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[Visuel-News]
25-09-2025
La chronique de Pierre Corcos Classiques (im)pertinents La chronique de Gérard-Georges Lemaire Chronique d'un bibliomane mélancolique
La chronique de Gérard-Georges Lemaire |
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Chronique d'un bibliomane mélancolique |
 Cobra e origini, Luigi Dellupi & Lilliana Dematteis, Deluppi Arte, Milan.
J'ai déjà eu l'occasion de vous entretenir de cette belle galerie italienne qui non seulement présente de remarquables expositions de caractère historique, mais publie aussi des catalogues très pertinents. Celui-ci relate les relations du groupe nordique Cobra (Copenhague-Bruxelles-Amsterdam) avec la culture italienne de l'après-guerre. C'est en 1955 qu'Asger Jorn s'installe à Albisola Marina. Ce n'est pas un simple lieu de villégiature sur la côte ligure. C'est aussi un centre de fabrication de céramique, avec en particulier la manufacture de Tullio d'Albisola, qui a été futuriste et qui a collaboré avec F. T. Marinetti.
Sa venue va donner naissance au Vallauris de la péninsule. D'autres artistes vont y venir, dont Lucio Fontana (ce dernier a réalisé deux grandes sculptures noires pour la promenade du bord de mer où se trouvent un certain nombre de grandes mosaïques qui rendent ce site unique et remarquable. Cette année-là, Jorn rencontre Pinot Gallizio qui a alors commencé de concevoir son Bauhaus imaginiste et va participer deux ans plus tard aux travaux de l'Internationale Situationniste avec Constant et Debord.
Sa rencontre avec Jorn est décisive et l'artiste le souligne dans son journal. Celui qu'on surnomme le Viking est le chef de file de ce groupe informel dont le principe central est le retour aux sources sauvages de l'art de l'ancienne Scandinavie. Constant, Karel Appel, Corneille ont des démarches très différentes mais sont unis par cette volonté de puiser à ces sources ancestrales de leur culture. Leur art tend à l'abstraction (mais cet informel n'est pas systématique : des figures peuvent y être incluses) et aussi à une liberté formelle sans borne. Pinot Gallizio a été le pont entre ce courant et l'art italien le plus radical. Après bon nombre d'expériences (dont les Notti di cristallo en 1962), il a eu une salle personnelle à la Biennale de Venise en 1964. C'est là un moment important de la création des années cinquante et soixante, qui mérite d'être mieux connus et approfondis.
Il est donc à souhaiter que cette galerie poursuive ce cheminement précieux et nous fasse découvrir d'autres noeuds de l'histoire récente de l'art et des oeuvres qui posent des problématiques passionnantes.
 Maurice Denis, le spirituel dans l'art, Jean-Paul Bouillon, « Découvertes », Gallimard, RMN, 144 p., 16,50 euro.
De tous les peintres notoires qui ont suivi l'ère impressionniste, Maurice Denis (1873-1943) n'a jamais figuré au premier plan. Il a pourtant été le créateur et le penseur du groupe des Nabis, il ne nous apparaît encore aujourd'hui comme une figure de valeur mais toujours relégué au second plan. La question se pose vraiment. Sa vocation est précoce : il dessine et tient un journal dès l'âge de treize ans. Il fréquente le musée du Louvre et y admire les oeuvres de Fra Angelico. Un peu plus tard, il découvre Puvis de Chavannes, qu'il admire.
Elève brillant au lycée Condorcet, il quitte la classe terminale pour préparer l'entrée à l'Ecole nationale des Beaux-arts. Entre-temps, il s'inscrit à l'Académie Julian il passe son baccalauréat et est reçu aux Beaux-arts en 1888.Il rejette la peinture naturaliste tout comme ses amis Vuillard, Bonnard, Sérusier, Ranson, Piot. Il n'en est pas moins un lecteur de Taine et d'Auguste Comte et ne se réclame pas d'un idéalisme béat. Sa première révélation est celle de Paul Gauguin au café Volpini pendant l'Exposition universelle de 1889. Et il ne tarde pas à se passionner pour l'art du Japon. En 1890, il rédige un article-manifeste dans la revue Art & Critique qui jette les bases de la peinture néo-traditionnaliste (ses considérations sur la couleur pure sont inspirées cependant de Taine).
Il rencontre Marthe Meurier l'année suivante : elle va devenir sa muse, son modèle et bientôt son épouse. Le symbolisme voit le jour en 1890 dans le manifeste de Jean Moréas publié par Le Figaro et Denis y voit le chemin pour son idée de l'art après la crise de l'impressionnisme à partir de 1886. L'année 1890 est décisive pour lui car c'est celle où il illustre la partition de Claude Debussy, La Damoiselle élue, Pelléas et Mélisandre de Maurice Maeterlinck. Quatre ans plus tard, il illustre Le Voyage d'Urien d'André Gide. A cette époque, le sacré et le profane sont indissociables chez lui. Soir trinitaire, qui lui est inspiré par Le Déjeuner sur l'herbe d'Edouard Manet, est l'expression de son idéal plastique. Comme les autre Nabis, il se tourne volontiers vers les arts décoratifs. Il veut aussi spiritualiser la vie quotidienne. Il dessine des papiers-peints et réalise un grand paravent pour le magasin Bing.
A partir de 1894, il réalise trois plafonds pour Chausson, le premier étant baptisé Avril. Et il crée quatre plafonds (Arabesques poétiques) pour l'entreprise Lerolle en 1894. Il conçoit le bureau du baron Cochin. Entre-temps, le groupe nabis s'est dissout. En 1898, il se rend à Rome. Il relate ce séjour dans Le Journal en 1898 et en fait son crédo pictural. Il va collaborer dès 1900 à la revue chrétienne L'Occident. Il adhère ensuite à L'Action française, qu'il quitte en 1927 quand le mouvement est condamné par le Vatican. En 1900, il exécute un Hommage à Cézanne (qui devait être à l'origine un hommage à Odilon Redon). En 1908, il achète une maison à Perros-Guirec nommée Silencio, et il y peint des plages, dont la grande Plage au petit garçon de 1911. Il continue à illustrer des livres, dont L'Imitation de Jésus, Eloa d'Alfred de Vigny, la Vita Nova de Dante et Sagesse de Paul Verlaine. En 1912, il réalise la coupole du théâtre des Champs-Elysées. Il achète l'ancien hôpital de Saint-Germain en 1914 qu'il rebaptise « prieuré » (c'est aujourd'hui son musée). Il y entreprend un long chantier de peintures décoratives Il publie en1922 Théories, nouvelle somme de sa pensée néoclassique.
Sept ans plus tard, il fonde avec George Desvallière un Atelier d'art sacré. Il décore l'église de de Saint Louis de Vincennes en 1922. Il institue une section d'art sacré au Salon de la Société nationale des beaux-arts en 1920. Il peint la coupole du Petit-Palais à Paris et en fait une histoire de l'art français. Pendant l'après-guerre, il voyage beaucoup, en Afrique du Nord, sur les traces de Delacroix, à Rome, à Venise... Il réalise de nombreuses peintures profanes comme celles du Sénat en 1928, dans les Hospices de Saint-Etienne en 1936. Il travaille aussi pour le musée de Lyon et pour la Société des Nations (1938). Il publie en 1939 une Histoire de l'art religieux. Il a quitté ce monde comblé d'honneur bien qu'il soit allé toujours à rebours.
 Louis Stettner, Actes Sud, « Photo Poche »
Les éditions Actes Sud ont créé il y a quelques années une belle collection dédiée à la photographie depuis ses origines baptisée Photo Poche. Elle nous fait redécouvrir les grands noms qui ont marqué son histoire, mais aussi de jeunes talents, mais aussi de grands courants ou des spécificités nationales. Il y a désormais plus de cent quatre-vingt titres.
Parmi les publications récentes, je prendrai pour exemple le volume concernant Louis Stettner (1922-2016) en illustration ci-contre.
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Gérard-Georges Lemaire 25-09-2025 |
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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Griffures : Luisa Pinesi joue
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Rencontres au café Tortona avec Ariel Soule
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Le fil rouge d'Akane Kirimura
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Pierre Delcourt
en quête d'un absolu du visible
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Stefano Soddu,
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Une expédition picturale à Cythère
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Takis: Contemporary Poet of Heaven and Earth
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Sur les pas d’Adalberto Borioli
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Le regard photographique
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Santiago Arranz,
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George Koumouros
"Portrait Landscapes"
Exhibition curated
by Megakles Rogakos
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