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[verso-hebdo]
05-10-2023
La chronique
de Pierre Corcos
Photographes et résistants
Julia Pirotte - Photographe et résistante (exposition jusqu'au 16 novembre au Mémorial de la Shoah) nous montre d'émouvants tirages originaux, en noir et blanc, de cette photojournaliste juive et résistante, dont les Rencontres d'Arles surent, en 1980, montrer à la fois le talent et le courage. Julia Djament (1907-2000), née en Pologne dans une famille juive pauvre fut, dès 17 ans, arrêtée pour son engagement dans la jeunesse communiste. Arrivée plus tard en Belgique, elle épousa l'ouvrier et syndicaliste Jean Pirotte, rencontra la future résistante Suzanne Spaak grâce à qui elle entreprit des études de photographie et commença une vaillante carrière de photojournaliste. C'est l'exode en 1940 à cause de l'avancée des nazis... À Marseille où elle s'est fixée, elle photographie avec acuité les pénibles conditions de vie des habitants du Vieux-Port, puis les enfants juifs du camp de Bompard, les maquis de la Résistance, où elle entre comme agent de liaison, transportant armes et tracts. Ce furent ensuite les photographies de Marseille se libérant, puis de la Pologne d'après-guerre où l'antisémitisme est resté vivace (Julia Pirotte est la seule photographe à prendre des images du pogrom de Kielce en 1946), du Congrès mondial des intellectuels pour la paix de Wroclaw. L'exposition nous montre ainsi des photographies de Pablo Picasso, Dominique Desanti dont le visage semble littéralement sculpté par l'ombre. L'humanisme inspirant ses photos (cf. par exemple « Enfant de la guerre »), l'engagement qu'elles manifestent sont approfondis par son témoignage direct, grâce ici au documentaire de J.P. Krief, dont on peut voir d'intéressants extraits. On découvre aussi des journaux, des documents, des objets de l'époque... C'est, dans cette exposition, toute une tragique période qui se segmente en photographies mouvementées. En ces temps où l'appareil Leica était devenu une arme de résistance et de combat.

Photographes et résistants, ils le sont pour la plupart les photojournalistes sélectionnés dans l'excellent festival Visa pour l'image qui s'est achevé le 17 septembre à Perpignan. En effet il s'agit pour eux, en prenant le temps précieux du reportage immersif et des photos dont le relief, l'expressivité se gravent dans nos mémoires, de résister à cette production photographique lisse, formatée, superficielle émaillant beaucoup de magazines. Résister aussi aux fausses images générées par l'intelligence artificielle et qui envahissent les réseaux sociaux, et cela en courant le risque, mortel parfois, de se confronter à l'âpre réalité. Résister enfin à l'uniformisation plus ou moins idéologisée de l'information, en choisissant des sujets originaux, dont la singularité éclaire la réalité contemporaine sous un jour qui ravive notre réflexion... Combien d'entre nous, par exemple, savent que la production du charbon de bois en Afrique est en passe de devenir la principale cause de déforestation et que son commerce illicite aide à financer les groupes armés, alors qu'aujourd'hui deux milliards et demi de personnes dans le monde dépendent, pour cuisiner, du charbon de bois ? Par ses voyages multiples et des photographies impressionnantes, Pascal Maitre (Agence Myop) nous confronte à ce problème majeur dont on n'entrevoit pas la solution. Et Sandra Mehl, dans son photoreportage sur les premiers réfugiés climatiques des États-Unis (l'Isle de Jean Charles en Louisiane a perdu 98% de sa surface !), nous rappelle, et de façon tout à fait surprenante, l'ampleur du réchauffement climatique. Résistantes, toutes ces Iraniennes le sont bien entendu qui, bravant une répression inouïe, la montrent crûment en photos et vidéos, que le quotidien Le Monde a vérifiées et sélectionnées, alors qu'aucun photojournalisme n'est plus possible dans la dictature des mollahs. Et quel grand média nous parle du Darién ? Pourtant, cette région hostile séparant les deux Amériques reste le chemin de la dernière chance pour de très nombreux migrants (vénézuéliens, haïtiens, péruviens, etc., mais aussi... Afghans fuyant les talibans) qui, dans d'épouvantables conditions, avec enfants et vieillards, tentent de rejoindre les États-Unis. Federico Rios Escobar a fait le chemin avec eux et documenté leur calvaire. Sur cette question brûlante des émigrés, il ne suffit pas de rappeler le chiffre abstrait des 20 000 morts déjà en Méditerranée, il faut avec Michael Bunel (Le Pictorium) montrer en photos l'assistance admirable, héroïque des différentes ONG... On connaît bien sûr le gravissime problème de l'eau dans le monde, mais concrètement qu'est-ce que cela signifie pour les innombrables humains concernés ? Ian Berry (Agence Magnum), voyageant le long de plusieurs grands fleuves, enquête en images percutantes sur les problèmes d'irrigation, de sécheresse, de pollution, etc., tandis que Giles Clarke nous montre la catastrophe humanitaire majeure (famine, mort du bétail, déplacements massifs de population) qu'a produite une sécheresse historique en Somalie. Quant aux photos de Tyler Hicks (« Bakhmout, une ville en guerre »), de Mads Nissen (« La guerre perdue contre la cocaïne »), de Darcy Padilla sur les SDF en Californie (« California Dreamin' »), d'Ebrahim Noroozi sur l'Afghanistan (« Le pays le plus triste au monde »), pour ne citer que celles-là, elles résistent au flot d'images convenues qui berce notre indifférence. Bref des images fortes et des photographes résistants.
Pierre Corcos
corcos16@gmail.com
05-10-2023
 
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Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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