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[verso-hebdo]
01-06-2023
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

L'Art des Etats-Unis, 1750-2000, John Davis & Michael Leja, Hazan, 544 p., 45 euro.

Pour la plupart d'entre nous, l'art américain commence à exister entre les deux guerres et devient primordial après la fin du dernier conflit mondial. En réalité, de très bons artistes se sont affirmés pendant tout le XIXe siècle et même dans la dernière partie du XVIIe siècle.Garçon avec un écureuil volant réalisé en 1765.Aucun maître de premier plan e s'est imposé, mais d'excellents peintres ont marqué cette période, je songe surtout à l'école de l'Hudson. Thomas Cole a joué un rôle dans le développement de l'art du paysage et il n'a pas seul à contribuer à cette évolution qui mérite d'être connu. Le grand intérêt de cet ouvrage est d'être une véritable encyclopédie de l'art d'outre-Atlantique : il contient en effet la biographie de bon nombre d'artistes, des documents écrits les concernant et aussi la création d'institution permettant de conserver leurs oeuvres et les faire connaître du public. La précision des sources, la richesse des explications apportées sont remarquables.
On découvre non seulement des noms qui ne nous sont pas familiers, mais aussi les grandes thématiques abordées par ces figures inconnues de nous. D'Albert Pinkham Ryder à Edwaed Steichen, tout un univers nous est révélé avec toute sa diversité et toute sa richesse. Le début du XXe siècle nous montre que les jeunes artistes de cette époque ont commencé par observer ce qui se passe en Europe. Alfred Stieglitz, le grand photographe et le marchand de tableau, a joué dans cette optique un rôle essentiel Des figures marquantes font leur apparition, comme Georgia O'Keeefe ou Joan Sloan, ou encore Joseph Stella montrent que désormais un art spécifiquement américain, mais aussi en mesure d'être confronté aux grands créateurs européens commencent à émerger. Ce volume est absolument indispensable pour étudier et comprendre ce que ce jeune pays a été en mesure de faire avec talent (et je n'oublie ceux qui ont travaillé en France ou en Angleterre, comme Whistler ou Mary Cassatt).
C'est là sans aucun doute possible le meilleur traité qui ait jamais paru en France sur la question. Et même en ce qui concerne les périodes les plus récentes et qui nous sont plus familières, nous apprenons énormément de choses sur le déroulement des événements qui ont permis aux Américains de devenir incontournables. En somme, si vous vous intéressés à la peinture et à la sculpture occidentale, vous ne pouvez pas vous passer de ce livre qui est une mine fabuleuse d'information en même temps qu'une grande et passionnante histoire très détaillé de l'art américain depuis la fin de la colonisation anglaise.Il faut donc saluer le travail admirable des auteurs et leur apport à la vision qu'on peut avoir de la création aux Etats-Unis.




L'Invitée, Emma Cline, traduit de l'anglais par Jean Esch, Quai Voltaire, 260 p., 22 euro.

L'auteur est originaire de Californie. Elle a déjà publié plusieurs romans dont une bonne partie a déjà été traduite en français. Elle semble incarner à merveille une nouvelle tendance de la production romanesque actuelle. En effet, si la construction de ses oeuvres semble assez conformiste, l'écriture est délibérément relâchée, avec des expressions vernaculaires fréquentes et un style assez peu classique. En somme, c'est une sorte de synthèse entre l'ancien et le moderne (ou tout du moins ce que l'on considère comme tel). L'histoire est celle d'une jeune femme prénommée Alex, qui se retrouve dans une situation singulière. Elle n'a plus vraiment de domicile et sa vie se déroule comme une sorte de dérive permanent. Son voyage n'est pas une sorte de périple intérieur de nature spirituelle, mais un abandon complet au hasard qui semble gouverner son existence. Elle n'est pas repartie à New York (son compagnon lui avait offert le billet), mais était restée à Long Island sans projet précis.
Dès lors, elle se laisse porter par les rencontres et par le hasard qui la conduit d'une historiette à l'autre. Il n'y a pas dans ce livre un véritable-récit ou une intrigue digne de nom. D'une certaine façon, ce serait une façon de rejouer On the road, mais sans qu'une sorte de philosophie de l'aléatoire pur et une conception de l'amitié et de l'amour soit à son fondement. Emma Cline a préféré se poster comme un voyeur muni d'une caméra qui suit sa création à la trace sans jamais interférer dans ses aventures, qui ne sont que des brides de relation plus ou moins sur le mode de l'échec ou de la déception. Notre héroïne va jusqu'au bout de ses divagations qui ne l'amènent nulle part. Cette histoire qui n'a pas de sens précis ni même de justification, nous fait découvrir ce qui se passe de nos jours où toutes les valeurs essentielles ont été mises à bas. Alex incarne cette jeunesse qui n'a pas la moindre boussole pour la diriger. Elle est ballotée par les vagues imprévisibles d'un destin dont elle ignore tout. Elle ne recherche rien, de façon consciente. Elle tâtonne dans la nuit du temps qui lui est consacré sur Terre. Je dois avouer qu'elle ne laisse pas indifférent. Dommage que l'auteur n'ait pas choisi un autre point de vue stylistique pour rendre ce roman plus séduisant et plus prenant.




Par delà la sagesse, Comment vivre ?, Jean-Luc Giribone, Seuil, 160 p., 19, 50 euro.

Jean-Luc Giribone a choisi de suivre un cheminement original et limpide pour expliquer ce que peut être une expérience spirituelle. Avant toute chose, il a tenu à souligner que la sagesse est une notion qui embrasse une multitude de religions ou de quête d'une réforme intérieure radicale. Mais toutes ces similitudes qui apparaissent ne sont las les clefs de cette recherche qui peut prendre des formes très différentes. Elles ne sont pas une évidence, mais plutôt un nombre important de démarches différentes. La sagesse n'est donc pas un concept qui pourrait s'adapter à toutes les manifestations de caractère religieux. Ce qui fait tout l'intérêt de l'interprétation de ce mot par l'auteur est qu'il peut et doit être lu à la fois par les textes anciens religieux ou mystique, mais aussi en s'appuyant sur des théories avancées plus récemment par des auteurs comme Sigmund Freud. Ainsi, nous sommes conduits à aborder la question en ayant à portée de main des instruments qui nous permettent d'élargir considérablement la perception que nous pouvons en avoir. En sorte que son ouvrage se propose d'abord comme un discours des méthodes qui ne repose pas sur ce qui est déjà acquis, par exemple avec le zen ou le bouddhisme tantrique (dit du Grand Véhicule).
Son propos consiste à comprendre de quelle manière la sagesse peut être envisagée selon des cas très divers. Il explique très bien comment l'être peut s'engager dans une voie en choisissant un cadre particulier de spéculation. Nous voici donc confrontés à une série de modalités qui ont des points communs, certes, mais qui sont très variées. En fin de compte, par-delà les confrontations avec les sciences moderne utilisé par les thérapeutes (la psychanalyse par exemple) et en n'oubliant jamais les grands noms de la philosophie d'autrefois, Giribone nous fournit une sorte de vadémécum non des genres de sagesse déjà éprouvés, mais plus exactement un atlas de ce que pourrait être la sagesse quelle que soit la direction prise par l'individu désireux de quitter sa coquille pour adopter un costume nouveau qui serait celui de son âme, de sa conscience, de sa pensée.
Tout repose ici sur un changement radical de perspective mentale et cela a pour but de se débarrasser des conventions établies. De la sorte, il s'écarte de tout ce qui est stipulé en général dans ce registre. C'est une étude des plus originales qui est faite pour ouvrir l'espace de la quête spirituelle en la faisant renaître dans des termes nouveaux, sans abolir le passé en la matière. Il nous force à nous pencher sur ce qui incite d'aucuns d'entre nous à quitter un monde pour en trouver un autre, peut-être plus difficile à vivre, mais bien plus passionnant.




La Bibliothèque perdue, le rêve de César, Patrick Burensteinas, Robert Laffont, 402 p., 23 euro.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, je dois vous avertir que la fameuse bibliothèque d'Alexandrie n'a jamais existé comme on l'imagine. A l'époque, quand l'Egypte est passée sous domination grecque, la ville avait son musée dans lequel était logée la bibliothèque. Ce mythe est issu du fait que la ville d'Alexandrie était devenue un centre culturel de premier plan dans l'univers méditerranéen, ayant un très grand nombre d'éditeurs.
Je vous renvois à l'essai de Luciano Canfora sur la question. Il est aussi possible que les conflits entre païens et chrétiens aient provoqué la destruction de nombreux ouvrages. Tout ce qu'on a pu dire par ailleurs n'est que pure littérature et Jorge Luis Borges s'est servi de cette histoire pour écrire une de ses plus fascinantes nouvelles. Il convient par conséquent de considérer ce livre comme une fiction où l'auteur prend toute liberté pour narrer son roman. Il a choisi pour datez de départ l'an 47 avant notre ère, quand Jules César arrive à Alexandrie. A l'époque régnait Ptolémée XIII (le frère de Cléopâtre). Il s'est mois en tête de faire transporter tout le contenu de la gigantesque bibliothèque de l'autre côté de la Méditerranée, à Arles. C'est une énorme entreprise qui requiert une solide équipe de savant et de techniciens. Un an plus tard, les premiers navires arrivent à Arles. Quand César, retourne à Alexandrie, il doit combattre les forces du pharaon et parvient à les vaincre - Ptolémée serait mort noyé au cours de cette bataille. C'est alors que Cléopâtre, sa soeur aînée et son épouse, qui monte sur le trône. Un an plus tard, les ouvrages commencent à arriver en Gaule et César a désiré faire construire un temple imposant à la culture. Le nouveau bâtiment construit à cet effet est une merveille. Plus tard, et endroit semble avoir disparu à jamais.
Parallèlement, entre Lyon et Paris, on suit les menées d'un groupe de jeunes gens passionnés d'archéologie qui assistent leur aîné Silvio. Ils finissent par découvrir l'entrée de cet endroit qu'on croyait disparu à tout jamais.
Ce roman a été écrit un peu dans l'esprit du XIXe siècle, avec une infinité de détails et des développements souvent longs. Il se lit cependant avec plaisir et amusement, bien qu'il ne soit pas très crédible sur le plan historique. Le mythe de la bibliothèque d'Alexandrie a pris avec Patrick Burensteinas une nouvelle orientation qui est loin d'être absurde, bien qu'assez peu réaliste. Il est clair qu'un beau jour on construira un édifice pour y enfermer tous les ouvrages consacrés à cette bibliothèque qui ne cesse de faire rêver !




L'Espion qui est en moi, Sam Shepard, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Bernard Cohen, « Pavillons », Robert Laffont, 166 p., 7 euro.

Sam Shepard (1943-2017) a été un dramaturge prolixe : il a écrit cinquante-huit pièces. Il a connu un réel succès en France au théâtre. Mais il a été aussi acteur de cinéma, metteur en scène et écrivain. Il a écrit en un délai record un livre avec Patti Smith (qui s'est révélée ensuite un écrivain de grande valeur), Dog Mouth, qui a été représenté à New York en 1971 Il a eu le temps de terminer avant sa mort un petit livre, Spy of the First Person. Ce n'est pas un roman, ni une autobiographie (bien qu'il semble y avoir intégré de nombreuses indications personnelles, qui serait plutôt une sorte de monologue intérieur.
Mille réminiscences se conjuguent avec des observations sur le monde qui l'entoure. On ne sait d'ailleurs pas si c'est le narrateur qui parle de lui ou s'il parle d'une autre personne. Je pencherai pour la première option. C'est un texte qui ne suit pas une trame logique, mais qui n'est pas incohérent pour autant. Des rêves se mêlent aux notations réalistes et aux souvenirs innombrables. C'est écrit avec vivacité et beaucoup d'esprit On est pris par ce voyage dans l'esprit d'une personne qui nous révèle ses pensées et ses observations sans développer une trame précise. C'est un ouvrage très saisissant, d'une force réelle et qui met en évidence le talent de Sam Shepard. Le lecteur est littéralement emporté par ces notations diverses, qui nous entraîne dans des lieux du présent et du passé et des temporalités diverses. Son style est jubilatoire et ne peut que nous séduire.




Une fille quelconque, Arthur Miller, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par André Zavriew, « Pavillons poche », Robert Laffont, 104 p., 7, 50 euro.

Quand j'ai parlé il y a peu des rééditions des ouvrages d'Artur Miller, j'ai oublié de vous dire deux mots d'un court récit écrit en 1938 et intitulé Une fille quelconque (Homely Girl). C'est une des rares fois où il parle de la question juive. Son héroïne, Janice, n'est pas belle. En plus, en se persuade d'avoir des traits sémites. L'action se déroule peu avant la guerre et son mari communiste est déjà parti en Europe combattre le fascisme. Au coin des rues, les Allemands vantaient les mérites d'Hitler. Ce doute ne fait que souligner la tristesse de l'existence de cette femme qui a eu jusque là une existence morne. C'est une des rares fois où Miller évoque ses origines juives (il est venu de Pologne avec ses parents). Ce petit texte est bien tourné et, curieux et vraiment intéressant.
Gérard-Georges Lemaire
01-06-2023
 
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Verso n°136

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