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[verso-hebdo]
15-02-2024
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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La contre-culture selon Mike Kelley |
La monumentale Bourse de Commerce de Paris, devenue Bourse de Commerce Pinault Collection par la volonté du milliardaire et de son architecte, Tadao Ando est un splendide lieu muséal. Il n'est pas dédié à l'art en général mais à l'art contemporain, ce qui n'est pas la même chose. « Avec ce nouveau musée, au coeur de Paris, je veux partager ma passion pour l'art de mon temps » a déclaré une fois pour toutes François Pinault. D'où, par exemple, la rétrospective consacrée à Mike Kelley (jusqu'au 19 février 2024), celui qui était devenu un important artiste de la côte ouest des Etats Unis grâce à des performances inspirées des pratiques féministes militantes. Il était né en 1954 et, atteint de dépression, s'était donné la mort le 31 janvier 2012, après un chemin de peintre, metteur en scène, sculpteur, performeur, musicien... Toutes ces postures n'avaient eu qu'un point commun : transformer l'art hors des conventions, déconstruire le rôle de l'artiste.
L'exposition commence dans la rotonde centrale par le cycle des Kandors, « Ghost and Spirit ». Kandor était la ville d'origine de Superman sur la planète Krypton, créée dans les années 30. Nous sommes devant un ensemble de villes en résine colorée et leurs cloches de verre (Kandors Full Set) dans une atmosphère sombre. « Kandor, expliquait l'artiste est une image d'un temps qui n'a jamais été - une ville utopique d'un futur qui n'est jamais arrivé. » Au deuxième étage, cela commence par « Monkey Island » (L'Ile aux singes, 1982-1983) dans laquelle Kelley développait jusqu'à l'absurde l'idée de géométrie souterraine, épopée surréaliste révélant le pouvoir évocateur de la forme X. Ensuite vient The Poltergeist (L'esprit frappeur). Il s'agit des sculptures présentées en 1978 pour son diplôme de fin d'études du California Institute for the Arts. Des objets-sculptures sonores faisant référence à des performances militantes féministes et à son expérience musicale avec le groupe proto-punk Destroy All Monsters qu'il avait cofondé en 1973.
Ce qui vient d'être dit peut paraître anodin. Mais un petit livret est gracieusement distribué pour que l'on comprenne bien de quoi il s'agit. Je cite donc : « En mêlant la caricature grotesque au pathétique et à l'érudition, ses oeuvres touchent à ce que l'intellectualisme occidental cherche à réprimer : les fantômes, la sexualité, la défécation, la perversion, etc « Kelley se fait moins moraliste qu'anthropologue. Il tente de comprendre sans juger, d'analyser les pulsions et les désirs de l'être humain, de disséquer nos petites manies » écrit le critique d'art Robert L. Pincus en 1983. » Cela continue avec Half a Man (A demi-masculin) et Memory Ware (La matière mémorielle) qui consiste à intégrer dans du ciment une accumulation d'objets du quotidien. Ne pas dire que ce n'est pas de l'art : c'est de l'art contemporain.
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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