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19-06-2025
La chronique de Pierre Corcos Une émouvante chronique de maternités La chronique de Gérard-Georges Lemaire Chronique d'un bibliomane mélancolique
La chronique de Gérard-Georges Lemaire |
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Chronique d'un bibliomane mélancolique |
 Les Imbéciles, Giovanni Papini, traduit de l'italien par Sonia Bruyard & Fabienne Lesage, Editions Allia, 46 p., 3, 20 euro.
Giovanni Papini (né à Florence en 1881 - 1956) ne fait pas partie des grandes figures des avant-gardes italiennes du début du XXe siècle. Et pourtant, il y a joué un rôle prééminent. Autodidacte, il se passionne pour la littérature, la philosophie et la théologie. Il a aussi collaboré au périodique Il Regno. Il a participé au Congrès international de philosophie à Genève où il a fait la connaissance d'Henri Bergson. Il a été le cofondateur de la revue Leonardo en 1903 avec Giovanni Vailati, puis, avec son camarade de lycée, Giuseppe Prezzolini, La Voce en 1908 peu avant de fonder le Cercle de philosophie avec Giovanni Amendola (il a fondé avec ce dernier la revue L'Anima en 1911). En 1906, il a publié Le Crépuscule des philosophes et, cinq ans plus tard, une fiction Un homme fini. Il s'est montré très caustique et critique à propos de ses contemporains. Il est profondément influencé par Nietzsche. Il a créé avec Ardengo Soffici la revue Lacerba, qui a eu partie liée avec le futurisme. Un an plus tard, il a commencé à collaborer au Popolo d'Italia, le journal de Benito Mussolini. Il a été un fervent interventionniste. Après la guerre, il s'est converti au catholicisme en 1921, année où il a publié La Storia di Cristo, qui a connu un grand succès. En 1926, i a publié Pane e vino, puis un Sant' Agostino. Il est élu président de l'Union Européenne des Ecrivains. Il a refusé de cosigner le Manifeste de la race en 1938. Il n'a pas adhéré à la République Sociale de Mussolini. La guerre terminée, presque aveugle, il a continué à écrire, entre autres, une Vie de Michelangelo en 1949 et Le livre noir en 1951.Il est tombé gravement malade en 1953 et est mort en 1956.
Il a commencé à écrire ces considérations sur l'imbécilité à partir de mars 1913, quand il a écrit dans La Voce « Prière pour l'imbécile » en 1913. « Franchise envers les imbéciles » a paru dans Lacerba en septembre 1913. « La Défense des imbéciles » a été publié dans Il Messagero du 19 juin 1949. Ces textes ont ensuite été réunis dans un volume intitulé Gli imbecili aux éditions Stampa Alternativa de Viterbe en l'an 2000. Dans sa « Prière », il déclare : « Vous êtres morts à l'intelligence comme moi je suis mort à l'imbécillité. » Celle-ci est source de jouissance et de plaisir pour ceux qui n'entrent pas dans cette catégorie. Ces êtres béats sont indispensables car il n'existerait pas d'ombre à notre lumière. « Vous sombrez pour que nous puissions émerger ». En somme, ils sont un soutien pour l'humanité. Ils sont heureux dans leur malheur et une prière est indispensable pour leur perpétuation éternelle. Dans la « Franchise », Papini explique pourquoi il n'est pas nécessaire que les hommes intelligents soient nombreux dans cette immensité d'imbéciles. Dans son dernier petit essai, il explique pourquoi les idiots, celui de 1949, parviennent à reconnaître le talent d'une figure singulière. Et de citer la réflexion du vieux Voltaire que se réjouissait d'être applaudi au théâtre par une foule ignare. Ces méditations reflètent à la perfection l'état d'esprit de cet écrivain et de ce penseur qui a tant évolué au cours des années.
 Le Cordon ombilical, Jean Cocteau, Allia, 80 p., 6, 50 euro.
Jean Cocteau a quitté ce monde en 1963, exactement le même jour qu'Edith Piaf pour laquelle il avait écrit une pièce, Le Bel indifférent, qu'elle a interprétée avec Paul Meurice en 1940 aux Bouffes Parisiens. Ce livre a été publié un an plus tôt chez Plon dans la collection « Moi et mes personnages ». Cet opuscule traite de deux questions : la création littéraire d'une part, et de l'importance que revêt à ses yeux Les Enfants terribles. Il ne s'agit donc pas d'une autobiographie même s'il a introduit des séquences de son existence et des rencontres qu'il a pu faire quand il a écrit et fait représenter cette pièce. D'une certaine manière, Cocteau a éprouvé le besoin de faire comprendre en qui cette oeuvre, qui a pris des formes diverses, a été si importante pour lui. Ce mélange de méditation sur son aventure littéraire et sur sa diffusion, du livre au cinéma, est pour lui un moyen de faire partager avec le public ses ambitions les plus secrètes. Il peut aussi raconter ce qui l'a inspiré depuis sa riche scolarité et aussi dire quels ont été les chemins qui l'ont conduit à concevoir telle ou telle fiction.
Toutes ces considérations sont associées à des réflexions sur l'art, l'art d'écrire bien sûr, mais aussi l'art plastique car il a beaucoup dessiné et peint. Il y a eu chez lui une sorte de boulimie qui l'a entraîné à utiliser toutes les formes d'expression à sa portée. Il était doué dans beaucoup de domaines et une sorte de vanité lui a permis d'aborder tant de sphères de la poésie au poème. Il s'est considéré (c'est du moins ce qu'il a affirmé dans cet ouvrage), qu'il était un ouvrier, un artisan. Il a oublié de spécifier qu'il avait certaines facilités dans tant de registres et qu'il éprouvait aussi l'envoie de toucher à tous les arts possibles comme s'il lui fallait imaginer une scène gigantesque où il serait présent devant une audience, évoluant avec une caméra, dissimuler entre les pages de ses écrits, relatant ses voyages, racontant son existence en deux volumes. L'écrivain, le dramaturge, le cinéaste, le peintre, se dévoilent sans cesse là où il aurait dû se dissimuler. Il avait l'ambition d'être un personnage public et avait certainement abandonné les voies de l'avant-garde tout en conservant les jeux de l'onirisme.
Le surréalisme était trop confidentiel et trop élitiste à ses yeux. Il a su préparer une décoction savante mais limpide qui soit à la fois moderne et accessible qui n'est pas initié à ses arcanes. Il y a ici un aspect débridé qui manifeste une certaine urgence à se dévoiler comme créateur et faire comprendre les mécanismes de ses ouvrages pour les rendre appétibles à tous. On a le sentiment qu'il n'a pas établi de plan pour rédiger ces lignes, et qu'il a plutôt saisi ce qui pouvait être essentiel pour être aimé. Bien sûr, il y a plusieurs intentions qui se révèlent, avec des contradictions. De plus, il n'a pas souhaité produire un manuel qui nous permettrait de nous guider dans l'immense monde qu'il a engendré de tant de manières différentes. Il n'en reste pas moins que Le Cordon ombilical reste une excellente introduction à son paradoxal discours de la méthode.
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Gérard-Georges Lemaire 19-06-2025 |
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