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[verso-hebdo]
29-02-2024
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Balzac, Daumier et les parisiens |
Daumier fut un artiste de génie méconnu, mort dans la misère en 1879 reclus dans la petite maison qui lui avait été donnée par Corot. Balzac était mort près de trente ans plus tôt, mais il avait eu le temps d'apprécier le jeune caricaturiste de La Silhouette ou du Charivari, au point d'en dire : « ce gaillard a du Michel-Ange dans la peau ». La phrase n'est pas reprise par le commissaire, Yves Gagneux (directeur de la Maison de Balzac), mais elle pourrait l'être. L'écrivain et l'artiste avaient de profondes affinités. Leur manière de décrire les moindres détails de la vie des petits bourgeois parisiens, leurs travers et leurs ridicules, nous plonge dans la vérité cruelle du XIXe siècle de la monarchie de Juillet. Vous avez jusqu'au 31 mars 2024 pour voir cette exceptionnelle exposition Daumier. Le commissaire a accompagné chaque pièce d'une citation bien choisie de l'auteur de la Comédie humaine.
C'est Baudelaire qui le premier a souligné les affinités entre les dessins et les peintures de Daumier et la comédie humaine parisienne selon Balzac. Bien après la disparition du romancier, le poète, dans ses Curiosités esthétiques (1868) écrit : « Feuilletez son oeuvre, et vous verrez défiler devant vos yeux, dans sa réalité fantastique et saisissante, tout ce qu'une grande ville contient de vivantes monstruosités. Tout ce qu'elle renferme de trésors effrayants, grotesques, sinistres et bouffons. Daumier le connaît. » Regardez en effet la lithographie parue dans Le Charivari du 3 mars 1836 sous le titre « Les plaisirs de l'hiver : le verglas » C'est en effet grotesque, sinistre et bouffon. Balzac n'a pas pu la manquer. Même chose pour Le Charivari du 8 décembre 1838. Dans les « Emotions parisiennes » : l'observation d'un médiocre restaurant à bon marché par Daumier fait irrésistiblement penser à la pension Vauquer vue par Balzac...
Dans son compte rendu du Salon de 1845, Baudelaire n'hésitait pas à placer Daumier entre Ingres et Delacroix. Au-delà de la force des caricatures politiques ou sociales, Daumier s'est de plus en plus affirmé comme un très grand peintre. Par exemple, la Scène de rue : un charlatan au tambour (aquarelle et pierre noire, 1865, British Museum) traduit parfaitement les immenses qualités picturales que l'exposition actuelle laisse seulement deviner. Le trait cursif engendre les volumes (il possède le sens de la composition par masses en raison de son expérience de sculpteur) pour traduire une scène observée dans la vie. Classique par l'ordonnance de sa mise en page, il est également baroque par son goût des contrastes lumineux. On s'explique qu'il ait été admiré par Delacroix et Millet.
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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