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ID : 128
N°Verso : 84
L'artiste du mois : Isabel Aguera
Titre : La tragédie de la vie et de la mort
Auteur(s) : Isabel Aguera
Date : 13/05/2015



Isabel Aguera est en quête d’identité par le moyen de la peinture, qui est sa boussole. Son itinéraire est géographiquement passé par le Liban, par New York dont la démesure s’est incarnée dans son travail, par Berlin, où l’expressionnisme allemand l’a conduit à présenter une exposition consacrée à la figure du Diable. Son travail récent sur les Fantômes et les Vanités a été exposé à Beyrouth, où il a rencontré la sensibilité à vif d’un public confronté à l’image quotidienne de la mort. Aujourd’hui, elle envisage de quitter temporairement son atelier parisien pour aller en Espagne. Elle s’en explique dans le texte suivant, qui permettra de mieux comprendre les œuvres que Verso diffuse dans ce numéro.

J.-L. C.

La tragédie de la vie et de la mort
Isabel Aguera

Gines Dioniso Agüera et Francesca Rodriquez-Ejea se sont mariés en 1910 à Rouina en Algérie. Originaires de Carthagène pour l’un, et de Lubrin pour l’autre, mes grands parents avaient fui avec pères et mères la misère paysanne de l’Espagne pour les mines de fer de l’Oued de Rouina. Dix enfants, dix métiers, dix ans de précarité, puis le Maroc…

Cent cinq ans plus tard, je cherche à travers ma peinture à comprendre où je vais et pourquoi la référence à la mort et à la destinée s’inscrit de façon si récurrente dans mon travail.

Je voudrais rétablir la relation entre la forte symbolique de mon travail et ses origines Espagnoles. Cette quête de mes racines me permettra de rechercher dans la culture Espagnole ce lien singulier avec la mort présent dans ce que je peins.

Aussi loin que je remonte dans le souvenir de mon histoire familiale, la frontière entre le réel et l’imaginaire et ma relation avec mes origines restent fragiles et brouillées. Afin de garder visible cette étroite limite j’ai recours, dans mon travail, à un élément figuratif me permettant de garder une relation avec la réalité et qui, dans sa forme et son contenu, ouvre un vaste champ de possibilités d’écritures et de projections.

Le support central figuratif du travail en cours est dirigé vers la représentation de l’épouvantail. Enraciné, la tête dans les étoiles, il désigne un centre. Sa position de crucifié nous projette vers l’idée de la mort, ses haillons nous renvoient à la mémoire d’un élément de vie et nous rassemblent autour du questionnement sur l’identité. Mon travail s’élabore à partir d’une composition épurée qui n’est pas sans rappeler celle de la Croix, et me rapproche des Crucifiés d’Antonio Saura. Saura nous livre le témoignage du peintre, comme l’avait fait auparavant Goya, qui nous confronte et nous soumet à une lecture du monde violente et sans concession.

Dès lors, l’expression artistique et culturelle espagnole, directement liée à la destinée, à la tragédie de la vie et de la mort, s’inscrit comme une influence capitale dans l’expression de ma peinture.

Ma peinture se construit dans une constante prise de risques, à l’image de ma vie

 




Verso n°84
L'artiste du mois : Isabel Aguera
 
 
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