Les supports d'André, les surfaces de Pierre et les peintures d'Arnal
par Marie-Domitille Porcheron
Le Quesnoy, une petite ville fortifiée du département du Nord - région Nord-Pas-de-Calais, figure ses remparts et s’imprime - son nom est en Didot, noir faiblement luisant- ainsi qu’Amfroipret, Audignies, Hargnies, Bermeries, Ecuelin, Saint-Hilaire-sur Helpe, Etrœungt, Floyon, La Haie Equiverlesse, Saint-Rémi-mal-bâti, Fourmies, Audencourt, Bertries, Reumont, etc (les noms tout aussi rauquement sonores des autres communes sont moins aisés à déchiffrer) sur une Carte pliable de 2010 d’André-Pierre Arnal [1] (fig. 1).
La carte est en effet pliable aisément : en trois volets dans le sens de sa hauteur et quatre dans le sens de sa largeur. Son papier d’un beige chaud est marouflé sur une toile très fine de couleur mastic. Elle mesure cinq cents vingt cinq sur quatre cents quarante cinq millimètres : ses dimensions originelles. Son dessin au 40.000e est dû à E. Smekens. Ce nom apparaît en bas, à droite. On voit, tout en bas, sur la gauche, que la Dernière révision sur le terrain a été réalisée En 1907 pour la feuille au 40 000e n° 51. Sur son revers trois minces bandes de papier beige placées sur le volet droit portent les inscriptions suivantes : en capitales grisées « FEUILLE XVIII, ROISIN » ; ROISIN cependant est en noir. Juste en dessous, la seconde bande de papier indique Échelle en temps (vitesse 80m à la minute/4000 à l’heure). L’échelle est imprimée sur douze centimètres avec les annotations d’usage : 0, 5’, 10’, 20’, 30’, 40’, 1h, 2h, 3h. La troisième bande est située plus bas et l’échelle - cette fois-ci kilométrique au 1/ 100 000 - va de zéro à dix kilomètres. Elle est recouverte de la signature « André-Pierre Arnal » et de la date « 2010 », à la mine de plomb. Également à la mine de plomb, en grands caractères, hâtivement placés sur les bords, un H et un B indiquent comment orienter la peinture et non plus la carte pour la voir.
Cette carte est une Taride. En 1895 la société Taride, aidée du personnel consulaire de l'Union Vélocipédique de France (U.V.F.), fondée elle en 1881, et des agents voyers, ingénieurs et conducteurs des ponts et chaussées, édite ses premières cartes en noir et blanc échelle 1/250000. Elle siège aux numéros 18/ 20 du boulevard Saint-Denis à Paris puis 154 boulevard Saint-Germain toujours à Paris. Ses cartes produites jusque dans les années 1970-1975 se déclinent sous deux formes : la « normale » en papier, dans une petite pochette et la « toilée » sans pochette, très résistante, donc à privilégier pour le transport. Cette dernière a été découpée en petits rectangles avant le collage sur la toile ce qui amène une discontinuité de la carte mais évite, au pliage, l’usure des caractères et des voies qui la parcourent. L’année même de sa fondation l’U.V.F. décidait la création d’un championnat de France cycliste sur dix kilomètres. La carte porte donc en hommage, au verso, l’échelle décimale et la vitesse cycliste de l’époque.
[1] Carte pliable, 2010, 44,5x52,5 cm, collection particulière.
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Christophe Cartier
