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La bibliothèque de l'amateur d'art
par Gérard-Georges Lemaire


Les Mille et une nuits, Elodie Bouffard & Anne- Alexandra Joyard, « Découvertes », Gallimard/IMA, s. p., 8,40 €.

Comme tous les grands livres fondateurs de la littérature universelle, les Mille et une nuits sont une compilation de nombreux textes antérieurs. L’exposition qui a été présentée à l’IMA a été le prétexte de la publication de ce petit album qui se révèle très précieux. Si l’histoire de ce livre est complexe à ses origines, sa traduction en français est toute une aventure ! Antoine Galland a été le premier à en donner une version dans notre langue. Si elle demeure la meilleure à mes yeux, elle est lacunaire et aussi très subjective. Au XXe siècle, le docteur Joseph-Charles Mardrus en donne une interprétation plus proche de la vérité, mais paradoxalement moins poétique et séduisante. Les traductions récents, établies selon des critères philologiques (je pense à celle de la Pléiade), deviennent illisibles car la seule transcription des noms est imprononçable pour quelqu’un qui n’est pas initié. Ces récits ont eu le don de débrider l’imagination de nombreux artistes de Lecomte-de- Nouÿ à Van Dongen. Cet ouvrage est une excellente introduction à ce chef-d’œuvre et nous permet de comprendre les raisons de son succès en France depuis sa première parution au XVIIIe siècle.

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Lettres choisies 1920-1976, André Malraux, édition établie et annotée par François de Saint-Chéron, préface de Jean-Yves Tadié, Gallimard, 396 p., 27 €.

Je dois avouer que j’ai été et que je reste déconcerté par cette édition de ces quelques deux cents lettres de Malraux. Les auteurs de ce choix couvrent plus d’un demi-siècle de correspondance de l’illustre écrivain, sans que le lecteur puisse savoir vraiment ce qui a été leur logique. De grands nombres apparaissent à un certain moment et puis disparaissent à tout jamais. Et l’on ignore ce que tous ces personnages ont pu écrire à l’auteur de l’Espoir. Telles quelles, la majorité de ces lettres sont d’un intérêt secondaire, pour ne pas dire vides de sens. En fait ce livre ne vaut que pour un fragment qui se trouve au début et qui concerne les échanges entre Max Jacob et le futur ministre de Charles De Gaulle en 1920. Ces lettres ont été retrouvées à la bibliothèque Jacques Doucet et sont surprenantes, car Malraux ne pose pas et l’auteur du Cornet de dés est enjoué. Si tout le livre avait pu être de cette teneur ! Bien sûr, chacun y trouvera son miel, car on voit les liens que Malraux tente de tisser entre différentes figures de la culture européenne. Sa relation avec Roger Martin du Gard prend ici un certain relief, mais le reste semble les prémisses encore floues d’une anthologie encore à construire ! On apprend qu’il a écrit plusieurs fois à Fautrier avec lequel « il se rince l’œil », à Etiemble, à Oscar Niemeyer, et à une foule de chefs d’Etat quand il détenait un portefeuille... Mais que découvre de Malraux ici ? Qu’il pouvait être un épistolier assez médiocre en de nombreuses circonstances – il ne devenait passionnant que dans de très rares occasions. Louis Guilloux, Marcel Arland, Louis de Vilmorin, André Gide, Ramon Fernandez, Arthur Koestler, José Bergamin et cent autres figures de la littérature du XXe siècle sont présentes à l’appel. Mais quel pourrait être le lien entre eux dans ce volume ? Nul ne le sait.

 

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