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[verso-hebdo]
09-11-2017
La chronique
de Pierre Corcos
Europe et photographies
La photographie peut-elle apporter sa contribution au débat sur l'Union européenne ? Sans prendre parti, et rien qu'en donnant à voir différentes facettes d'une Europe, vécue de façon pour le moins ambivalente par les nations qui la composent, les photographies d'Henri Cartier-Bresson, Otto Snoek et Nico Bick, dans le cadre de l'intéressante exposition L'Europe autrement ! (jusqu'au 17 décembre à l'Atelier Néerlandais, Fondation Custodia) enrichissent visuellement nos représentations sur l'Europe, que les idéologies contractent en stéréotypes ou clichés. Comme le dit un texte de présentation, les photographes « nous invitent à sortir de discussions souvent anxiogènes sur l'avenir européen et à mieux regarder avant de juger ».

Les critiques sur l'Union européenne, telle que ses différents traités l'ont construite, on les connaît bien : trop libérale, technocratique, libre-échangiste, soumise aux lobbies, pas assez proche des citoyens, incapable d'une vraie unité politique au niveau international, elle est accusée aussi de favoriser le démantèlement des services publics, de la protection sociale, voire de l'industrie. En réduisant la souveraineté nationale, elle a favorisé réactivement les partis nationalistes et, indirectement, les régionalismes prétendant à leur 'autonomie...
En même temps, à visiter les autres continents, qui ne ressentirait pas combien, par comparaison, l'Europe, en dépit (ou à cause) de la diversité de ses cultures, par la convergence de ses valeurs, voire de ses mythes, mérite une destinée commune ? La célèbre série de photos, Les Européens, datant de 1955 et réalisée par Henri Cartier-Bresson, nous enchante dans cette exposition à plus d'un titre. Ces grands classiques en noir et blanc, devenus icônes par leur perfection formelle et leur puissance symbolique, nous rappellent la vieille Europe et ses traditions vivaces, la « guerre froide » et le Mur de Berlin, un continent bouleversé par des guerres fréquentes entre nations. Et donc cette large perspective historique (des années noires de l'après-guerre aux débuts des « Trente glorieuses ») et géographique (photographies de Grèce, Portugal, Autriche, Espagne, Irlande, Roumanie, etc.) peut aviver un sentiment tonique d'appartenance culturelle à l'entité européenne. D'autant plus que des textes instructifs, écrits sur des cartels rouges, enrichissent de connaissances sociologiques et historiques ces photographies, déjà très parlantes pour qui s'attarde sur leurs détails. Oui, d'un bout à l'autre de l'Europe, on peut se sentir chez soi, pense-t-on en regardant avec sympathie les photos du génial promeneur au Leica... Une certaine nostalgie vient cependant troubler cette identification à la singularité attachante des nations européennes : depuis un demi-siècle n'assiste-t-on pas à une standardisation « made in America » des modes de vie européens ?
Otto Snoek, quant à lui, nous sort de l'Histoire pour nous plonger dans l'Europe actuelle, en se focalisant sur toutes sortes de rassemblements nationaux, photographiés de ville en ville (commentaires de Frits Gierstberg). Ces photos aux couleurs vives et d'assez grand format, présentées sous forme de posters empilés (le visiteur est invité à en choisir un et à l'emporter s'il le souhaite), reposent sur des claies en bois au sol. Elles contrastent vivement avec les petites photos de Cartier-Bresson, en noir et blanc et accrochées au mur. Plus d'un demi-siècle est passé... Si l'Union européenne est efficiente désormais, les mouvements nationalistes font aussi florès ! Drapeaux, bannières, foulards, uniformes, insignes et... visages fermés : des commémorations qui prennent un sens politique (« veillée de l'Yser » par exemple) à la ruée de supporters d'un football très... « patriotique », en passant par maints rassemblements nationalistes tendus, l'exposition Nation d'Otto Snoek témoigne d'une problématique identitaire croissante, que la globalisation de l'économie, l'abstraction technocratique européenne, le flux migratoire ont stimulée réactivement. Photographe pour le quotidien De Volkskrant et le mensuel Vrij Nederland, le hollandais Otto Snoek rend aussi compte de la vie dans l'espace public urbain. Les foules photographiées frontalement offrent ici un échantillon varié et fascinant de visages qui parle, à sa façon, des peuples européens. Les petites nations comme l'Estonie, la Moldavie, la Lettonie, etc. ont aussi leur place, tout comme les entités régionales. La photo Diada Nacional de Catalunya reste d'une brûlante actualité ! Enfin, Snoek prend le prétexte de toutes les célébrations festives européennes pour exalter un multicolore rutilant, dont il est amoureux à l'évidence.
Le photographe Nico Bick a mené un certain nombre de projets systématiques sur l'espace semi-public. Son mode de travail se caractériserait par une approche typologique, et des prises de vue suffisamment uniformes et précises pour qu'on puisse opérer maintes comparaisons. Il a photographié ici les parlements des 28 nations formant l'Union européenne, quand les salles de réunion sont désertes... Veut-il « inviter les spectateurs à participer plus activement au processus démocratique » en remplissant par l'esprit tous ces sièges vides ? Ces grandes photos en couleurs, en triptyques ou quatriptyques, accompagnées de précisions sur les fonctionnements de ces diverses démocraties européennes, semblent aussi une défense et valorisation d'institutions vénérables dans un monde menacé d'anomie.
Pierre Corcos
09-11-2017
 
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Verso n°136

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