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[verso-hebdo]
21-03-2024
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Georges Verney Caron, Création, pierre vive du patrimoine, bilingue, Hubert Besacier, 204 p., 40 euro.

Les relations qu'entretiennent les artistes et la cité nécessitent une évolution conséquente. C'est le défi qu'a lancé Georges Verney-Carron. Il est évident que pour lui, sans qu'il le dise avec éclat, que le Street Art, qui fait fureur de puis déjà longtemps, n'est qu'un pis-aller. Il veut que les artistes de valeur puissent de nouveau intégrer leurs créations avec les lieux publics de notre temps, qui peuvent se révéler souvent ingrats. Le préfacier, François Barré, connaît ce visionnaire depuis longtemps et a pu suivre ses travaux au fil des ans : il le considère comme un de ceux qui s'est souvenu le lieu de prédilection de l'activité des artistes dans la conception d'une ville et qui a su aussi trouver ceux qui sont en mesure de le faire de manière mémorable. Georges Verney-Carron est originaire de Saint-Etienne. Il a pu faire la découverte de l'art moderne au musée d'Art et d'Industrie.
Il a travaillé dans le domaine des relations publiques et de la publicité. Il s'est interrogé sur la question du caractère éphémère de ces activité et a cherché à établir des liens forts et durables avec le monde de l'industrie ou du commerce en mettant en contact des entreprises et des magasins avec des artistes. Le premier avec qui il a collaboré est Guy de Rougemont, pour qu'il puisse contribuer à l'agrandissement d'une boutique des arts de la table. Il s'est mis aussi en tête de jeter des ponts entre les entreprises et les artistes. Il s'est lié avec Bernard Ceysson, qui a été nommé directeur du nouveau musée de Saint-Etienne. Il a aussi collaboré avec l'Elac et a pris part à une opération in situ-dans la ville de Lyon intitulée « Tissu et création ». Ensuite, il a participé à la préfiguration du nouveau musée de Villeurbanne.
A Lyon, il a eu l'ambition de multiplier les interventions ont réuni Julie Knifer et François Morellet. cales et les performances. Il a aussi eu l'idée d'inviter Daniel Buren pour créer une oeuvre dans l'espace public à Lyon r dans la perspective du Nouveau Musée. Il s'agissait pour ce dernier de mettre en évidence la statuaire par ses travaux bichromes. L'exposition inaugurale du Nouveau Musée a réuni Christian Boltanski, Stéphane Braconnier, Tony Gragg, Daniel Buren, Gérard Collin-Thiébaut, Claude Coignet. Entre autres. La volonté d'embellir la ville avec des créations d'artistes est toujours mieux ancrées dans les esprits. La Vue de la cheminée (2001) a été réalisée par Felice Varini à Villeurbanne. Georges Verney-Carron a installé ses bureaux qui sont dessinés par Guy de Rougemont. Il a aussi installé une galerie à Lyon grâce à la galerie Philippe Nelson. Ses préférences vont aux arts minimalistes et abstraites formelles. Il s'est également intéressé au design et est parvenu à implique Buren. Patrice Carré a conçu des poêles pour la société Seb-Tefal en 2000.
Il a rencontré Jean-Michel Wilmotte et a décidé d'ouvrir une galerie à Paris place de l'Odéon. Les expositions sont souvent accompagnées de réalisations in situ comme, par exemple, l'Eau néon sur l'Odéon, que François Morellet a mis en place sur la façade du théâtre. Felice Varini a imaginé Sept droites pour cinq triangles place de l'odéon en 2003. A Lyon, il invente un musée souterrain dans cinq parcs de stationnements souterrains. A chaque parc est affecté un artiste, comme François Morellet pour ne citer que lui. Le développement de ce projet est impressionnant. Daniel Buren a réalisé Déplacement-jaillissement : d'une fontaine les autres couvrant toute la place des Terreaux à Lyon en 1994.
Des collaborations entre architectes et artistes se multiplient et les parcs ont été investis par Krijn de Koning avec l'architecte Philippe Barbeyer. Ainsi, Lyon ne cesse de se transformer et pas seulement sur un plan décoratif, mais aussi pratique.
Le Cube vert dessiné par les architectes Jakob + MacFarlane a été édifié en 2023, avec le concours de Fabrice Hybder. Le Cube orange était déjà sorti de terre treize ans plus tôt. La promenade à laquelle nous invite Hubert Besacier est assez impressionnante car on constate qu'en quelques décennies le paysage urbain de Lyon a été littéralement transformé. L'hôpital Saint -Luc Saint-Joseph est tapissé de grands carreaux (appelés Peinture d'accompagnement) de Cécile Bart et on ne saurait devenir la fonction de ce grand bâtiment. François Perrodin a désiré mettre en couleur la rue Vuillerme en 2012. En 2004, notre infatigable réinventeur de la ville à travailler à la transformation de Lille en 2004 (avec Sarkis et Buren), et puis de Béthune, la même année. Ainsi ce volume nous fait découvrir tout ce qui a pu se faire en France, dans des réalités très différentes et avec un grand nombre d'artistes. C'est un formidable vadémécum qui est destiné à être augmenté à l'avenir.




Cultural Migration, Homage, Sam Havadtoy, Gino Di Maggio & Gàbor Gulyàs, Mudima / Hungarian National Museum, 108 p.

Né en 1952 en Grande-Bretagne de parents émigrés hongrois, il a décidé de s'enfuir rois, La famille est retournée en Hongrie en 1956. Ne pouvant plus sortir du pays, bien que de nationalité britannique, il a décidé de s'enfuir en 1971. Il a travaillé illégalement à New York l'année suivante puis est retourné en Europe vingt-huit ans plus tard. Il s'est d'abord installé en Suisse puis en Italie où il vit toujours. Cette série d'oeuvres, toutes faites selon un même principe - la copie très libre d'un tableau célèbre et un panneau coulissant peints selon un schéma pointilliste - ont été élaboré dans l'optique d'un hommage à l'émigration, sous toutes ses formes, des plus communes ou plus intériorisées, peut être vécue par le spectateur qui les découvre comme un jeu : les panneaux qui s'ouvrent ou se referment modifient l'ouvre de référence en la recouvrant ou en la révélant dans son entier.
Il s'agit pour l'artiste de conjuguer deux tableaux, l'un qui n'est pas de lui et qui appartient à la grande histoire de l'art (nous avons ici Marc Chagall, Mark Rothko, Alexej von Jawlensky, Tamara de Lemicka, Moholy-Nagy Làzlo, Piet Mondrian, etc. Qui sont changé en icônes d'une période qui a vu la métamorphose complète de la pratique picturale. La superposition des deux genres d'ouvrages est non seulement un divertissement optique, mais aussi une méditation sur le rapport que nous pouvons entretenir avec la peinture. Ce rapport n'est pas simple, car il met en confrontation notre culture, notre sensibilité, notre capacité d'accepter ou non des transformations profondes de l'histoire de l'art occidental. De nombreux facteurs peuvent nous permettre d'avoir plaisir de contempler ces pièces ou, au contraire, de le rejeter. Le tableau le plus réussi à mon goût est celui des Deux zèbres de Victor Vasarely (1908-1997).
Dans ce cas spécifique, l'artiste n'a pas eu recours à ces centaines de points de couleur qui évoquent Signac ou Seurat, mais à de larges bandes horizontales noires et blanches qui rappelle bien évidemment le pelage de l'animal qui se distingue par ces deux couleurs. La quasi-abstraction du sujet exécuté par Vasarely est en accord avec les surfaces superposées. C'est bien sûr ludique, mais c'est aussi une réflexion sur une forme d'abstraction partant d'un être vivant, stylisé dans le cas présent et proche de l'abstraction ; Dans sa présentation, Gino Di Maggio explique avec clarté et pénétration la démarche de cet artiste qui a choisi de faire de ses compositions des ouvrages mobiles. Il nous procure la clef de cette conception particulière. Bien sûr, on pourrait reprocher à Sam Havadtoy d'avoir utilisé un système répétitif. Mais chaque toile d'origine fait naître une nouvelle expérience. Et puis ce n'est sans doute là qu'un moment de son parcours, dont j'ignore tout.




A la cour du prince Genji, mille ans d'imaginaire japonais, Gallimard/musée Guimet, 208 p., 35 euro.

Cette exposition passionnante qui eu lieu à la fin de l'année dernière a donné lieu à un superbe catalogue, qui a beaucoup à nous apprendre. Le Dit du Genji (Genji monogatari) a dû être écrit vers 1012. On ignore et le nom véritable de cette grande femme de lettres et ses dates de naissance et de mort (plus ou moins entre 1014 et 1025 pour ce qui est de son décès). On lui attribue aussi un Journal. Elle est sans aucun doute possible le plus grand écrivain de la période de Heian au même niveau d'excellence que Sei Shônagon, l'auteur des Notes de chevet, un autre chef-d'oeuvre féminin de cette ère Heian. Une femme avait déjà écrit un livre digne d'intérêt, les Mémoires d'une éphémère, qui a vu le jour pendant la période précédente, celle de Nara. Pendant les années où a été composé Le Dit du Genji, les femmes, même des classes les plus élevées, n'apprenaient pas le chinois, cette langue étant réservée au gouvernement et à l'administration. Bien qu'elle ait appartenu à la puissante famille des Fujiwara, son éducation, bien que très soignée, avait des frontières infranchissables. Il est pourtant possible que son père lui ait fait connaître la littérature chinoise classique. Elle a écrit en kana, l'écriture ancienne du Japon.
Pour tout ce qui était officiel, on utilisait le kanji, qui dérivait des caractères chinois., ou directement en chinois. Ce roman qui contient 54 chapitres est un joyau de la littérature ancienne du Japon. On peut comparer la littérature occidentale de la même période : la Chanson de Roland a paru au Xe siècle et les cycles arthuriens ne sont pas encore écrits. Cette exposition au musée Guimet a pour objet de célébrer ce grand écrivain, et son ouvrage mémorable, mais aussi de faire connaître l'iconographie qui s'est attachée à ce livre dont le succès ne s'est jamais démenti. Les artistes l'ont illustré dès le XVIe siècle, sous les formes les plus diverses, et le phénomène n'a fait que s'accentuer pendant toute la période d'Edo. Harumasa Yamamoto et Utagawa Hiroshige et, plus tard, Utagawa Kunisada se sont employés à renouveler son iconographie. Et je ne cite qu'un petit nombre de créateurs attirés par ce sujet.
Les commissaires ont eu l'idée de présenter le travail d'un grand créateur traditionaliste du siècle dernier, le maître tisserand Itarô Yamaguchi, un maître tisserand qui a représenté les différents moments de l'ouvrage dans ses compositions. Il a tenu à retrouver l'esprit des illustrations anciennes (le plus souvent gravées, mais parfois peintes sur d'autres supports, sans être lié au volume de manière tangible), mais a eu recours à un style plus épuré. C'est superbe. Ce catalogue est splendide, je le répète, et est un excellent instrument pour comprendre la littérature et les arts du Pays du soleil levant.




Le Corps peint, Michel Thévoz, « Studiolo », L'Atelier contemporain, 192 p., 8, 50 euro.

Michel Thévoz a fait une brève mais consistante histoire de la décoration du corps humain. Il a inclus toutes les formes possibles, de la peinture proprement dite jusqu'au tatouage en passant par les scarifications. S'il est impossible de savoir quand les hommes ont éprouvé le besoin de décorer leurs corps, des peintures rupestres nous fournissent la certitude que cela a été le cas.
On sait que l'homme de Néandertal peignait les ossements des défunts de son clan avec de l'ocre jaune et de l'ocre rouge. Maius nous ne pouvons produire que des hypothèses et elles ne sont pas franchement convaincantes. Je ne suivrais pas l'auteur dans ses digressions sur le changement d'identité et le conflit entre la nature et le mental (en somme, la culture). Ce ne sont là que des conjectures, aussi intéressantes soient-elles. La création de l'identité serait plutôt le but de ces métamorphoses, surtout du visage. Et c'est également un signe d'adhésion à la société où l'individu vit.
Il inscrit sa personnalité dans la sphère de signes permettant une reconnaissance. En revanche, il fait des remarques très pertinentes sur les êtres zoomorphes qui peuplent les diverses mythologies comme étant l'expression d'un passage de la nature vivante et de la communauté des hommes. Il met ensuite en relief la spécificité du tatouage, qui est une peinture permanente, qui demeure gravé dans la chair de qui le porte. Il peut s'agir d'un signe d'appartenance à un groupe, mais aussi la marque d'une société secrète ou d'un rite particulier et réservé à quelques élus. Il ne s'agit pas ici, à l'origine, d'un art « pur », mais d'un dessin lié à un monde précis, parfois ésotérique.
Il inclut dans ce long chapitre la nouvelle célèbre de Franz Kafka (La Colonie pénitentiaire) où les condamnés sont placés sous une machine qui dessine sur leur corps des lignes ou des écritures qui les conduiront à la mort. S'il est encore bien question de tatouage, l'imagination de l'auteur pragois a mis en scène une vision cruelle qui n'a plus rien à voir avec la réalité du tatouage. C'est un cauchemar prenant une forme sadique. Il fait remarquer avec justesse que le christianisme, comme l'islam, et la religion juive en premier, ont proscrit la pratique du tatouage. Elle a subsisté dans les pays musulmans, mais uniquement comme décoration. Michel Thévoz poursuit son études en établissant des analogies avec le maquillage et fait valoir que certaines cultures ont développé le tatouage comme un art à part entière (c'est le cas, par exemple, au Japon). Ce livre est sans doute discutable sur certains points, mais je crois qu'il ne peut pas en être autrement avec un tel sujet. Et cela se double d'une prolifération toujours plus grande du tatouage, non plus dans certaines corporations (les marins, les soldats, entre autres), mais dans les jeunes générations et, dans le monde occidental, dans les générations précédentes. En somme, la question est loin d'être close.
Gérard-Georges Lemaire
21-03-2024
 

Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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Christophe Cartier

"Rêves, ou c'est la mort qui vient"
édité aux éditions du manuscrit.com