Laurent Strouk, grand marchand, marche sur les traces de Jean-Claude Gandur, grand collectionneur, qui lui aussi présentait « ses » artistes de la Nouvelle figuration cet été dans les espaces du Mémorial à Caen. La sélection de Strouk est présentée 2 avenue Matignon jusqu'au 27 janvier, elle est commentée par Olivier Kaeppelin. Ce dernier prend la précaution de dire que peu lui importe les groupes et catégories dans lesquels on a voulu insérer les membres de la Figuration narrative et les autres : il ne voit aujourd'hui que quatorze personnalités singulières, pour la plupart bien connues de lui. Nous allons donc le suivre avec confiance.
Valerio Adami : « Il n'y a pas de « choses vues » chez Valerio Adami, mais une pensée scopique qui les met en déroute. » Eduardo Arroyo : « Eduardo Arroyo utilise le vrai et le faux, non pour son seul goût mais pour formuler un sens qu'il veut funambule. » Erro : « son art nous oblige à douter de tout, de toutes les idéologies, de toutes les économies croyant posséder la structure et la vérité du monde, il lui oppose la précision et le tranchant d'un rire critique. »
Gérard Fromanger : « de ces peintures émanent, d'abord pour moi, le goût de la ville, de ses acteurs, de ce que l'on peut imaginer devant le spectacle des autres. » Alain Jacquet : « La peinture d'Alain Jacquet nous rappelle toujours que l'art ne se livre jamais. » Peter Klasen : « Toute oeuvre de Peter Klasen est faite de ce débat critique avec le système des objets, une structure ordonnatrice, dominante et répressive. » Ivan Messac : « Quand j'ai connu Ivan Messac, il mettait, comme aujourd'hui encore, toute sa confiance dans les pouvoirs de la couleur. » Jacques Monory : « la question de savoir pourquoi Jacques Monory réduit le lexique coloré de sa peinture a, peut-être comme réponse, que le pictural n'était pas son souci majeur. »
Bernard Rancillac : « Rire sarcastique et critique, mais aussi rire généreux comme des solos, comme des tableaux, irréductibles aux lieux communs qui célèbrent la liberté d'être. » Antonio Segui : « A mon premier regard sur un tableau d'Antonio Segui, je reconnus l'homme des foules d'Edgar Allan Poe, semblables à ceux qui circulent dans la grande ville, au soir d'une journée de travail. » Peter Stämpfli : « Parmi les peintres qui décidèrent de se servir de la figure pour remettre en scène la peinture dans un débat avec les images et les objets d'une société, Peter Stämpfli réaffirme que la réalité n'est jamais un acquis. » Hervé Télémaque : « L'oeuvre d'Hervé Télémaque est une oeuvre sans cesse en dialogue avec les langages, ceux des dialectes vernaculaires, de la langue d'Haïti, ceux des poètes et des philosophes. »
Michel Tyszblat : « Michel Tyszblat cherchait à peindre la dimension mentale des objets et plus encore, à travers eux, l'étrangeté de leur mode d'existence. »
En fin de compte, le titre général de l'exposition, « Un doute radical » offre peut-être une clef de lecture de l'ensemble...
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