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hotel de beaute
ID : 110
N°Verso : 72
L'artiste du mois : Edi Dominique Dubien
Titre : Edi Dominique Dubien,
le peintre de sa propre vie
Auteur(s) : par Jean-Luc Chalumeau
Date : 15/01/2014



Edi Dominique Dubien,
le peintre de sa propre vie
par Jean-Luc Chalumeau

Il n’est pas indifférent que Edi Dominique Dubien, qui affirme avec force être « dans chacune de mes œuvres » ait repris La Chambre à Arles (la troisième version, celle qui se trouve au musée d’Orsay) dont on sait qu’elle constitue peut-être un autoportrait « en creux » de Van Gogh. Le peintre solitaire se serait allégorisé dans une pauvre chaise, dramatiquement présente dans cet extraordinaire jeu de couleurs complémentaires. Or Dubien a traité La Chambre en noir et blanc, seul le lit conservant sa célèbre tonalité jaune, et a ajouté à droite une robe sobrement dessinée en quasi transparence, partiellement bleue. On ne peut pas ne pas rapprocher ce tableau de 2012 d’un autre, réalisé l’année précédente sous le titre Cendrillon. Or on ne voit pas la malheureuse créature de Perrault, mais un Pinocchio à l’air triste menacé par une pluie de chaises, revêtu de la même robe bleue. Nous ne doutons pas qu’il s’agisse ici d’un subtil autoportrait par celui qui a écrit : « Ni les coups, ni la culpabilité que se traîne chaque enfant maltraité ne m’a empêché de créer et de faire ma transition, peut-être plus difficilement que d’autres. »

Edi Dominique Dubien n’a évidemment pas la prétention de se comparer à Van Gogh, mais tout se passe, dans l’ensemble de sa peinture où dominent les autoportraits, comme s’il avait compris que lui aussi pratique une écriture picturale de l’extrême, mettant au bord du vide le tracé des rapports du sujet à son absolu, à cette Chose inaccessible dont il arrache quelques signes. Dubien peint sa vie, non exempte de terribles souffrances comme celle de Van Gogh, il la peint non pas pour raconter mais pour se manifester, pour littéralement s’écrire comme sujet, et s’écrivant, apprendre à s’effacer et faire face à l’œuvre venant se placer entre lui et la Chose qu’il poursuit. Dans Baiser doux, son autoportrait de profil approche ses lèvres d’un crâne mortuaire : que ce tableau apparemment morbide ne nous conduise surtout pas à confondre l’effort pictural de Dubien avec on ne sait quelle expérience masochiste.

 

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