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[verso-hebdo]
31-10-2013
La chronique
de Pierre Corcos
Le public du privé
Chez les gens de la profession, cette amusante devinette est bien connue : quelle est la différence entre le théâtre privé et le théâtre public ? Réponse : au théâtre privé, tous ceux qui sont dans la salle connaissent ceux qui sont sur la scène, et au théâtre public tous ceux qui sont sur la scène connaissent ceux qui sont dans la salle… Cette plaisanterie pointe le fait que le théâtre privé a souvent recours au « star-system » pour attirer le chaland (pensons aux Daniel Auteuil, Mathilde Seigner, Sara Giraudeau, Rufus, Gérard Jugnot, etc. actuellement à l'affiche), et sur la constatation qu'au théâtre public, la salle contient toujours des comédiens, metteurs en scène et professionnels, les comédiens sur scène du coup (re)connaissant leurs collègues et amis dans la salle… Il est exact que le public du privé n'est pas le même que celui du théâtre public, et il suffit de fréquenter aussi bien l'un que l'autre pour percevoir des différences de statuts professionnels, de « sociostyles » entre les uns et les autres. Voire des différences de conduite : au théâtre privé, par exemple, on aime bien applaudir l'acteur connu dès son entrée en scène, on ne répugne pas à s'esclaffer bruyamment, etc.
Ceux qui veulent souligner les différences rappellent que le théâtre privé ne dépend que des recettes de la billetterie, recevant fort peu d'aide de la Ville de Paris ou de l'État. Alors, pour éviter de faire un four, ruineux, ni les sujets traités ni les formes choisies ne doivent déstabiliser le spectateur, et le conventionnel, le divertissant l'emportent. Une formule humoristique de Tristan Bernard illustre bien l'attitude moyenne de son public : « Au théâtre, les gens veulent sans doute être surpris, mais avec ce qu'ils attendent ». Une bonne méthode consiste alors à importer et adapter des pièces étrangères qui ont déjà eu beaucoup de succès là où elles furent créées… Par ailleurs, un fonds de soutien mis en place par la profession permet heureusement de prendre en charge jusqu'à 40% des déficits subis. En face, subventionné pour sa mission de « service public », le théâtre public peut se permettre recherches esthétiques et mises en scènes expérimentales d'auteurs difficiles, mais également répondre à la demande de l'Éducation nationale à propos des classiques du répertoire (les Molière, Marivaux, etc. tant de fois montés), enfin s'ouvrir à différentes activités formatrices (ateliers, conférences, débats, etc.). Quant à ceux qui veulent atténuer ces différences entre théâtre privé et théâtre public, ils font remarquer qu'il existe un certain nombre de passerelles pour les comédiens entre ces deux modalités du théâtre, et que les recettes marketing de l'un peuvent, ici et là, servir à l'autre…

Cependant, à l'occasion de cette rentrée, il est bon de revenir sur ces différences, aussi bien de publics que de types de pièces, au moyen de quelques exemples. Dans Mensonges d'États au Théâtre de la Madeleine, mise en scène de Nicolas Briançon, nous retrouvons un certain nombre des ingrédients qui plaisent au public du privé : une histoire bien structurée de (contre)-espionnage, avec même un suspense, une référence historique à la Seconde Guerre Mondiale, des personnages (stéréo)typés comme le général Patton, un décor et des costumes, nets, simples et réalistes, tels une bande dessinée de Blake et Mortimer… Dans Zelda & Scott au Théâtre La Bruyère, écrit et mis en scène par Renaud Meyer, nous avons la starlette affriolante (Sara Giraudeau), la biographie romancée d'artistes (les Fitzgerald) sur fond jazzy des années 20, et quelques scènes coquines mâtinées d'histoires sentimentales. Un rêve pour le public du privé qui applaudit à tout rompre, tandis que bien des spectateurs du théâtre public trouveraient ce spectacle artificiel et racoleur !… A flanc de colline de Benoît Moret, mise en scène Julien Sibre, au Théâtre Tristan Bernard, divertit largement son public avec des gags et accessoires délirants, des jeux de comédiens à « effets », un burlesque soutenu…

Sans doute ici plus qu'ailleurs une sociologie du goût apporterait un éclairage passionnant. Mais concluons sur ce fait : voici un théâtre qui rencontre vraiment son public, et dont les « recettes » font toujours… recette. D'après des statistiques récentes, le théâtre privé (qui produit 200 spectacles par an et représente plus de 50% de la fréquentation totale du théâtre), après une année 2012 plutôt difficile, connaît une embellie indiscutable. Concluons encore sur un souhait: une plus grande interaction entre théâtre privé et théâtre public, les deux ayant quelque chose à nous apprendre sur l'acte théâtral et sa rencontre avec le spectateur.
Pierre Corcos
31-10-2013
 
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Verso n°136

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