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[verso-hebdo]
30-05-2019
La chronique
de Pierre Corcos
Art in situ
La plage apparaît minuscule et vertigineuse dans une échancrure de feuillage. Par son gris beige, elle contraste avec la symphonie en vert majeur du jardin et de ses cônes, sphères, rouleaux de buis taillés, percés d'arbres et parfois de statues... Un labyrinthe de verdure nuancée où, dominant Étretat et sur une hectare et demi, l'art topiaire se déploie en majesté.
Site enchanteur de la côte d'Albâtre, les Jardins d'Étretat ne sont pas seulement un jardin « néo-futuriste », un laboratoire botanique riche de ses 150 000 plantes, mais encore un musée d'art contemporain à ciel ouvert. Depuis cette année, une exposition internationale de sculpture contemporaine y est organisée, puis se déroulera annuellement. La première édition débutait à la mi-mai, elle se poursuivra jusqu'au 1er novembre. L'événement artistique, intitulé Double Jeu, associe une exposition à un concours de sculpture contemporaine sur le thème, large cette première année, de « L'Homme et la nature ». 24 artistes d'une dizaine de nations ont été sélectionnés... Comment inscrire des formes, des volumes, dans un site qui déjà en regorge ? Comment se saisir du thème sans tomber dans l'illustration ? Comment répondre symboliquement à ce poème de verdure où, des cylindres, des spirales aux protubérances sphériques en passant par les vagues successives, ces jardins conçus par le designer paysagiste virtuose Alexandre Grivko articulent leur pensée plastique ? Enfin, comment répondre éventuellement aux oeuvres déjà installées, et dont certaines se sont arrogé une très forte présence ? Par exemple « Les gouttes de pluie » de l'espagnol Samuel Salcedo - en fait de gros visages sphériques exprimant chacun par une grimace une émotion - qui, par leur volume et leur gris sombre, répondent parfaitement aux boules verdoyantes de buis cannelées... Ou bien les toupies vermillon (couleur complémentaire du vert) du russe Sergueï Katran (« Tant que vivra le verbe »), qui pendent aux arbres comme d'étranges fruits géométriques, reprenant les rythmes et circularités du jardin.
Tous les défis précités sont inégalement relevés, on s'en doute. Rappelons que l'artiste ne travaille jamais sur rien, et qu'il n'existe pas de support neutre (« Sur le vide papier que la blancheur défend », écrit Mallarmé dans « Brise Marine »), et encore moins dans cet écrin d'émeraude, dans ce complexe berceau de verdure soigneusement taillée. Et le sculpteur qui s'est ingénié ici, et sans renier son style, à dialoguer avec le site à l'évidence mérite un bon suffrage. Double Jeu et double Je, donc... Ainsi, les Jardins d'Étretat subissent l'ondée souvent, et l'ukrainien Nazar Bilyk, avec « La Pluie » (un personnage longiligne bleu, la tête tournée vers le ciel et couvert d'un masque en verre qui n'est autre qu'une goutte énorme de pluie), a su jouer à la fois avec la texture des matériaux, répondre à la verticale des arbres et... à la météo incertaine d'Étretat. Pareillement, l'américaine Gianna Dispenza et son « The space between » (silhouette comme hérissée en arrière par la force du vent) dialogue avec les bourrasques malmenant ces jardins si exposés. On ne s'étonnera point de trouver un bouddha sphérique (« La Méditation » du français Dashi Namkadov) dans le jardin zen de ce vaste ensemble topiaire comprenant une dizaine de jardins à thème, du Jardin Avatar au Jardin Amont. Mais l'on sera plus intrigué par la création sans titre de la russe Daria Surovtseva, une étrange composition mi-végétale mi-animale qui ajoute une variété botanique et onirique aux 150 000 plantes du lieu. Le français Chris Bazireau avec « Migrations » installe des sortes de carapaces de tatou ou de ventres d'instrument à cordes, qui créent une translation réjouissante avec les coques de buis environnantes. D'autres exemples pourront être cités... Retenons simplement que, dans ce nouveau type d'architecture de jardins, conçu par Alexandre Grivko, beaucoup de sculptures de Double Jeu contribuent à nourrir le questionnement de l'art in situ.

Tout comme les statues dans un jardin paysager, les créations plastiques dans la rue (le street art) ne tiennent pas seulement compte, en principe, de leur support (le mur, le trottoir, etc.), mais aussi de leur environnement urbain. Organisé par l'association DAM ! et la galerie The Wall, en partenariat avec la Mairie de Paris, Festiwall 2019 s'est déroulé, en sa quatrième édition, les 18 et 19 mai sur le canal de l'Ourcq et le canal Saint-Denis, dans le 19ème arrondissement. Une vingtaine d'artistes réalisaient en direct des fresques sur un parcours d'environ deux kilomètres. La dureté grise du quartier semble appeler des rondeurs multicolores : comment alors ne pas apprécier la démarche ? Mais, soit que les artistes choisis n'aient pas suffisamment réfléchi à leur projet, soit que le street art lui-même s'épuise à la longue en figures convenues ou factices, à deux ou trois exceptions près, la surprise n'était pas au rendez-vous. D'une esthétique B.D. conventionnelle à des tags bonifiés par un surcroît de couleurs, on doit bien mesurer ici l'écart entre le groupe de tête des grands street artistes et le large peloton, derrière, qui s'échine à trouver des significations, des formes nouvelles dans sa pratique. C'est bien dommage, parce que l'art in situ reste une façon prometteuse d'échapper à la fois aux musées, à la logique événementielle et aux appropriations privées.
Pierre Corcos
corcos16@gmail.com
30-05-2019
 
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Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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