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[Visuel-News]
02-10-2025
La chronique de Pierre Corcos Au ciel... La chronique de Gérard-Georges Lemaire Chronique d'un bibliomane mélancolique
La chronique de Gérard-Georges Lemaire |
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Chronique d'un bibliomane mélancolique |
 Louis Stettner, Virginie Chardin, Photo Poche, Actes Sud, 144 p., 14,50 euro.
Il y a quelques années, les éditions Actes Sud ont créé à Paris une belle collection dédiée à la photographie depuis ses origines appelée Photo Poche. Elle nous fait redécouvrir les grands noms qui ont marqué son histoire, mais aussi les jeunes talents, mais aussi les grandes tendances ou les spécificités nationales. Aujourd'hui, il y a plus de cent quatre-vingts titres.
Parmi les publications récentes, je prendrai comme exemple le volume sur Louis Stettner (1922-2016). Il est né à New York, dans le quartier de Brooklyn, dans une famille juive d'Europe centrale. Un proche lui a donné un appareil photo dont il ne s'est jamais séparé. Après ses études, il s'est efforcé de saisir la dure réalité, sans mise en scène, mais avec le souci de saisir un paradoxe, entre la banalité du sujet et une certaine étrangeté. Pendant la guerre, il met son talent de photographe au service de l'armée. Après la guerre, il poursuit son exploration singulière des rues de New York et privilégie le métro. En 1947, il part pour la France. S'il est profondément réaliste, il a souvent veillé à donner un twist singulier à ses clichés d'une profonde étrangeté, mais sans excès. Il ne cherche pas à transformer la réalité de ses clichés, mais parfois à leur donner une tournure singulière. Son réalisme est le plus souvent une recherche de ce qui se cache dans les scènes les plus banales de notre expérience.
 Letizia Battaglioa, Walter Guadagnini, Photo Poche, Actes Sud, 144 p., 14,50 euro.
Letizia Battaglia (1935-2022) a voulu témoigner de la vie de sa ville natale, Palerme, et de ses tragédies endémiques causées par l'omniprésence de la mafia. Sa vocation est venue tard, lorsqu'on lui a donné un appareil photo. Elle s'est passionnée pour les ressources que cet outil lui a apportées. Il choisit de se concentrer sur la vie sociale de sa ville natale et, en particulier, sur les activités criminelles. Même si elle est allée vivre dans le nord de l'Italie, elle n'a cessé d'y retourner pour documenter par l'image le drame quotidien qui ne cesse de l'affliger. L'assassinat du juge Falcone le convainc de cesser son activité. Il n'a jamais cessé de vouloir témoigner de cette tragédie qui se livre quotidiennement et qui a été à l'origine d'une mythologie sanglante. Elle s'est souvent comportée comme une journaliste. Elle a certes collaboré avec des journaux locaux, mais elle s'est bâti une grande réputation en tant que témoin de la guerre permanente entre clans et d'un système judiciaire longtemps impuissant. Il a tenté de mettre en lumière la violence qui cesse d'ensanglanter la ville. Il a mis toute son énergie à montrer cette vérité qui est insupportable et permanente.
Cela lui a valu un prix et une reconnaissance qui dépassent les frontières de l'Italie. L'assassinat du juge Falcone, puis celui du juge Borsellino, l'ont conduit à cesser son activité de témoin courageux d'une situation qui a sans doute été moins importante ces dernières années, mais qui n'a pas résolu le problème endémique qui afflige le monde sicilien. Ses photographies ne recherchent pas le sensationnalisme, mais elles ne masquent jamais la réalité brutale de la violence inhérente aux activités criminelles de la mafia. Cette collection offre un aperçu très dur et impitoyable de cette réalité mortelle des activités criminelles qui la tourmentent. C'est un document précieux pour comprendre ce qui est en jeu sur ce territoire qui n'a pas été en mesure de voir une fin définitive à cette situation. Une exposition de son travail est présentée à Arles jusqu'au 5 octobre.
 Photographie moderniste brésilienne, Héloïse Costa & Marcella Legrand Marer, Photo Poche, Actes Sud, 216 p., 19,50 euro.
On connaît peu de choses sur l'art moderne brésilien, et il en va de même pour la photographie qui s'y est développée. Un riche volume de la collection Photo Poche lui fait découvrir sa meilleure expression. On ne peut qu'être impressionné par sa diversité et sa richesse. Le photojournalisme qui s'y est développé est remarquable. Du simple enregistrement de ses paysages et de ses habitants à ses activités agricoles et industrielles, mais aussi à ses fêtes et à sa vie quotidienne dans les villes et les campagnes, les meilleurs de ces observateurs de sa réalité contrastée nous offrent les moyens d'en découvrir les aspects les plus révélateurs.
De nombreux photographes se sont donné pour mission de documenter la vie des Brésiliens sans elle. D'autres ont adopté une approche plus formaliste, mettant en valeur des bâtiments ou des paysages d'un point de vue esthétique, mais qui n'en sont pas moins un moyen de révéler leur vérité le moins pittoresque, au travail comme à leurs heures perdues. Une minorité d'entre eux a finalement eu une vision complètement plastique, composant de véritables tableaux à partir des structures de bâtiments industriels ou urbains. Cette anthologie est évidemment assez petite, compte tenu de l'immensité de cet immense pays qui présente d'innombrables et impressionnants contrastes. Quoi qu'il en soit, ce volume nous introduit intelligemment à la photographie moderniste apparue au début du siècle dernier jusqu'à nos jours.
 M. C. Escher, tra Arte e Scienza, sous la direction de C. Bartocci, P. Branca, C. Salsi, avec la participation de S. Balbiani, 24Ore Cultura, 254 p., 34 euro.
Mauritis Cornelis Escher (né à Leeuwarden en 1898 - mort à Laren en 1972) est le fils d'un ingénieur hydraulique. Il apprend très jeune la technique de la xylographie. Mais il est peu doué pour les matières scolaires et il échoue à l'examen. Il parvient néanmoins à entrer à l'université de Delft pour étudier l'architecture. Il réalise sa première oeuvre en linographie en 1916 : le portrait de son père. Ses études sont catastrophiques et il doit s'inscrire à l'Ecole d'Architecture et des Arts décoratifs de Haarlem. Il suit surtout les cours d'art graphique. Il souhaite alors devenir graphiste et d'illustrateur. Il crée plusieurs gravures sur bois de petite dimension. Il collabore avec une xylographie au livre de son ami Aad van Stock, Bellezza de Fior de pascua. Il séjourne à Ravello en 1923.
Sa première exposition personnelle a lieu à la fin du mois de juin. Sa première exposition personnelle aux Pays-Bas a lieu l'année suivante dans la galerie De Zonnebloem à La Haye. Il s'installe à Rome en 1925. Il commence à graver la série de gravures sur bois des Jours de la création. Ila une exposition personnelle à Rome en 1926. Sa, réputation ne cesse de croître. Il voyage régulièrement à partir de 1927 en Méditerranée. Il possède enfin son atelier à Rome. Il réalise Tour de Babel l'année suivante. Il s'essaie à la lithographie sans succès. Un article de Godefridus J. Hoogewerff loue ses qualités de graveur en 1931. En 1932, il participe à une expédition archéologique sur le Gargano.
En 1932, il illustre l'ouvrage de Hoogewerff (sous le pseudonyme de A. E. Drijhout. Il illustre en 1933 un livre de Jan Walch. Il exécute une série de gravures en 1934 sur le thème de Rome nocturne. Il reçoit un premier prix à l'International Exhibition of Contemporary Prints à Chicago. Il expose à l'Institut Historique Hollandais de Rome. En 1935, il quitte l'Italie et va s'installer avec sa famille à Château-d'Oex en Suisse. Il conçoit sa première Métamorphose. C'est le moment où il abandonne la représentation réaliste pour la géométrie imaginaire. Il déménage à Uccle, près de Bruxelles. Puis à Baarn en 1941, où il va vivre plus de trente ans. En 1939, le gouvernement néerlandais lui commande une série d'oeuvres sur Delft. On lui demande aussi de faire des ex-libris, des timbres, des affiches, etc.
Pendant, la guerre, il crée peu d'oeuvres, mais imagine néanmoins la série des Reptiles. Mais il poursuit en 1945 les pièces dérivées de Métamorphoses. La fin de la guerre lui redonne le goût du travail et de l'invention. Il conçoit en 1947 Autre monde, et, un an après, Mains qui dessinent. La Fondation VAEVO imprime une sélection de ses oeuvres à quatre cents exemplaires pour les écoles hollandaises. En 1951, des revues importantes comme Time, Life et The Studio font son éloge. Il exécute Relativité en 1953. Une grande rétrospective lui est consacrée au Stelijk Museum d'Amsterdam en 1954. Il expose à la Whyte Gallery de Whashington d'octobre à novembre. Il développe de plus en plus des relations avec des mathématiciens. Il crée Monter et descendre, Cascade, Belvédère en 1958. Il publie Division régulière du plan cette même année.
A partir du début des années soixante, son succès est devenu considérable. On parle de lui dans les grandes revues scientifiques comme Scientific American. Une grande exposition lui est dédiée au Gemeentemuseum de La Haye. J. L. Locher écrit un livre sur ses travaux en 1971. Il meurt en laissant derrière lui deux mille dessins et quatre cent cinquante oeuvres.
Encore aujoud'hui, Escher fait partie des artistes les plus populaires. Bien sûr, ce sont ses créations géométriques qui plaisent. Les oeuvres qui précèdent qui, pourtant, sont intéressantes et curieuses, car il a été en mesure de générer des paysages singuliers et très personnels, qui attirent le public.
L'exposition remarquable du Mudec de Milan permet de comprendre quel a été le parcours surprenant de cet homme d'exception qui avait des qualités techniques en plus de ses qualités artistiques, mais qui échouait régulièrement dès qu'il tentait d'aborder une nouvelle technique (souvent plus facile que la gravure sur bois). Le visiteur peut comprendre l'étonnante évolution de Escher, qui n'a jamais cesser de forger de nouvelles compositions géométriques qui ont été capables de séduire ceux qui les ont découvertes. Il est aussi vrai que la naissance de l'Op Art a été déterminante pour sa renommée. Cette manifestation est vraiment bien réalisée et devrait attirer tous ceux qui ont admiré ses innombrables compositions qui ont jeté un pont entre l'art et les mathématiques sans jamais tenir un discours asphyxiant sur la question. De plus il a su intégrer des formes d'animaux en utilisant un système efficace de répétition. En somme, on peut ne pas aimer sa démarche, mais on ne peut nier son talent si bizarre.
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Gérard-Georges Lemaire 02-10-2025 |
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