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[Visuel-News]
04-09-2025
La chronique de Pierre Corcos Arles 2025 : que peut la photo ? La chronique de Gérard-Georges Lemaire Chronique d'un bibliomane mélancolique
La chronique de Gérard-Georges Lemaire |
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Chronique d'un bibliomane mélancolique |
 Intentions suspectes, Muriel Spark, traduit de l’anglais par Alain Delahaye, Pavillon Poche, Robert Laffont, 280 p., 10, 50 euro.
Muriel Sarah Camberg (1918-3002) est née à Edimbourg d’un père juif et d’une mère anglicane. Elle a épousé Sidney Oswald Spark en 1938 et le couple est allé vivre en Rhodésie. Mais ce mariage n’est pas heureux et elle est rentrée en Grande-Bretagne en 1944. Sa carrière littéraire après la fin de la guerre.
Elle a écrit d’abord des articles sur la littérature surtout pour la Poetry Review et puis a fait paraître sa première œuvre romanesque en 1957 The Comforters, qui a connu un certain succès. Mais c’est surtout The Prime of Miss Jean Brodie, qui a paru en 1961 qui a fait connaître auprès d’un large public. Elle a reçu le prix T. S. Eliot en 1992. Elle a surtout excellé dans l’écriture de nouvelles et a également écrit des biographies de grands auteurs comme Mary Shelley.Elle a quitter le Royaume-Uni pour s’installer à New York, puis en Toscane (elle est décédée à Florence).
Intentions suspectes – Loitering with Intent – a été publié en 1981. C’est un livre pour le moins curieux. C’est l’histoire d’une jeune femme ; Fleur Talbot. Elle vit à Londres et se trouve sans emploi. C’est alors que le hasard lui fait rencontrer sir Quentin, qui cornaque une bien curieuse association d’écrivain qui ont pour objet l’autobiographie. Elle fait la connaissance de tous les membres de ce petit cénacle qu’elle dépeint avec un certain mordant. Par ce biais, elle décrit le petit monde de la littérature de son époque, avec une vivacité et et même avec une bonne dose de fiel. Elle a à peine achevé un roman, qu’elle a intitulé Warrender Chase. Elle se rend bientôt compte que les personnages qu’elle avait imaginés se retrouvent parmi les membres de cette secte un peu ridicule où elle circule désormais en qualité de secrétaire de sur Quentin. C’est mordant et un peu comique, avec le désir évident de se moquer des travers de ses confrères. Elle finit par être rejeté par ce microcosme un tant soit peu grotesque et parvient alors à faire éditer son manuscrit. On constate que ce livre qui n’a pas été réédité en France depuis sa première parution en France qui a eu lieu en 1983 n’as pris une ride et que sa lecture procure une certaine jubilation.
JULIEN BLAINE, OU L’ABSOLU DE LA DISSOLUTION ESTHÉTIQUE
 BiMOT, Julien Blaine, AIOU intemporelles.
Soup Julienne, Julien Blaine, Redfox express.
De son vrai nom Christian Poitevin, Julien Blaine est né à Rognac en septembre 1942. Les postures radicales qu’il a adoptées autant pour son activité artistique que dans sa poésie, il n’en est pas moins un érudit étonnant dans le domaine de la poésie d’autrefois. On peut associer son mode d’expression aussi bien au dadaïsme qu’à Fluxus. Avec Bernard Heidsieck et Jean-François Bory, il est sans conteste l’une des figures importantes, sinon incontournables de la création de ces dernières décennies.
Son dessein n’est pas de prolonger et de renouveler des visées avant-gardistes, mais de proclamer la fin des activités liées à l’héritage des avant-gardes depuis le début du XXe siècle. Alors qu’il a produit de nombreuses performances, il a proclamé la fin de ce genre de représentation scénique. Il a tenu à faire le même sort à la poésie et aux arts plastique. Tout se traduit dan ses apparitions publiques et dans ses innombrables publications par une déconstruction du langage esthétique des créateurs les plus novateurs. Il a voulu montrer à quel point les arts et la littérature se sont retrouvés récemment dans une sorte de cul de sac dont il est impossible de sortir. Et il illustré cette situation pathétique en concevant des ouvrages et des œuvres parodiques et iconoclastes. Les deux livres qu’il vient de faire paraître, BiMot (qui reprend les principes actualisés dans un livre précédent portant ce titre et paru en 1990).
Où des lettres ou des mots sont associés à d’autres en étant séparés par une large barre horizontale noire et puis sa Soup Julienne (sic), Quelques recettes, tirée à peu d’exemplaires, est constituée d’illustrations dénaturées avec des noms inventées de sauces pochées assez peu attractives pour le palais rien qu’à le regarder ! Sa manière de tourner en ridicule notre vocabulaire gastronomique est une de ses provocations qui touchent tout ce qui nous séduit et constitue notre culture et notre idée du goût. Avec lui, on n’en finit jamais de mettre à bas l’essentiel de ce qui a forgé notre esprit et notre sensibilité et quasiment la totalité des quêtes artistiques. Ce travail de saper rappelle les jeux des foires d’autrefois où il fallait faire tomber tous les éléments d’une pyramide chamboule tout).Son désir de ruiner nos dernières amours esthétiques, même celles qui étaient irrespectueuses de la haute tradition, Bien sûr, Blaine jour d’un paradoxe car ses performances, ses « tableaux » et « sculptures », ses livres pour bibliophiles avertis fait surgir cette dénonciation éhontée des choses les plus prisées de notre histoire occidentale se présente comme la marque au fer rouge de la culture de notre époque, qui semble n’être plus que la dépouille cocasse et brouillonne de ce que nous avons révéré sans réserve ou considéré comme la frontière de ce qui transfigure les valeurs véhiculées depuis parfois des temps immémoriaux. Au-delà de l’anti-art, Cet art tête bêche et passablement ridicule nous force à méditer sur ce que nous sommes en train de vivre et qui est une sorte de tsunami de l’expérience des sens et de l’intelligence qui s’est changé en une radote où ce qui dérive de l’avant-gardisme s’est métamorphosé en un cirque dévalorisé qu’est la bourse des valeurs de l’art.Et c’est un exercice spectaculaire d’autodérision.
 Dall'opera aperta all'opera ellitica, oltre la modernità e il postmoderno - studi e note sulla nuova classicitàità, Carmelo Strano, Mursia, 264 p..
Ce volume, paru en 1989, réunit les essais que Carmelo Strano a publiés entre 1984 et 1988 ainsi qu'une étude alors inédite. Avec le recul, ces considérations permettent de mieux comprendre ce qui s'est déroulé alors et qui a été une mutation profonde de la pensée et des modalités de la création. Il a été parmi les premiers à comprendre l'importance fondamentale de ce Nouveau Classicisme qui était en train de toucher tous les domaines, de la philosophie à la littérature en passant par l'architecture. Cet événement a été d'une dimension considérable car il a correspondu à la chute des idéologies. Epuisement, nihilisme, négativité : voilà les grands thèmes du postmodernisme. La rationalité classique est la victime de cette mutation.
Notre auteur scrute avec minutie toutes les formes adoptées par cette Douce Rationalité (Dora) A celle-ci correspond une irrationalité impossible à écarter totalement. Et cela abouti à une transformation du rapport nature - culture. La notion d'oeuvre ouverte ne suffit plus à caractériser ce qui se passe dans la sphère de la création : Strano introduit celle d'oeuvre elliptique. Il est question ici d'un langage de la déviance. Les repères liés au savoir ancien sont renversés au profit d'une nouvelle conception de l'espace et des sciences. Il en est de même pour les arts qui ont une relation étroite avec le chaos.
Dans la première partie, l'auteur nous explique ce qu'est le postmodernisme. Ensuite, il montre en quoi se modifient les codes sémantiques. Il aborde une question qui a eu son poids à la fin du siècle dernier qui a été l'enracinement de l'art dans la philosophie (et je pourrais presque renverser la problématique en disant que la philosophie de l'époque s'est enracinée dans l'art pour trouver je ne sais trop quelle légitimité). Ce phénomène curieux et parfois déplacé semble donner corps à une nouvelle manière de produire la réflexion philosophique, que ce soit chez Habermas, chez Jacques Derrida (qui a tenté, avec un succès très relatif, de conjuguer sa philosophie et la littérature dans un gros livre, Glas), chez Gilles Deleuze, pour ne citer qu'eux. Les artistes, pour leur part, ont souhaité se rapprocher du monde scientifique - un groupe de peintres français a voulu lancer un art fractal, qui n'a pas connu la reconnaissance des amateurs escomptée. On a le sentiment que tout ce qui a été au coeur de notre éducation scolaire n'est plus qu'une vieille lune et que seul le couple Albert Einstein-Max Planck a quelque vérité par rapport à tout ce qui se conçoit. Impossible pour moi de restituer le développement de la pensée de Carmelo Strano car elle touche à trop de domaines et postule trop de problématiques. Mais pour qui connaît l'italien, ce livre est une merveille car il met l'esprit en mouvement et nous contraint à observer le vivant (la nature dirons-nous) et l'artifice (nos créations, de la littérature à la sculpture ou à la peinture). En général, une théorie est développée d'une façon inexorable et nous ne pouvons qu'en suivre le déroulé. Avec lui, nous passons d'une hypothèse à une autre, d'une question à une autre encore. C'est précisément ce qu'un livre devrait être : une machinerie à méditer (ce qu'ont été les merveilleux Essais de Michel de Montaigne).
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Gérard-Georges Lemaire 04-09-2025 |
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