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[verso-hebdo]
05-10-2023
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Daniel Buren, Plis contre plan , hauts reliefs |
La galerie Kamel Mennour, qui dispose de quatre espaces à Paris, en consacre deux à la dernière série de Daniel Buren (5 et 6 rue du Pont de Lodi, jusqu'au 25 novembre 2023). Buren est mondialement connu, cependant, en France, beaucoup en sont restés à « l'homme des colonnes rayées du Palais Royal » en raison de la campagne hostile du Figaro Magazine au moment de la construction, au début des années 80. Plutôt que d'évoquer ces miroirs de 217,5 cm de côté sur lesquels l'artiste a ajusté des formes en trois dimensions, toutes porteuses des fameuses bandes peintes de 8,7 cm de diamètre, il me paraît utile de revenir sur le début de la carrière étonnante de Daniel Buren. Il est précisé dans le texte d'introduction que son « outil visuel » a été mis au point en 1967, et a fondé une pratique artistique en rupture avec les traditions.
Né en 1938, Buren était sorti de l'Ecole des Beaux Arts avec un savoir-faire d'élégant peintre post-matissien. Or, dans les années 60, il n'y en avait dans les galeries les plus importantes que pour les différents minimalismes abstraits. Il n'était pas question d'exposer pour le jeune Daniel Buren qui en conçut une véritable haine pour les institutions du marché de l'art. Il eut l'opportunité de se procurer un stock de rouleaux de papiers rayés selon le module international en usage pour les stores ou les chaises longues. Il le compléta par de la colle forte et il entreprit de coller ses bandes la veille des vernissages des galeries qui l'avaient éconduit, sur les portes, fenêtres et vitrines. Autour de 1968, il avait ainsi acquis une réputation d'artiste révolutionnaire. Justement, on annonçait pour 1969, une exposition organisée par Harald Szeemann sous le titre « Quand les attitudes deviennent formes » à la Kunst Halle de Berne, avec Joseph Beuys, Mario Merz, Lawrence Weiner, Bruce Nauman etc. mais pas Daniel Buren !
Ce dernier prit donc le train pour Berne, muni de quelques rouleaux rose foncé, et se mit, la nuit précédant le vernissage, à coller consciencieusement son papier à bandes sur le bâtiment, ce qui fut immédiatement dénoncé par des suisses qui appelèrent la police, laquelle jugea ces bandes trop rouges et l'interna aussitôt. On le sut à Paris, et les camarades de Buren vinrent chaque soir sous les fenêtres d'André Malraux pour hurler des slogans tels que « libérez Buren » . Le ministre finit par prendre son téléphone et assura à son homologue suisse que le jeune artiste était inoffensif. Buren fut donc libéré ayant acquis une notoriété qui n'échappa pas à Diane Walman et Edward Fry, chargés par le musée Guggenheim de présenter l'avant garde internationale à New York, qui invitèrent Daniel Buren. Bien sûr, celui ci accepta, et présenta en 1970 un projet de deux pièces, l'une à l'extérieur et l'autre à l'intérieur du musée, qui fut accepté. On connaît le Guggenheim : une cimaise qui s'enroule du haut en bas autour d'un grand espace vide que Buren eut le temps d'occuper avec une toile de 20 mètres par dix mètres de bandes blanches et bleues. L'effet était saisissant et suscita une révolte des exposants qui pétitionnèrent contre Buren. Ce dernier dut s'incliner : il décrocha sa bannière, mais après l'avoir photographiée et envoyée à la presse. Sa prodigieuse carrière était lancée.
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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