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[verso-hebdo]
11-11-2021
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

La Peinture et le cri, de Botticelli à Francis Bacon, Jérôme Thélot, « Essais sur l'art », L'Atelier contemporain, 184 p., 25 euro.

Je ne suis pas vraiment convaincu qu'un thème puisé dans l'énorme réservoir iconographique de l'histoire de la peinture occidentale puisse être, sauf cas exceptionnel, un sujet d'étude pertinent. Certes, le cri n'est pas si courant dans un mode d'expression dépourvu de la parole ou même du chant et de la musique. Quel rapport peut-on trouver entre Hercule et Antée et L'Histoire de Nastagio degli Onesti de Sandro Botticelli ? Bien sûr, on y voit des personnages qui, manifestement, semblent pousser un cri. Mais l'analogie s'arrête là. L'effroi, le désespoir, une douleur intense, un deuil accablant sont quelque unes des raisons de pousser un cri. Le Jugement de Salomon de Nicolas Poussin en et un exemple frappant. Et l'auteur a parfois l'impulsion de sauter à des conclusions un peu hâtives quand il décrète que Le Massacre des Innocents du même Poussin est le premier tableau moderne !
En fait ce thème commence sa véritable aventure dans la représentation picturale qu'avec Le Cri d'Edvard Munch, car il ne s'agit pas de la traduction de ce qu'éprouve le héros d'un tableau, mais de son sujet proprement dit avec tout ce qu'il comporte d'angoissant et de terrible. Là se situe le tournant décisif de cette affaire. Si je suis réservé sur la problématique de cet ouvrage, je peux reconnaître la valeur de chaque chapitre isolément. Ce que l'auteur nous délivre à propos de Nicolas Poussin (pour ne faire état que de ce seul exemple) et vraiment pertinent. En sorte que si l'on prend ce volume comme une collection d'essais, il se révèle intéressant et plein d'enseignements.
Le dernier chapitre, « La Religion de Bacon » est tout à fait passionnant pour avoir une vision nouvelle de l'oeuvre de ce peintre si intriguant. Dommage que l'auteur n'ait pas écrit sur Pablo Picasso (je ne songe pas seulement à Guernica). Mais dans l'ensemble, on se retrouve si l'on ne considère pas exclusivement le fil d'Ariane du cri.




Art de Dông Sòn, Asie du Sud-Est, dans le collections Barbier-Mueller, sous la direction de Laurence Mattet & Anne-Joëlle Nardin, Editions in fine / musée Barbier-Mueller, Genève, 144 p., 35 euro.

Cet art si peu prisé jusqu'à présent tire on nom d'un village de la province Thanh Hòa, dans le nord de l'actuel Viêtnam. Il voit le jour entre le IIIe siècle avant notre ère et s'épanouit jusqu'au IVe siècle de notre ère avant de disparaître. L'influence de la Chine voisine est évidente, mais ne retire rien à on originalité.
Une exposition présentée au célèbre musée Barbier-Mueller jusqu'au 28 février de l'année prochaine permet au visiteur de découvrir un art assez peu connu. Et cela malgré que son influence se soit répandue dans une grande partie de cette vaste région. La plupart de ces objets, des vases aux bijoux en passant par des poignards, ont été fait en bronze. C'est de tout évidence un art de transition car on note encore une touche de primitivisme dans leur facture et déjà un grand raffinement dans le traitement des formes et des figures. Ce qui peut intriguer le plus est que cet art ait pu avoir une aussi grande longévité. Il est vrai que les objets choisis pour cet événement sont en général les plus anciens.
Certains d'entre eux sont particulièrement raffinés et fascinants, comme ces plaques carrées réalisées entre le IIIe et le IIe siècle avant notre ère. Encore plus surprenantes, ces boucles de ceinture à fermeture horizontale datant de la même période. C'est dans le domaine de bijoux qu'on remarque les innovations les plus spectaculaires, comme on peut le voir avec e bracelet avec des têtes de bovidés, qui est plus récent (Ier siècle) et provient plutôt de la Thaïlande ou du Cambodge actuel. En revanche, les armes ne présentent pas des variations très notables.
A noter aussi la qualité des tambours et de leurs ornements, ou les gongs et autres instruments. Des vases ou de urnes sont enfin tout à fait remarquables. Pour moi, cela a été une belle découverte. J'ai été assez déconcerté par ce mélange de rigueur formelle et de fantaisie fréquente dans l'ornementation. Ce catalogue apporte au curieux un grand nombre de clefs pour connaître cet univers qu'on n'a jamais eu beaucoup l'occasion de découvrir.




Antoine Schneck, Pierre Wat, Editions in fine, 292 p., 59 euro.

L'essai de Pierre Wat est un tant soit peu déroutant. On ne sait rien de origine d'Antoine Schneck, sinon qu'il a fréquenté les Tsiganes dans ses jeune années et qu'il a suivi un bon nombre d'années l'enseignement d'un rabbin nommé Gilles Bernheim. Nous ignorons ce que ces expériences ont pu lui apporter. Sa pensée prend toujours l'aspect d'une conversation : il doit sans cesse convoquer un autre. Autre chose : il aurait désappris le techniques qu'il connaissait le mieux, en particulier celle de la photographie (ce qui ne semble pas patent quand on regarde ce superbe ouvrage). Ce qui est sûr, c'est qu'il a adopté le principe du fond noir pour ses oeuvres photographiques.
Il est vrai que l'usage du portrait sur panneau peint à la fin du Moyen Age nécessitait invariablement un fond noir. Au fond, il renouvelle avec des moyens très moderne un principes désormais ancien et oublié. Ainsi voit-on s'accumuler un grand nombre de portraits réalisés selon ce principe. Mais il y a aussi de machines aux formes étranges, des robots, de uniformes, des tatouages, des armures, de objets rituels, une grande bibliothèque qui sont enregistrés selon la même méthode, alors qu'il a tenu à éliminer le reflet de la lumière dans les yeux de ses sujets. Il faut donc admettre qu'il y a chez lui quelque chose de l'esprit d'un peintre d'un genre très singulier, mais néanmoins respectueux de la tradition, bien qu'il ait recours aux technologies les plus avancées.
Il convient d'ajouter que l'artiste est passionné par l'Afrique, dont il rapporte des images merveilleuses (surtout des figures de femmes). Schneck, semblerait-il, aimerait s'effacer. Mais que fait-il de plus ou de moins qu'Ingres quand il exécute ses portraits ? De toute évidence, il y ajoute un surcroît d'âme grâce à sa virtuosité et aussi à l'intelligence de son oeil. Ce grand voyageur devant l'éternel a rapporté de ses innombrables périples des images qui s'organisent selon des thèmes de prédilection. Le dossier qui accompagne le texte critique ne nous apprend pas beaucoup de choses sur sa méthode et c'est regrettable. Mais on peut fort bien s'en passer car sa démarche est assez simple à comprendre. Ce qui compte avant tout chez lui, c'est la perfection technique qui rend parfaitement l'idée de la perfection de sa vision quand il capture une oeuvre, un objet ou un être humain. Il a un don indéniable pour restituer la beauté de tout ce qu'il observe, surtout la singularité d'un visage. Ses photographies parlent parfaitement d'elles-mêmes.




A. R. Penck, sous la direction de Simone Soldini, Ulf Jensen & Batbara Pallenghi Malacrida, Museo d'Arte, Mendrisio, 320 p., 38 euro.

De son vrai nom Ralf Winkler, A. R. Penk (1939-2017) et sans doute l'un des représentants majeurs et des plus appréciés de l'art allemand de l'après-guerre. L'influence de l'expressionnisme est évidente, mais il n'a pas souhaité en extrapolé le style et les thèmes, mais plutôt préféré prendre appui sur son esthétique pour aller bien ailleurs. Né à Dresde, élevé par sa mère, enseignante, il commence à peindre dès l'âge de dix ans. Il lit des ouvrages scientifiques et philosophiques. Il a son propre atelier à Dresde en 1964. Il crée avec Makolies une peinture murale pour une salle de concert. Il se prend de passion pour le jazz. Il a sa première exposition personnelle chez Michael Werner à Cologne en 1965 et adopte alors le pseudonyme de A R Penk. Il réalise un grand nombre de livres d'artistes (les premiers sont publiés en 1970. Il fonde à Dresde le groupe Lücke-TPT qui réalise des oeuvres collectives qui ont pour principe de base ce que Penk appelle sa doctrine dite Standart. Il tourne un film nommé Standart Modelle. Il expose à Bâle et à Krefeld au début des années 1970 ainsi qu'à la Documenta 5 de Kassel.
Il cesse de travailler sur se modèles Standart à la fin de 1972. Il réalise une série de peintures en utilisant différents pseudonymes. Il s'intéresse au free jazz et fait imprimer des disques. Il a le projet d'exposer avec Jörg Immendorf. Il songe de plus en plus à quitter la DDR (ce qu'il fait en 1980). Il réalise à la fin des années 1970 des estampes et s'essaye à la sculpture sur bois. Il se lance en 1978 dans une série de plagiats de ses contemporains.
Il s'installe à Kerpen, près de Cologne. Il fait en 1981 dans cette dernière ville sa première rétrospective. Il se lie alors d'amitié avec Lüpertz et avec Kirkeby. Il rencontre Josef Beuys. Il commence sa série d'oeuvres intitulée Chameleon. Il a une exposition personnelle à Londres en 1982. Il se rend à New York, découvre les gaffitistes et rencontre Keith Haring et Jean-Michel Basquiat. Il participe à la Biennale de Venise en 1984. Il a une importante rétrospective à la Neuenationalgalerie de Berlin Ouest. Il devient professeur à la Kunstakademie de Düsseldorf (chaire de gravure). Après la chute du mur de Berlin, on lui propose de nombreuses expositions de nombreuses commandes de par le monde et une grande exposition à l'Albertina de Dresde en 1992. Entre 2007 et 2008, circule une importante rétrospective de la Schirn-Kunsthalle de Francfort au Centre Pompidou à Paris. La Städtliche Galerie de Dresde expose ses premiers travaux. Il meurt à Zurich en 2017.
Cette vie artistique si pleine et qui se déroule dan un contexte historique qui et celui de deux Allemagnes de l'après guerre est aussi l'expression du renouveau hasardeux d'un pays détruit par le nazisme et ses conséquences. Quand on voit les oeuvres des années 1960, souvent sans le moindre titre, on comprend que Penk a procédé à une remise à plat de l'art qui passe par une dérision de son langage figuratif. Il n'est pas loin de l'Art brut. Et il en arrive aussi à la création d'un langage plastique qui ressemble à une écriture primitive. Ses Standarts sont l'association de ignés de cette écriture réduit à des formes simplistes et l'apparition d'une forme humaine schématisée, grotesque et un peu enfantine dans on dessin. Il va ensuite décliner toutes sortes de variations avec ces éléments. Cela n'abolit pas pour autant la force expressive de ses tableaux, en dépit de leur rudesse et leur maladresse apparente.
Petit à petit, ses composition en font un peu plus élaborées et donc un peu plus complexes. De vraies lettres apparaissent et elles servent à Et puis il y a la sculpture, qui enrichit son champ spéculatif. Il utilise des matériaux de récupération, d'une banalité absolue, comme par exemple des boîtes en carton. C'est au cours des années 1970 qu'il exécute des tableaux bien plus élaborés et donc « savants », mai il intègre toujours quelque chose des Standarts : il a manifestement tendance à reconstruire un univers pictural plus élaboré (comme le prouve se grande compositions de la fin des années 1990, mais il ne peux au gré de ce processus s'empêcher de le corrompre visuellement Il s'oriente sans cesse plus vers un monde moins caricatural, mais il tient à conserver l'esprit négatif qui le possède depuis le début. Ce catalogue résume, comme le fait l'excellente exposition de Mendrisio, le cheminement de cet esprit iconoclaste et dévastateur, qui ne parvient toutefois pas à dissimuler un désir de reconstruire la peinture après avoir nettoyé les écuries d'Augias de l'histoire germanique. Il a réactivé les velléités négatives du dadaïsme et a esquissé une voie en pointillé vers une autre frontière de l'art de la peinture.




RE PRENANT OU [...] Pour obtenir quelques calligraphies Noir, Julien Blaine,

Dans ce grand portfolio, Julien Blaine, l'infatigable déconstructeur de la poésie et des arts plastiques, l'enfant gâté et illégitime de Dada qui a renversé le trône du Père Ubu et a instauré l'anarchie la plus hirsute dans l'univers des illusions esthétiques s'est imaginé en descendant peu respectueux des grands calligraphes de la Chine ancienne. Bien peu respectueux en effet, car il associe leur science sans défaut aux logogrammes de Christian Dotremont ou encore aux signes tracés à l'encre de Henri Michaux. Et il s'est ensuite interrogé sur les fruits des mouvements de son pinceau. La question saussurienne du mot écrit et du sens de ce mot.
Il propose alors une grande liste de points cruciaux allant des couleurs aux quatre éléments terrestres, pour ensuite proposer des définitions - en réalité, plutôt des actions spécifiques - depuis la valse jusqu'à la salive, en passant par le châtaignier et le noir, sans oublier le poulpe. Il expérimente ce que peut apporter le mélange d'encre noire et de l'urine (avec un temps de séchage très long, dont nous pouvons observer les effets sur des planches éloquentes.
D'autres planches suivent encore et offrent au regard de signes supposés signifier le Rouge ou la Libellule, l'Olivier ou l'Amandier, le Figuier et quelques autres encore. L'eau est matérialisée par son calligramme, tout comme la Valse. Et le Vert à sa configuration en noir. Chaque exemplaire contient une oeuvre originale. Dans celui-ci, c'est le Noir qui a été retenu et placé entre les plats du portfolio en carton gris clair. Chez Julien Blaine, l'humour le plus féroce et le plus déluré cohabite avec une méditation pour le moins dévoyée sur le sens de l'écriture. Dévoyée ne veut pas dire dépourvue de sens, bien au contraire. C'est une manière de poser la question de l'écriture quand elle aspire à une dimension poétique ou si elle se change en un élément purement graphique ou pictural. La dérision est sans nul doute un outil fantastique et très efficace pour reformuler la vérité des arts. Julien Blaine y excelle.




Un arrière-goût de rat, Jean-Claude Hauc, Tinbad, 176 p., 18 euro.

Ce roman relate l'histoire d'un professeur qui s'est retrouvé à la retraite depuis peu de temps. Même si l'échéance lui était connue depuis longtemps, cela a été pour lui un changement profond qui l'a plongé dans une certaine mélancolie et qui l'a contraint aussi à méditer sur son passé. Il a entrepris ce périple dans le temps jadis non sans amertume. Mais ce n'est pas l'univers académique qu'il regrette le plus (en fait, il ne l'a jamais apprécié), mais plutôt les aventures avec certaine de ses charmantes étudiantes. Car notre héros est avant tout un libertin, dans tous les sens du terme. Cependant, par définition, l'esprit libertin ne s'attache pas à ses conquêtes.
C'est un perpétuel recommencement, avec mille variations qui sont le sel de ces périodes d'exaltation sensuelle. En sorte qu'il rédige ce qui pourrait passer pour l'ébauche de ses mémoires. Un livre ancien lui révèle la vérité de son être qui serait celle d'un criminel. L'absence de frontières morales lui aide à franchir le pas et il commet plusieurs meurtres qui resteront impunis. D'un côté, il brosse le portrait de toutes ses jeunes maîtresses et dépeint sans la moindre honte ses ébats avec ces jeunes filles plutôt délurées, de l'autre, il se transforme à la manière du docteur Jekyll et de Mr Hyde, sortant dans la nuit profonde pour choisir une victime dont il ignore tout et la trucider. Peut-être croit-il accomplir une mission indispensable à la salubrité publique de la ville. Ce mélange d'absolutisme juridique et de violence innommable ne peut qu'engendrer une contradiction dans les pensées de ce personnage qui se dédouble et qui ne peut parvenir à se réconcilier avec lui-même - d'où cet arrière-goût singulier de rat, qui tient aux ambiguïtés de cette figure si curieuse, qui évolue entre un érotisme bien mesuré et une impulsion meurtrière sans retenue (ce sont là les deux pôles de la philosophie libertine si elle est poussée jusqu'à ses termes ultimes).
Ce nouveau roman de Jean-Claude Hauc rappelle ses précédents ouvrages de fiction (mêmes thèmes, même atmosphère), mais avec quelque chose de plus radical et de plus intense, et aussi avec une pointe de mélancolie qui s'infiltre dans une conviction qui ne consent rien qui soit sentimental. Jusqu'à présent, Jean-Claude Hauc est plus connu pour se recherches sur Giacomo Casanova et sur les figures de son époque, comme le marquis de Sade ou Ange Goudar ou encore Andréa de Nurciat, tous hommes de lettres peu recommandables du Siècle des Lumières selon la bonne morale chrétienne. Il et temps maintenant de découvrir l'auteur qu'il est avec talent.
Gérard-Georges Lemaire
11-11-2021
 
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Verso n°136

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édité aux éditions du manuscrit.com