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[verso-hebdo]
07-03-2024
La chronique
de Pierre Corcos
Clichés d'Amérique
Sur l'asphalte, un cadavre collé à un filet de sang noir. Le flash a ébloui ce meurtre nocturne. Quelques passants ahuris autour... Cette photographie en noir et blanc heurte par ses contrastes, dont le moindre n'est pas le choc vie/mort. Ceux qui aiment la photo pensent tout de suite à Arthur Fellig dit Weegee (1899-1968) et, dans le même temps, à New York, à l'Amérique des bas-fonds sordides, en absolue discordance avec le mirifique rêve américain. Weegee, c'est ça : le meurtre, la misère, l'incendie, les arrestations, les accidents de la route... C'est la violence américaine en violentes images. Mais, dans Weegee, autopsie du spectacle (jusqu'au 19 mai à la Fondation Henri Cartier-Bresson), la première exposition sur ce photographe à Paris depuis 17 ans, Clément Chéroux, directeur de la Fondation et commissaire de l'exposition, s'est intéressé à un fil directeur méconnu de cette photographie et qui serait une critique sous-jacente de la « société du spectacle »... Il est vrai que le Spectacle commence avec ces tabloïds new-yorkais - pour lesquels Weegee a passionnément travaillé entre 1935 et 1945 - tirant profit du sensationnel dans l'exhibition complaisante du fait divers. Tabloïds entretenant la curiosité morbide de ces badauds fascinés par le cadavre, l'incendie ou la carcasse fumante. Or Weegee ne se contente pas de photographier des drames spectaculaires, car les regardeurs, les spectateurs rassemblés autour de la scène figurent aussi en bonne place dans ses photos. Il va même (rarement) jusqu'à photographier les regards, en dehors même de la scène du fait divers qui restera hors-champ... Aimait-il le spectacle ou le critiquait-il, notre Usher Arthur Fellig ? Cet enfant d'immigrés juifs austro-hongrois, ayant vécu sa jeunesse dans l'obscure misère des quartiers populaires de New York, ayant abandonné l'école dès quatorze ans, été vendeur à la sauvette puis plongeur dans une cafétéria, avant d'être l'assistant d'un photographe commercial, devint ensuite photographe reporter. Le bonhomme adorait se mettre en scène, le cigare à la bouche et son appareil de photo bien en évidence, ou alors assis devant le coffre de sa voiture et rédigeant à la va-vite les légendes de ses photos immédiatement livrées à la presse... Mais comment se fait-il qu'après avoir publié son premier livre synthétique, Naked City, il se consacre à la photo de mode pour des magazines comme Life ou Vogue avant de s'installer à Hollywood ? Et qu'ensuite, il produise des photos-caricatures de vedettes dont, par des truquages, il déformait l'image ? L'enjeu de l'exposition, par ses commentaires, vise à montrer une continuité critique sous une apparente rupture : « On se rend compte que, finalement, il a continué à critiquer, encore plus ouvertement, cette société du spectacle à l'américaine », affirme Clément Chérioux. Hypothèse originale mais, quelle que soit sa validité, elle n'empêche pas de considérer Weegee comme un témoin pointu, privilégié de l'Amérique, de sa violence, du saisissant contraste entre les sombres exclus du rêve américain et ses effigies pailletées.

Sans signature esthétique particulière ni démarche intellectuelle a priori (il se considérait avant tout comme un artisan rigoureux), l'excellent photoreporter Henri Dauman (1933-2023) nous a offert d'intéressants clichés de l'Amérique, documentant ses événements politiques, ses figures emblématiques et sa scène artistique. Le Musée de la photographie Charles Nègre de Nice présente en 170 photographies une rétrospective de ce travail résolument ancré aux Etats-Unis (The Manhattan Darkroom jusqu'au 26 mai - délégué général d'exposition Vincent Montana). Pourtant Henri Dauman était français, né à Montmartre... Mais son père ayant été déporté à Auschwitz et sa mère morte en 1946, l'orphelin émigra aux Etats- Unis en 1950 pour retrouver un oncle établi à New-York. D'abord correspondant pour la presse française puis travaillant avec les magazines américains, il a eu l'excellente idée de collaborer au supplément culturel du New York Times. Une façon idéale pour peupler photographiquement de ses acteurs vivants une scène artistique américaine émergente. Andy Warhol, Philip Glass, Merce Cunningham, les tenants du Minimal Art, etc... Toutes ces figures, ainsi que des vedettes de passage à New York, Henri Dauman va se faire un nom en les photographiant - couleurs ou noir et blanc - de manière à favoriser leur iconisation : c'est Miles Davis en concert, Andy Warhol apparaissant derrière « The Brillo Box », un portrait rose pourpre de Jane Fonda, Federico Fellini se prenant la tête comme si elle allait exploser... Ses photos se nichent dans les mémoires. Il sait rajouter un brin de glamour à ses portraits féminins, une note d'humour à ses icônes (son charmant portrait de Jean-Luc Godard contredit l'austère représentation que l'on se fait du cinéaste !) et il s'entend à raconter une histoire par le biais de la photographie. Henri Dauman est passionné par l'Amérique : les gratte-ciel de New York (Looking up), les jeunes marginaux du Bronx, les marches de protestation, les funérailles de John Fitzgerald Kennedy... Par ses cadrages, ses jeux de lumière, il s'inspire du cinéma américain et de ses prises de vue. Et si à l'évidence il n'a point l'inspiration des géants de la photographie américaine, ses innombrables clichés composent une chronique aimante, variée, expressive et attachante des États-Unis.
Pierre Corcos
corcos16@gmail.com
07-03-2024
 
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Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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