder. Elle est capable de nous expliquer en quelques phrases ce qui a fait le talent irremplaçable de ce maître de l'argentique et de faire son portrait comme il a pu faire un portrait d'elle. L'auteur possède ce talent rare de saisir l'essentiel avec les mots justes et les phrases qui possèdent leur poésie propre. Je n'ai pas connu Simon Bocanegra, mais grâce à elle, je sais maintenant qui il a été et pourquoi il restera parmi nous avec ses oeuvres photographiques.
Gérard-Georges Lemaire
24-04-2014
 
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Verso n°136

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Christophe Cartier au Musée Paul Delouvrier
du 6 au 28 Octobre 2012
Peintures 2007 - 2012
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Christophe Cartier / Gisèle Didi
D'une main peindre...
Préface de Jean-Pierre Maurel


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"Rêves, ou c'est la mort qui vient"
édité aux éditions du manuscrit.com