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[verso-hebdo]
13-10-2022
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
Michel Onfray historien de l'art est de retour
J'ai rendu compte ici il y a quelques mois du 116e livre de Michel Onfray, Les raisons de l'art, en lui reprochant de n'avoir que partiellement compris la stratégie de Duchamp à propos ce qu'il appelle « la pissotière ». Le voici qui récidive avec ce que je suppose être son 117e opus, Les anartistes, et tout de suite je tique un peu. Il nous explique en effet page 162 que « Marcel Duchamp invente le concept d'anartiste, un mot-valise qui célèbre les épousailles entre l'anarchie et l'artiste », mais il ne dit pas un mot du pamphlet d'Hélène Parmelin paru en 1979, L'art et les anartistes. Parmelin, la femme d'Edouard Pignon et l'amie intime de Picasso, s'en prenait notamment à Yves Klein. Onfray aussi : alors ? Yves Klein se présentait comme l'inventeur du monochrome (le fameux YKB). Or le premier monochrome de l'histoire était noir, présenté au deuxième salon des Incohérents, le 1er octobre 1882, par Paul Bilhaud sous le titre «  Combat de nègres dans une cave pendant la nuit. » Le second était blanc, il était proposé à l'exposition de 1883 par Alphonse Allais sous la forme d'un bristol blanc intitulé « Première communion de jeunes filles chlorotiques par un temps de neige. » Allais récidiva l'année suivante avec un monochrome rouge : « Récolte de la tomate par des cardinaux apoplectiques au bord de la Mer rouge (effet d'aurore boréale). »

Grâce à un chercheur, Johann Naldi, Michel Onfray a pu découvrir 19 « oeuvres » des Incohérents, un groupe fondé par Jules Lévy en 1882 dans son appartement. Ces artistes étaient des joyeux drilles aux inventions extravagantes, ils ont inventé non seulement les premiers monochromes, mais aussi le premier ready-made, les premières performances etc. Sans eux, pas de dadaïsme, pas de Duchamp, pas de Breton, pas de surréalisme, pas d'art contemporain. Ils étaient anarchistes, proches de Proudhon. Onfray note page 75 que « c'est la grande tradition d'une anarchie française, la mienne (c'est moi qui souligne), écrasée par le rouleau compresseur marxiste, bolchevique et invisibilisée par le brouillard social-démocrate socialiste. » Or l'Art incohérent « a été pillé par les pseudos-avant-gardes du XXe siècle. C'est l'histoire conduisant à ce brigandage que je propose ici... » Les incohérents ont livré bataille au monde des peintres académiques « qui ont leurs salons, leurs jurys, leurs prix, leurs médailles, leurs diplômes, leurs vedettes, leurs mécènes, leurs acheteurs, leurs commandes privées autant que d'Etat, leurs décorations remises par des officiels, leurs journalistes complices - rien n'a changé. »

Là est le cheval de bataille de Michel Onfray car « rien n'a changé non plus dans la critique qui accompagne la médiocrité des époques. Historiquement, les incohérents ont eu un véritable succès : vingt mille personnes ont visité leur exposition de 1883. L'année précédente, Manet, Wagner, Pissarro et Renoir étaient passés voir. Dix ans plus tard Jules Lévy sabordait le mouvement qui entrait dans l'oubli. Il est notamment totalement absent dans les 6000 pages de l'histoire de l'art en quatre volumes de La Pléiade. Même chose dans tous les principaux ouvrages d'histoire de l'art, d'Elie Faure à Malraux... Personne ne dit aujourd'hui que Tzara, Marinetti, Breton, Malévitch, Yves Klein, Isidore Isou ont tous pillé les incohérents, sans le dire bien entendu. Cela exaspère Michel Onfray qui à plusieurs reprises dénonce ce que les incohérents abhorraient et qui subsiste aujourdhui : le monde de la bourgeoisie, « les mondains, les pique assiettes (...), les snobs, les artistes ratés, les opportunistes, les décorés de la Légion d'honneur (...), les critiques d'art... » Lorsqu'il quitte sa Normandie pour un rendez-vous à Paris, il refuse absolument de mettre les pieds au Flore ou aux Deux-Magots. Il préfère l'humble Rouquet un peu plus loin boulevard Saint Germain...
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
13-10-2022
 
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Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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