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ID : 124
N°Verso : 81
L'artiste du mois : Alcée di Bogi
Titre : Alcée au pays des merveilles
Auteur(s) : Par Walter Battaglia
Date : 15/02/2015



Notre ami le critique romain Walter Battaglia nous fait part avec enthousiasme de sa dernière découverte en la personne d’une jeune peintre de 25 ans, Alcée di Bogi, qui n’a encore jamais montré son travail en France.
C’est donc Verso qui présente aujourd’hui les toiles les plus récentes de cette jeune artiste, en espérant que le relais sera bientôt pris par les personnes et les institutions qui s’intéressent au pouvoir de révélation du monde exercé par la peinture.

Alcée au pays des merveilles
Par Walter Battaglia

La peinture d’Alcée di Bogi s’empare d’une multitude d’objets avec une incroyable liberté. Puisque l’artiste est une jeune femme, ce sont les objets liés au statut de la femme dans nos sociétés qu’elle privilégie, à partir d’un objet matriciel omniprésent : le sac à main. Elle pose ainsi, et résout à sa manière, un problème fondamental en histoire de l’art et en esthétique : celui de la relation de l’art aux objets signifiants. Il y a en effet ici le tableau, lui-même objet esthétique signifiant, d’une part ; et il y a, d’autre part, l’immense population d’objets participant à l’environnement de la femme moderne ou bien logés dans son sac (tel le bâton de rouge à lèvres), qui ont souvent eux aussi une ambition esthétique : celle de leur design. Tout se passe comme si Alcée di Bogi débarquait dans ce pays des merveilles spécifique qu’est l’univers féminin d’aujourd’hui en Occident, et qu’elle en entreprenait l’inventaire avec enthousiasme, mais sans candeur : d’autres mondes lui sont proches et peut-être menaçants. Il y a, ça et là, des explosions, des éruptions volcaniques ou des femmes voilées venant d’ailleurs qui sont plus que des signes.

Bien entendu, parce qu’elle est artiste, Alcée di Bogi produit des objets esthétiques qui ont une première singularité. En tant qu’ils représentent, ils sont susceptibles d’une vérité, mais ce n’est nullement une vérité comparable à celle d’un objet intellectuel. Il s’agit d’une vérité qui leur est intérieure et ne se vérifie pas dans le monde des objets réels, une vérité qui ne s’attache pas à ce qu’ils représentent, mais à la façon dont ils le représentent. Les tableaux d’Alcée ne sont pas vrais selon le monde, mais selon eux-mêmes, c’est-à-dire selon le style de la créatrice. Ce n’est pas par hasard si certains de ses sacs rendent hommage au style d’autres artistes contemporains : ici Jeff Koons, là JonOne. Le premier, selon ses propres mots, « glorifie » des objets divers, depuis les statues antiques jusqu’aux aspirateurs, le second a choisi une voie purement abstraite, et tous deux n’existent comme artistes qu’en fonction de leur style.

 

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