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[verso-hebdo]
02-04-2015
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Degas, un peintre impressionniste ? Musée des impressionnistes, Giverny/ Gallimard, 160 p., 29 euro

Donner des sous-titres à des expositions monographie est devenue une mode et désormais une manie. Ce sous-titre ne me paraître très pertinent. En effet, Edgar Degas a participé régulièrement au Salon des Artistes Indépendants, depuis la première, chez Nadar, en 1874 jusqu'en 1886, alors que beaucoup de ses camarades avaient déserté et étaient retournés dans les salons officiels. Mais Degas a eu bien du mal à accepter le primat indiscutable d'Edouard Manet sur la petite troupe du café Guerbois, boulevard des Batignolles. Il y a plusieurs raisons à cet esprit frondeur. La principale est que Degas éprouvait le désir de devenir le chef de file de ce petit groupe qui partageait des idées communes, mais travaillaient dans un esprit souvent différent. Après la guerre franco prussienne et le drame traumatisant de la Commune de Paris, Manet reprit l'habitude d'organiser toutes les semaines des rencontres, cette fois au café de la Nouvelle Athènes, place Pigalle. De son côté Degas rassemble ses troupes dans un café qui se trouve presque en face, sur la même place, Le Rat mort. Il attire à lui des peintres italiens qui sont venus à Paris découvrir la nouvelle peinture, comme le Vénitien Zandomeneghi, Diego Martelli et Giuseppe De Nittis, ainsi que Mary Cassatt. Le critique Duranty, chantre de Courbet et du réalisme écrit un essai curieux à propos de la seconde exposition qui a lieu en 1876, intitulé « La Nouvelle peinture ». Il profite de cette occasion pour rappeler le rôle fondateur de Courbet, salue les efforts de Corot, rend hommage au courage de Manet, et loue le travail de Millet, « le mouvement a en effet ses racines » affirme-t-il. Il ne cite aucun des artistes qu'il semble décrire comme une sorte de prolongement d'un passé récent, qui a su comprendre les développements du monde présent. Il salue leurs découvertes dans le domaine de la couleur leur merveilleuse exploitation de l'art japonais. A la fin il souligne le talent de dessinateur Degas (sans le nommer !) : « Aussi la série des idées nouvelles s'est-elle formée surtout dans le cerveau d'un dessinateur […] un homme du plus rare talent et du plus rare esprit. » Il ne cite d'ailleurs personne. Comme si ce qu'on appelait l'impressionnisme ne formait qu'un tout et laisse la parole à l'un de leurs thuriféraires, Emile Zola. Il conclue en souhaitant bon vent à cette compagnie. Si Degas a été un magnifique interprète des répétitions des classes de danses, des terrasses et des intérieurs des cafés, s'il a su donner aux champs de courses équestres une noblesse étrange, il a été un bien médiocre paysagiste. C'est ce qui le distingue de Monet, de Sisley, de Pissarro et encore plus de Cézanne. Mais tous ont traduit la vie moderne telle que la sublimait Baudelaire : Monet a peint la gare Saint Lazare, Caillebotte, le boulevard Haussmann, Renoir des scènes de rue. Degas a voulu échapper à cet effet de groupe par vanité et pour ne pas se retrouver dans un groupe qui en réalité n'existe pas. Cette exposition montre bien ce qui le distingue des autres peintres de son temps et révèle aussi des tendances étranges, comme sa sculpture et tel Renoir, il a su exalter les beautés du cirque, tout comme il a rivalisé avec lui dans le nu féminin, avec ces femmes se lavant dans le tub. A l'égal de Whistler, a parfois eu la tentation d'être « classique » au sein de sa profonde refonde de l'art de la peinture : certains de ses portraits et certains de ses description du monde du travail (ici, Portraits dans un bureau à la Nouvelle Orléans, au musée de Pau Le Comptoir des cotonniers). Laissons les mauvaises questions de côté et disons que l'exposition vaut vraiment le détour et que le catalogue donne envie d'approfondir le cas de cet aristocrate à la fois habile et assez malveillant à l'encontre de ses pairs.




Quattrocento, Stephen Greenblatt, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Cécile Arnaud, « Libres champs », Flammarion, 384 p., 8 euro

Pour la majorité d'entre nous, le XVe siècle évoque la grande Renaissance italienne, celle de Sienne et de Florence, d'Alberti et de Brunelleschi, de Fra Angelico et de Piero della Francesca. C'est d'ailleurs la vérité. Mais nous savons moins de quelle manière cette subite métamorphose du monde médiéval a pu s'opérer. Et l'auteur nous raconte cet événement à travers la vie d'un curieux personnage, peu connu, Poggio Bracciolini, né vers 1380 à Terranova. Celui-ci avait été le secrétaire pontifical de l'antipape Jean XIII (+ 1414), qui, a été révoqué au cours du concile de Constance et remplacé ensuite par Martin V. La passion de Poggio Bracciolini, personnage connu des seuls spécialistes, pour la culture littéraire et philosophique de l'Antiquité se change dans ce livre en un paradigme majeur de l'humanisme de la Renaissance. Sa passion le pousse à parcourir une partie de l'Europe, en particulier les terres allemandes, allant de monastères en monastère à la recherche de manuscrits oubliés. Ce faisant, il s'était fait l'héritier de Pétrarque, qui avait commencé ce genre de recherche et qui avait pu reconstitué l'Histoire d Rome de Tite Live. Il avait aussi retrouvée quelques textes de Cicéron et de Properce. C'est chez des bénédictions qu'il retrouve De la République de Cicéron sous une copie de du Nouveau Testament du VIIe siècle. Dans l'abbaye de Cluny, il met la main sur sept oraisons de Cicéron et, à Saint-Gall en 1416, il a découvert l'Institution oratoire de Quintilien. Tout en parvenant à préserver sa fonction de secrétaire auprès du Saint-Siège (il est réintégré dans ses fonctions par Eugène IV, puis par son successeur, Nicolas V), il poursuit sa quête sans jamais être rebuté par les difficultés des voyages, la réticence des moines, ni les difficultés matérielles. C'est ainsi qu'il a retrouvé enfin le manuscrit disparu du De rerum natura de Lucrèce et ses 7.400 hexamètres dans un couvent de Falda. Ce fut un des moments les plus importants de sa vie, qui s'est achevée en 1458 à Florence, où l'on demanda à Antonio Pollaiolo de faire une statue de lui pour mettre sur la façade de l'église de Santa Croce, où il a été enterré. L'auteur a voulu montrer que cette trouvaille a eu une influence considérable sur la pensée du monde occidentale, avec Nicolo Machiaveli, Giordano Bruno, puis Michel de Montaigne. Et cela malgré l'interdiction d'enseignement émit par le synode florentin de 1516 et puis la mise à l'index de Lucrèce en 1649 (levée seulement en 1962 !). Greenblatt a fait aussi fait un très long excursus pour parler des bibliothèques en Grèce et dans l'empire romain. Il s'attarde longuement sur le cas d'Alexandrie, affirmant que le musée préservait 50.000 volumen, et qu'on aurait même créé une seconde collection d'écrits dans le Sérapéum. Ce chiffre semble exagéré, mais pas la réalité éditoriale de cette ville. En revanche, il explique assez bien comment les conflits entre païens, juifs et chrétiens ont entrainé la destruction de nombreux ouvrages précieux. En somme, il a eu l'ambition de narrer ce qu'a été la culture ancienne et la culture qui est née du Quattrocento à travers le travail colossal d'un érudit comme Le Pogge florentin. C'est un livre curieusement construit, avec une grande quantité de digressions, mais qui nous enseigne mille et une choses merveilleuses sur le passé de notre civilisation.




Clair-obscur, Natsumé Sôseki, traduit du japonais et postfacé par Ryôji Nakamura & René de Ceccatty, Rivages poche, 494 p., 9 euro

Il s'agit du dernier livre de Natsumé Sôseki. Il l'a laissé à sa mort survenue en 1916. Comme l'indique les deux auteurs de l'excellente postface, rien n'indique que le livre soit tout à fait achevé. Et, en effet, on peut s'interroger sur la nature du dernier chapitre qui ne semble pas boucler la boucle de ce long et bien étrange récit. Il s'agit de l'histoire d'un homme, Yoshio Tsuda, et elle commence six mois après son mariage avec Nobuko. Deux choses obscurcissent sa vie : la première est que cette union ne paraît être une réussite (ce qui n'est que suggéré, mais dont la vérité s'impose peu à peu) et le fait que notre héros doit faire l'objet d'une intervention chirurgicale. Nous découvrons de chapitre en chapitre les pensées et les actes qui en résultent de cet homme qui mène une existence grise, entre le travail qui ne l'intéresse pas et les problèmes d'agent. Mais ce n'est pas un roman réaliste ou naturaliste. On est plus près ici de Fédor Dostoïevski, en dehors du fait que Tsuda n'a pas de vices graves et ne souffre pas de manies sérieuses. C'est plutôt la peinture sa progressive prise de conscience du fait qu'il est pris dans un piège dont il ne pourra pas sortir. La maladie joue un rôle essentiel dans cette affaire (l'écrivain lui-même avait été très souffrant en 1910 et même sur le point de passer de vie à trépas). Ce qui rend passionnant ce roman, c'est qu'il ne cesse d'élargir le champ d'action de cet être sans beaucoup de qualités avec de multiples interférences : celle de Kobayashi, un ami de ses années d'études, de Madame Yoshikawa, qui tente de souder à nouveau le couple. Et puis il y a la présence obsédante de Kiyoko Seki, qui a été son premier grand amour. Le livre porte bien son titre : tout y est exprimé en demi-teinte, traduit par une écriture en camaïeu. Une fois qu'on s'est installé dans ce récit, on ne peut plus en sortir alors qu'il n'y a rien de profondément dramatique. C'est le pathétique qui domine, la tristesse du quotidien et l'absence de vision du monde au-delà de ses problèmes. Il y a des scènes plus intenses que les autres, bien sûr, et aussi des moments plus prenants. Mais c'est le déroulé de cet immense kakemono littéraire qui produit son effet : le destin de Tsuda remue en nous tous les registres de la sensibilité et des sentiments. Sôseki transforme la vie humaine en une machine infernale qui emporte ses personnages vers leur destin sans qu'ils puissent vraiment changer de cap, même s'ils en ont le désir, la volonté, le rêve. La réalité les écrase et ils sont aussi écrasés par leur propre impuissance. C'est un livre magnifique, d'autant plus qu'il ne se sert d'aucun artifice littéraire : tout y est simple, presque banal, convenu. Dommage que Sôseki n'ai pas pu, faute de temps, poursuivre son oeuvre dans cette veine car il aurait été curieux de voir jusqu'où il aurait pu aller.




Poèmes de Morven le Gaélique, Max Jacob, préface de Julien Lanoë, « Poésie », Gallimard, 192 p., 7,10 euro

Max Jacob est sans doute une des figures les plus émouvantes, mais aussi les plus prégnantes de la poésie du siècle dernier. Il faut se souvenir que si Max Jacob était juif, il était aussi breton ! Né en 1876 à Quimper, ses parents avaient une boutique de broderies. Mais ils étaient originaires de l'est de la France.  Et Morven le Gaélique n'est autre que lui-même, car il croyait dans une renaissance de la culture celtique. Déjà à la fin des années vingt, il était malade et voyait se profiler l'ombre de la mort, qui ne l'emportera, non à cause de ses problèmes de santé, mais à cause de son incarcération dans le camp nazi de Drancy en 1944, Drancy étant la dernière étape avant les camps d'extermination. Ces poèmes sont issus de sa longue retraite dans un monastère désacralisé se Saint-Benoît-sur-Loire. Après avoir eu une spectaculaire vision mystique en 1909, il s'était converti au catholicisme six ans plus tard. Il souffrait beaucoup des attaques incessantes des surréalistes. Il renoue avec la poésie religieuse en 1926, l'année où il compose l'oeuvre de Morven le Gaélique. Il s'agit de textes de formes différentes, qui vont de la description du menu peuple de Bretagne, dont des portraits, comme celui de Rose Canvel, des croquis vifs et drôles que Maupassant n'aurait pas renié, ou de scènes plus intimes ou de nature religieuse. Il y a à la fois une tristesse, pire, une mélancolie profonde dans ces écrits, et souvent des fantaisies accompagnées d'un esprit plein d 'humour. Max Jacob (ou Morven) possédait une capacité rare de jouer sur des registres différents, utilisant des formes anciennes en les modernisant avec audace et sans retenue. Le personnage principal de ce recueil est sans nul doute la Vierge Marie. Il la chante et la loue avec ferveur. Mais il ne tombe jamais dans la bondieuserie en dépit des apparences. Les poèmes sont les noces de Cana sont d'une beauté admirable. Il savait à merveille traduire des scènes de la vie des saints ou des récits du Nouveau Testament avec une liberté d'esprit et de frome. « L'Ange de sainte Véronique » en est un exemple splendide. Ces pages ne sont parues qu'en 1953. Elles sont une création qui n'a pas pris une ride car, comme Apollinaire, dans une tout autre optique, il a su trouver dans l'expression de son temps la faculté insigne de renouer avec la poésie ancienne.




Camus et l'impossible trêve civile, Charles Poncet, édition établie par Yvette Langrand, Christian Phéline & Agnès Spiquel-Coudille, Gallimard, 334 p., 24 euro

Comme l'explique très bien les préfaciers de cet essai de Charles Poncet, ce dernier n'est pas parvenu à faire publier son livre de son vivant. Quand on le lit, on est surpris. En effet, ces pages ne sauraient nuire à la mémoire de l'auteur de l'Etranger. Au contraire. Mais c'est que la question de la guerre d'Algérie demeure très sensible, même si les Français, las de ce conflit sans fin, ont vivant par voter à une très large majorité l'indépendance de l'Algérie. C'est un peu comme l'affaire du gouvernement de Vichy. En dépit du discours énergique de Jacques Chirac, qui reconnaissait les crimes commis par l'Etat français entre 1940 et 1944 et les propos directs de François Hollande, la France n'a pas fini de régler ses comptes. Et les derniers développements de la politique intérieure de notre pays montre que bien des électeurs sont prêts à chanter à nouveau « Maréchal, nous voilà... » On ne le dit pas tout haut, mais les faits sont sans appel : un partie de la France est prête à jeter la République aux orties. Pour en revenir à Camus, étant Pied-Noir il a été très sensibilisé par les premiers « incidents »  survenus en 1954. En 1956, il lançait un « Appel pour une Trêve civile ». Plusieurs intellectuels ont, comme lui espéré, sans trop se faire d'illusion, à ce consensus. Poncet est plus conscient que Camus des réformes profondes à faire. On le voit dans les lettres qu'il adresse à l'écrivain. Quoi qu'il en soit, les propositions de Camus, qui étaient très ouvertes, avec l'entrée au Parlement de cent députés musulmans, n'allait pas jusqu'à l'os du problème.
Au fond, depuis la IIIe République, même si l'Algérie a été constituée de trois départements français et donc rattachée à la métropole, les autochtones sont demeurés des citoyens de seconde zone, n'ayant pas le droit de vote. De Gaulle leur donnera. Mais c'était trop tard, et l'irréparable avait été par commis dans les deux camps. Toutes les péripéties de cette tentative avortée sont dues au fait que le temps avait son oeuvre. Napoléon III avait eu des idées intéressantes pour l'Algérie qu'il n'avait pas eu le temps de concrétiser. La République issue de la défaite et du traumatisme de la Commune n'a pas su fait autre chose que de favoriser le plus bas colonialisme. Seule la loi Crémieux a permis aux Juifs de devenir français (ce qui sera désastreux pour eux lors de l'Indépendance en 1962). Les Chroniques algériennes de Camus qui sont souvent citées par l'auteur sont intéressantes et pleines de bonnes intentions. Mais trop loin de la réalité ! En fait, Camus n'a pas su créer une troisième voie réaliste dans un contexte compliqué, car les Américains et les Soviétiques soutenaient en sous-main le F.L.N., tout comme les nations arabes. La correspondance entre Charles Poncet et Amar Ouzegane (l'un des coauteurs de la Charte d'indépendance de l'Algérie en 1956) en 1976 est tout à fait intéressante, car ce dernier a vu dans l'initiative de Camus et de ses quelques compagnons quelque chose qui ne pouvait pas laisser de traces. A la fin, Camus n'est plus retourné en Algérie que voir sa mère malade et ne s'est plus occupé de son pays natal. Il n'a pas pu voir le départ des Pieds-Noirs et l'installation du F.L.N. au pouvoir.




Poésie en forme de rose, Pierre Paolo Pasolini, traduit de l'italien et préfacé par René de Ceccatty, Rivages poche, 492 p., 12 euro

Pasolini est devenu un mythe. Sa mort crapuleuse a contribué a forgé un mythe digne qui accompagne la figure d'Antonin Artaud. Ma sa littérature est-elle vraiment à la hauteur de ces palmes mythologiques ? Prenant dans cet imposant recueil « Les Beaux drapeaux », un long poème : Et nous y lisons : «  Et sur tout, le battement, / l'humble, paresseux battement /des drapeaux rouges. / Dieu ! Beaux drapeaux / des Années Quarante / Battant l'un contre l'autre, dans une foule de toile / pauvre, rougeoyante, d'un rouge vrai... » Cette vision nostalgique d'une manifestation communiste aurait pu avoir sa beauté (je songe en particuliers aux diverses versions de Drapeau rouge du grand peintre que fut Giulio Turcato), mais cela me paraît un peu être du Déroulède de gauche ! Et dans l'appendice de 1964, on n'est pas mieux servi : « Mais faisons la fête, prenons les bouteilles / du bon vin de la coopérative... » Nous sommes bien loin d'Aragon ou de Neruda ! Il nous offre heureusement plus d'agrément, quand il évoque son univers qui reflète bien l'univers intellectuel italien de l'après guerre : on y voit passer Carlo Levi, Elsa Morante, Alberto Moravia et même le chef socialiste Nenni ! Ou alors, il voyage, et met en forme un peu sauvage ses notes et impressions. Ce sont en fait des notes autobiographiques qu'il a rendues dans une forme très libre et animée. Cela ne nous procure toujours pas l'émotion de la poésie, mais la vision troublante d'un monde révolu. A l'époque c'était le sentiment d'écrire l'histoire. Beaucoup de ces textes donnent une apparence épique à une existence d'un auteur qui a tout tenté et qui a eu quelques belles réussites littéraires et cinématographiques et qui était de ceux qui voulaient changer le monde. Les écrits du début, comme « La Réalité » sans doute de 1961) possèdent une certaine beauté. Au fond, beaucoup pourrait être sauvé dans ces pages s'il n'y avait cette idée sotte de vouloir faire de la poésie à tout prix quand on est avant tout un prosateur. Il faut donc lire ce recueil, très bien traduit, comme le récit d'un homme en quête de sa véritable position dans le monde, pas essentiellement celui des lettres, mais dans celui des idées dans un contexte politique et social qui allait conduire à la dramatique décennie qui les suit. Il faut qu'on fasse sortir Pasolini de cet Olympe de l'héroïsme qui en fait un martyre. C'est un grand témoin de l'Italie d'après le fascisme, qui se cherche et ne se trouve jamais.
Gérard-Georges Lemaire
02-04-2015
 
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Verso n°136

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