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ID : 138
N°Verso : 93
L'artiste du mois : chantalpetit
Titre : La sculpture de peintures selon chantalpetit
Auteur(s) : par Jean-Luc Chalumeau
Date : 04/05/2016



Url : www.chantalpetit.com
Le film de chantalpetit La fabrique des météores est visible jusqu’au 5 juin à la Maison Rouge, fondation Antoine de Galbert, dans l’exposition Ceramix, de Rodin à Schütte.

La sculpture de peintures selon chantalpetit
par Jean-Luc Chalumeau

Parmi les artistes contemporains, il en est qui prennent en quelque sorte à bras-le-corps le moment historique dans lequel ils se trouvent et nous invitent à renouveler notre conception de l’art. chantalpetit est au premier rang de ceux-là. La mort de l’art annoncée jadis par Hegel, consécutive pour lui à l’avènement d’un savoir absolu, a peut-être effectivement signifié la naissance à venir d’un art authentique qui n’aurait plus à dire autre chose que lui-même. Nous y sommes. Le regard, libéré par la multitude des révolutions esthétiques du XXe siècle, est capable désormais de rendre aux œuvres du passé l’hommage que leurs contemporains n’avaient généralement pas su leur accorder, et de les convertir en objets esthétiques : chantalpetit a commencé pour son compte hier avec son impressionnante suite du Festin des Dieux. Elle continue avec ses Sculptures de peinture aujourd’hui.

 

« En peignant, écrit-elle, j’ai souvent la sensation de sculpter la couleur dans la masse… Je fais de la sculpture en prenant le tableau lui-même comme matériau. J’appelle ça de la sculpture de peintures… » Cette artiste est intéressante parce qu’elle est l’héritière consciente d’une époque qui a découvert les primitifs, la musique atonale, a traversé le surréalisme et dépassé l’abstraction. Elle se filme, par exemple, en train de sculpter la terre crue sans repères visuels, car elle travaille à l’aveugle et seul le son guide ses mains alors qu’elle dispose d’un grand savoir technique et d’une ample culture artistique. Elle joue, en tant qu’artiste, le jeu suggéré par l’Histoire, de même que Baudelaire, en tant que critique, savait exalter Delacroix et Daumier sans être dupe du raphaélisme à la mode de son temps. Sa démarche évoque ainsi celle de Willem De Kooning qui lui aussi aimait peindre en se masquant les yeux ou sculpter la glaise en enfouissant ses mains dans deux ou trois paires de gants, de manière à se tenir à l’extrême limite séparant la forme de l’informe, sans cependant jamais la franchir. L’un et l’autre se libèrent de toute influence par ce moyen.

 

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Verso n°93
 
 
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