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[verso-hebdo]
11-01-2024
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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L'esthétique du désastre selon Michèle Katz |
J'ai relevé avec intérêt le retour des artistes de la Nouvelle figuration, nés dans les années 30, à l'initiative de Jean-Claude Gandur (au Mémorial de Caen) et de Laurent Strouk (dans sa galerie de l'avenue Matignon) ces expositions faisaient suite à celle présentée à New York par la Richard Taittinger Gallery. Un seul regret : les artistes femmes étaient absentes alors qu'elles avaient été nombreuses et actives au Salon de la Jeune Peinture des années 60-70, à l'atelier populaire des Beaux-Arts en mai 68 et en de multiples autres occasions. Une des plus remarquables a été Michèle Katz, toujours active aujourd'hui, toujours militante politique et féministe dont j'ai plusieurs fois salué la démarche originale que commencent à reconnaître les institutions (le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris vient d'acquérir plusieurs de ses oeuvres).
Michèle Katz n'oublie jamais qu'elle est peintre. Elle n'oublie jamais non plus qu'elle appartient à une génération contemporaine de « la plus inimaginable disparition historique. » (la Shoah). L'esthétique affirme premièrement qu'une oeuvre doit être vraie par rapport à elle-même. Il est nécessaire que la rigueur du sensible soit le signe d'une autre rigueur : il y a une deuxième vérité de l'objet esthétique, non plus par rapport à lui-même, mais par rapport à l'artiste. Il s'agit là d'une oeuvre répondant à une absolue nécessité chez celle qui l'a créée. Michèle Katz s'est littéralement faite en faisant l'ensemble de son oeuvre parce qu'elle n'a jamais cessé de s'engager corps et âme dans son faire. Chez Katz, il ne saurait y avoir deux vérités distinctes, une de l'oeuvre et une d'elle-même. C'est cela que j'appelle son style.
L'objet esthétique répond à une troisième vérité : cet objet est vrai par rapport au réel, dont nous savons que pour Michèle Katz il est à la fois présent et absent puisque, hantée par le thème de la disparition, c'est aux traces métaphoriques d'un désastre qu'elle s'attache. Michèle Katz a pu démentir Adorno parce qu'elle n'est en aucun cas « réaliste », le réalisme n'ayant jamais été synonyme de vérité. Dans l'espace créé par Michèle Katz, instinctivement je me recueille, non parce que l'auteure est une femme, mais parce que sa création est en elle-même une sorte de soukkah. Lieu de rencontre privilégié de la tradition juive que l'artiste a réinventé et adapté à son propos. Tout l'art de Michèle Katz me semble là : forger une oeuvre qui assume la fonction originelle de la vérité, qui est de précéder le réel pour l'éclairer, jamais pour le répéter.
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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