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[verso-hebdo]
02-11-2023
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Regard ramassé, une anthologie de l'art moderne, Paul Nizon, traduit de l'allemand par Frédéric Joly, Actes Sud, 384 p., 24 euro.

Le titre français est un peu malheureux, car on ne comprend pas ce qu'il signifie ! Quoi qu'il en soit, la romancier bernois Paul Nizon (né en 1929) a regroupé dans ce volume l'ensemble de ses textes sur l'art. Les uns sont des articles rédigés à l'occasion d'une exposition et publiés par un journal suisse en général, d'autres sont des essais plus élaborés. Nizon est un esprit curieux et il a aussi bien su s'intéresser à Aristide Maillol autant qu'à Bram Van Velde. On regrette souvent que ces petites pièces d'écriture ont été écrite à la va-vite et par conséquent sans approfondir vraiment la connaissance de l'oeuvre de l'artiste traité. Il a souvent manifesté son intérêt pour l'art de son pays, de Ferdinand Hodler à Friedrich Kuhn et à Louis Soutter.
Néanmoins, il a une sorte de gourmandise pour l'art du XXe siècle qui l'a porté de Marc Chagall à Alberto Giacometti. L'ouvrage se termine par une série de visites d'ateliers. Dommage que ceux-ci nous soient inconnus, car l'écrivain a su assez bien restituer l'atmosphère de ces lieux et des hommes qui y ont passé l'essentiel de leur vie. Ceux qui aiment la prose de Paul Nizon sauront aimer ces ouvrages de toutes dimensions, oscillant entre le journalisme pressé et l'histoire de l'art plus posée et mieux informée. Sans doute ne laissera-t-il pas une trace profonde dans l'évolution de la critique d'art comme Charles Baudelaire, Théophile Gautier ou encore Emile Zola. Mais cela ne veut pas dire qu'on ne devrait pas le lire - il a parfois de belles intuitions et de singuliers points de vue. Et je le répète, haut et fort, ce qu'il a pu dire de Vincent Van Gogh mérite vraiment d'être exploré : c'est intelligent et sensible tout à la fois. Cela nous change de toutes les idées reçues sur le peintre néerlandais qui est allé jusqu'aux tréfonds de sa quête artistique, sans compromis, sans recherche de la réussite dans le contexte contemporain qui a été le sien. Enfin, c'est une bonne chose qu'un homme de lettres s'interrogent sur des oeuvres d'art chaque fois que l'occasion se présente à lui.




Renoir, Valérie Mettrais, « L'essentiel », Editions Hazan, 192 p., 35 euro.

L'oeuvre picturale d'Auguste Renoir est considérable. Elle est considérée à juste titre comme l'une des plus importantes de l'ère de l'impressionnisme. Il a su traiter aussi bien des thèmes urbains que la nature, la vie publique que la vie intime. A la fin du XIXe siècle, il a commencé à multiplier les nus de jeunes femmes, avec moins de bonheur que ceux qu'il av ait pu faire auparavant. De plus, il aime de plus en plus dévoiler les beautés de la côte méditerranéenne. Mais il a conservé cette manière qui lui est si personnelle de rendre son sujet, quel qu'il soit. Son seul défaut, dans son grand âge, est d'avoir rendu un peu mièvres ses figures. Il a cherché à séduire. Et puis il a épuré son style et ses procédés picturaux : il a fini par mettre l'usage de la couleur noire (tout ce qui était noir sans la réalité était rendu en bleu dans ses tableaux). Il n'en reste pas mins un maître incontestable, mais il a perdu en audace et en originalité.
Ce volume n'a d'autre prétention que de donner à voir le parcours qui a été le sien pendant toutes ces longues années, Sa passion pour son art l'a conduit à tenter de vaincre l'arthrose qui avait touché ses doigts et l'empêchait de travailler en se faisant attacher ses pinceaux à la main. Il a continué à pendre avec obstination. Cet album a un grand intérêt pour tous ceux qui n'ont qu'une maigre connaissance de ce qu'il a pu accomplir ou à des jeunes qui le découvrent. C'est par conséquent un excellent outil pédagogique qui, de surcroît, goûter un plaisir inouï à découvrir l'esprit de l'impressionnisme qu'il n'a jamais abandonné, qui demeure le désir de faire éprouver au spectateur le caractère jubilatoire du rapport qu'a entretenu le peintre avec l'objet de son désir de nous rapprocher de ce qu'il a voulu représenter. C'est une autre forme de beauté que Renoir a voulu poursuivre et imposer, avec jubilation et avec volupté. Ce Renoir doit y trouver sa place dans la bibliothèque de qui a l'intention de découvrir une grande entreprise artistique.




Umberto Mariani, pop, mode et formes cachées, collectif, galerie T1L, 48 p., 20 euro.

Umberto Mariani est sans nul doute l'un des grands peintres de l'Italie d'aujourd'hui. En France, nous avons reconnu surtout les protagonistes de l'Arte povera, un peu Mario Schifano, et quelques-uns des nouvelles valeurs du marché international. Mais nous n'avons pas prendre de considérations les grands maîtres qui se sont fait jour comme Alberto Burri ou Giulio Turcato par exemple. Nous nous sommes arrêtés, après Lucio Fontana, à Piero Manzoni et à la trasavangardia. Ce sont là de graves lacunes qui nous a fait perdre le fil de l'histoire actuelle de l'art dans la péninsule. S'il a eu l'occasion d'exposer de temps à autre en France, Umberto Mariani ne fait pas partie de cette maître légion d'Italiens adulés dans notre pays, et c'est regrettable. Cette exposition, qui n'a pas la dimension d'une rétrospective, permet tout de même de se faire une idée de ce qu'il a pu accomplir. La première partie de cette présentation révèle sa première période qui était figurative et qui avait une certain e relation avec le Pop Art anglo-saxon. Mais il a choisi une voie très personnelle, en, mettant l'accent sur le mobilier d'avant-garde, la mode, sur une forme de sensualité exprimée par les objets et les accessoires, plus que par le corps féminin à proprement parler. Il a une préférence très marquée pour le cuir, en particulier par ce qu'il inspire au sens du toucher. Et quand il accentue la nature satinée de son rendu et le déploiement des plis des hautes bottes qu'on choyait à l'poque (nous sommes au coeur des années soixante-dix).
Quand il a décidé de renoncer aux choses pour parvenir à une abstraction totale, il ne conserve de ce passé qu'une chose : les plis. Il a longtemps travaillé sur la façon de rendre ses plus fluides et légers (paradoxalement, il doit utiliser le plomb pour y parvenir !). Il a utilisé des caractères de l'alphabet en majuscule pour donner un sens visuel à ses compositions, mais ils ne supposent aucun message précis. Ce sont des formes qui nous sont familières, rien de plus. Umberto Mariani n'est pas de ces artistes qui écrivent, même s'il est un lecteur impénitent. Puis il les met de côté et se concentre sur l'agencement de ses plissés qui lui fournissent des possibilités formelles presque infinies. Et il n'a de cesse de multiplier le dispositif de ses toiles et imagine des mises en scènes (il a d'ailleurs réalisé des décors de théâtre). Cette belle exposition lui rend véritablement honneur et devrait lui attirer la sympathie des amateurs français. Le catalogue offre une initiation à sa recherche qui est digne de figurer dans notre histoire de de l'art contemporain.




Caillebotte, Anne Sefriou, « L'essentiel », Editions Hazan, 192 p., 35 euro.

Gustave Caillebotte (1848-1894) a longtemps été délaissé et a été considéré comme un élément très mineur du cercle des impressionnistes. Pour ne pas dire : oublié. Cruelle injustice et ce défaut de goût ! Depuis environ une décennie, on l'a réhabilité avec un certain nombre d'expositions rétrospectives importantes qui ont connu une belle fréquentation. Et ce n'est que justice.
Comme Claude Monet, à la fin de sa vie, s'est fait construire un jardin avec un étang qu'on traverse grâce à un pont japonais, Caillebotte a choisi la demeure familiale, ses jardins et aussi son goût prononcé pour la navigation fluviale à rames : ce fut le décor presque exclusif de toute son oeuvre, qui est de toute beauté. Voilà une injustice de réparée. Caillebotte est issu d'une famille aisée. Il a fait des études de droit et a obtenu une licence. Mais il s'est tourné vers la peinture et a fréquenté l'atelier du très académique Léon Bonnat. Il est entré à l'Ecole nationale des Beaux-arts en 1873, mais ne s'y est guère plus. Un an plus tard, il a hérité de la fortune familiale. Il s'est lié d'amitié avec Edgar Degas et avec Giuseppe De Nittis. Même s'il est sensible aux nouvelles modalités de la peinture, il est demeuré attaché à la figuration de la nouvelle réalité urbaine.
Ses Raboteurs ont été présentés lors de la seconde exposition expressionniste (c'est la première fois qu'il a exposé). Sa Rue de Paris (1877) et ses scènes d'intérieur au sein de sa famille en sont la démonstration. L'intime et le monde de la ville sont liés dans son esprit comme une représentation de la modernité dont il se rapproche aussi par le biais de la culture. Quand il a trente-quatre ans, il a cessé de participer à des expositions. Il n'en a pas moins continué à peindre et a fréquenter Auguste Renoir, qui venait lui rendre visite dans sa propriété du Petit-Gennevilliers, où il s'était installé avec ses frères. Il a beaucoup élargi le champ de ses sujets, des bords de Seine aux natures mortes et aux nus.
A partir de 1890, il a renoncé aux grands formats. La liberté qu'il a pu se donner lui a permis de traiter ses sujets sans entraves. Il a donc été un novateur, mais sans jamais se confronter à la critique et à un public. Avec le recul, on peut se rendre compte qu'il a été l'un des peintres majeurs de son temps sans qu'on ait pu le savoir ! D'où sans doute cette longue défection. Il a choisi de mettre en scène tout ce qui a contribué à son bonheur et à ses joies dans son existence. Ce volume permet de faire la découverte de cet artiste qui s'est volontairement mis à l'écart du monde de la création. C'est le moyen de s'initier à ses productions si plaisantes et enchanteresses et à comprendre qu'il a su être un créateur de premier plan.




Hans Bouman, chemins de traverse, collectif, Area, 176 p., 30 euro.

Je dois dire une fois de plus à son propos que Hans Bouman est un artiste qui n'est pas estimé à sa juste valeur. Certes il a connu des périodes fastes et des collectionneurs se sont intéressés à lui et il s'&tait fait une place dans le petit monde de l'art parisien. Mais il n'a pas encore eu la reconnaissance qu'il mériterait. Ce nouveau livre qu'il a conçu devrait faire renaître cet intérêt. Il s'agit non d'une monographie, mais d'un dictionnaire très singulier où se retrouvent dxs extraits de textes critiques portant sur telle ou telle question. Ce n'est donc pas une sorte de rétrospective imaginaire, mais plutôt une sorte de voyage fictif dans le temps de son oeuvre. C'est divertissant, mais aussi très instructif pour saisir l'évolution de sa pensée artistique. C'est très dense et illustré avec prodigalité. C'est autre façon de mieux connaître le travail d'un artiste dont le talent n'est pas à mettre en doute et, mieux encore, d'apprécier ses recherches à travers ce qui a pu l'intéresser et l'influencer au fil de toutes ces années.
C'est vraiment très passionnant et nous offre la possibilité, même si l'on a déjà une bonne connaissance de sa façon de traduite son expérience du monde, qui puise ses racines autant dans l'art européen que dans l'art africain, qu'il a pu connaître sur le bout des ongles au cours de ses voyages. Il a trouvé le juste équilibre entre notre culture et celle de ce vaste continent qui a vu fleurir mille cultures diverses. Hans Bouman, de loin, n'est pas un « primitiviste », mais plutôt un créateur qui pourrait avoir des traits commun s avec Alberto Giacometti, dans sa sculpture, non dans sa peinture. Il est parti en chasse d'une essence de l'homme qui asse par la métamorphose de son aspect physique. Ses têtes totémiques ont longtemps été un moyen de faire ressorti ce qui fait l'humanité -notre humanité. En sommez, c'est un livre à ne pas manquer et la découverte des toiles et des sculptures de Hans Bouman s'impose à tout homme et à toute femme aux idées larges et profondes.




Nous les Caserta, Aurora Venturini, traduit de l'espagnol (Argentine) par Anne Plantagenet, « Pavillons », Editions Robert Laffont, 240 p., 19, 50 euro.

J'ignorai tout, je l'avoue, d'Aurora Venturni (1922 à La Plata-2015). Et je dois dire que cette oeuvre romanesque mériter vraiment d'être découverte, même avec retard (il a été publié en 1992). La figurer centrale de cet ouvrage est Clela, qu'on suit au fil des ans. C'était une petite fille surdouée, mais pas très belle ni même d'un commerce très agréable. Elle nous relate ses différends avec une mère qui ne l'aime pas et le montre, lui préférant ostensiblement sa petite soeur, moins douée, mais charmante. Elle nous dépeint sans ménagement son cercle de famille, qui nous apparaît presque de façon caricaturale. Elle revit les moments de sa jeunesse en explorant une malle où elle retrouve lettres, photographies, documents de toutes sortes. Elle a été placée dans une institution religieuse destinées aux enfants qui, comme elle, sont largement plus développés intellectuellement que leurs compagnons de classe. Elle n'y trouve pas le moindre plaisir, mais est au moins heureuse d'échapper à la présence de ses parents et à sa fratrie.
Elle va partir et se rendre en Europe. Elle va à Paris et puis en Italie, séjournant à Rome. Puis elle décide d'aller en Sicile, en quête de ses lointaines origines. Il y a sans doute une forte connotation autobiographique dans ce roman. Mais elle n'a pas tenu à ce qu'on l'assimile directement à Clela. C'est une oeuvre curieuse et déchirante, qui n'est en rien sentimentale, même si on devine que ce parcours dans l'existence est tfrès douloureux. C'est là un beau livre qui permet de faire connaissance avec cet écrivain inconnu de la majortié du public français.




Photographies au saut du lit, Clara Bouveresse, Photo Poche, 144 p., 19, 50 euro.

Le sujet de cette anthologie de photographies de différents auteurs est plutôt plaisant. En effet, ce moment de la vie quotidienne de tout un chacun est traité de mille façons. Ce qui est divertissant ici, c'est la diversité des postures adoptées par les photographes, du réalisme le plus strict jusqu'au surréalisme ou encore de recréer librement la peinture classique comme, par exemple, l'a fait Yinka Shoibare en 1998 avec son Journal d'un dandy victorien, (qui fait partie d'une série d'oeuvres adoptant les mêmes principes en procurant l'illusion d'un tableau ancien. On trouve aussi des compositions autobiographiques comme celle de Zanele Muholi, artiste d'Afrique du Sud qui n'a fait rien d'autre que se photographier elle-même dans toutes les positions imaginables. Chacune des oeuvres présentées représente un imaginaire qui utilise toutes les solutions formelles possibles. On est stupéfait de cette variété qui fournit mille et une manière de se réveiller le matin. A priori, l'idée de départ pouvait sembler un peu futile. Mais en réalité, on se rend compte que c'est une excellente méthode pour mettre en relief les techniques et les idées qui trottent dans la tête de ce tous ces créateurs contemporains qui ont trouvé leur de leur art qui traite le sujet proposé avec un nombre impressionnant de solutions esthétiques.




Les Nuits difficiles, Dino Buzzati, traduit de l'italien par Michel Sager, préface de Delphine Gachezt, « Pavillon poche », Robert Laffont, 340 p., 10 euro.

Dino Buzzati (1906-1972) a connu une grande vogue puis, ces dernières décennies, son oeuvre semble susciter moins d'intérêt. Chez les lecteurs italiens. C'est aussi le cas en France. La réédition de Les Nuits difficiles est donc une excellente idée pour faire renaître le goût de découvrir ses nouvelles (ce recueil est l'un des derniers qu'il a fait paraître l'année de sa port). Il a eu toujours plus de bonheur dans l'écriture de textes courts que dans l'art romanesque. C'est avant tout un conteur de grand talent. Il est loin des contes savants de Jorge Luis Borges. Il a préféré jouer sur la fantaisie et l'invention pure.
On l'a aussi rapproché de Franz Kafka, ce qui est une erreur à mon sens. Il a joué sur une grande diversité de ses inspirations. On doit souligner qu'il a eu un penchant très prononcé pour les histoires brèves, très brèves. Son écriture est toujours très simple, très direct. Il faut d'ailleurs souligner qu'il a beaucoup aimé créer des pièces pour le théâtre et cela se ressent dans sa façon de composer ses récits minuscules. Il échappe à l'idée d'un grand style. Il préfère largement un style simple, dépouillé, efficace. Son univers souvent onirique est rendu plus fort t par sa manière de se limiter à ce qu'il y a de plus simple et sans détour. Ce recueil nous permet de redécouvrir cet écrivain qui a été adulé dans les années soixante-dix et quatre-vingts. Il n'a rien perdu de sa saveur et de son dynamisme narratif. C'est vraiment le retour d'un auteur qui ne méritait pas de finir ainsi dans les limbes.
Gérard-Georges Lemaire
02-11-2023
 

Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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