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[Visuel-News]
29-05-2025
La chronique de Pierre Corcos Produire le flou La chronique de Gérard-Georges Lemaire Chronique d'un bibliomane mélancolique
La chronique de Gérard-Georges Lemaire |
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Chronique d'un bibliomane mélancolique |
 Paracelse, Alexandre Koyré, Editions Allia, 96 p., 7, 50 euro.
Aleksandr Vladimirovitch Koyra est né en Russie en 1892, dans une famille juive. Il a fait ses études à Tblisi. A Rostov sur le Don et à Odessa. Il prend part à la Révolution de 1905 et a été emprisonné. C'est dans sa cellule qu'il découvre l'oeuvre d'Husserl et qu'il découvre la phénoménologie. Une fois libéré, il rentre en Russie, puis se rend à Paris où il se diplôme en philosophie à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes en 1913. Il commence une thèse sur saint Anselme, qu'il doit interrompre à cause des événements. L'armistice signée, il rentre un temps en Russie et revient à Paris. Puis il va vivre à Gottingen. Quand éclate la guerre contre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie, il se porte volontaire dans les troupes françaises. La paix revenue, il séjourne encore à Paris et puis s'installe à Gottingen de 1923 à 1929. C'est là qu'il a publié ses premiers écrits en 1922 dans une revue allemande sur les paradoxes de Zénon. En 1921, il présente sa thèse, Traité sur l'idée de Dieu et sur les preuves de son existence chez Descartes. Deux ans plus tard, il obtient son doctorat à l'université de Paris avec sa thèse sur L'Idée de Dieu dans la philosophie de saint Anselme. Par la suite il étudie de très près Galilée, Newton et se passionne particulièrement sur la question de la lumière. C'est ce qui le fait s'approcher de l'oeuvre de Paracelse (1493-1541), surtout sur sa pensée sur la lumière. Il est étonné de constater qu'il n'existe aucune biographie de ce personnage qui a joué un rôle si important en son temps, dans des domaines tels que la philosophie, la médecine et l'astrologie. Mais il n'a pas eu l'intention de combler ce vide, mais plutôt de rédiger un bref ouvrage sur ce qu'il a accompli. Il le voit comme ayant été influence par le naturalisme hylozoïste et par la mystique allemande. Il a, avec la plus grande fantaisie, mis à bas la science médiévale. Pour lui, la nature est une force vitale et magique. Ce monde est comparable à l'homme, dont le jaillissement intérieur de l'âme engendre songes, images, désirs. Cet homme est triple - corps, âme, esprit comme le monde l'est aussi - matière, astres, Dieu. Koyré, avec clarté et précision, recompose ce qu'a été la conception de Paracelse dans les termes qui étaient les siens à son époque. Koyré termine ses considérations en mettant à jour la pensée théologique de Paracelse qui nous fait comprendre que puisque Dieu a créé l'homme à son image, celui-ci est par conséquent un petit dieu qui a pour mission de révéler les mystères du divin. Il a su à la perfection rendre cohérent et limpide ce que cet individu si étrange dont on ne sait presque rien mais dont on possède une vaste littérature (qui, on le sait, a eu un poids quand il l'a produite) et ainsi ajouter un nom entre ceux de tous les grands philosophes qui se sont succédés jusqu'à ce jour en Occident. Il ne s'agit donc pas de mettre en scène une figure singulière et décalée, mais bien de rendre hommage à une façon de comprendre notre univers et ceux qui l'habitent provisoirement tout en instituant un fil d'Ariane cognitif et spirituel.
 Girargillissimevolementegirar, Concetto Tamburello, Accademia di Belle Arti di Agrigento, 200 p.
Concetto Tamburello est un artiste sicilien, né à Santo Stefano di Camestrà (non loin de Cefalù), qui est un petit village non loin de la mer, dont l'activité principale a été de longue date la céramique. Il a déjà publié un merveilleux livre sur le cimetière, unique en son genre, les tombes étant recouvertes de carreaux de céramique avec des dessins géométriques de toute beauté. Cette fois, il a voulu rendre hommage à ces hommes et à ces femmes qui savent encore modeler l'argile (on disait : fingere). Ces artisans d'une grande dextérité place l'argile sur leurs tours et en soutire des vases, des cratères, des pichets, des jarres, toutes sortes d'objets ayant une utilité pour le transport des liquides et des grains, mais aussi dans la simple vie domestique. Ils peuvent aussi avoir une fonction décorative, bien qu'ils soient d'une grande sobriété stylistique et monochrome pour l'essentiel. Le mot tourner vient du grec ancien tòrnos et du latin tòrnus. L'auteur avance que cette activité remonte au IVe millénaire avant notre ère en Mésopotamie. Dans l'Egypte ancienne, le dieu Ptah, créateur du cosmos, aurait créé l'homme et les animaux avec de la glaise. La même image se retrouve dans la Bible. On a retrouvé un pinax du VI-Ve siècle où le travail du tourneur est représenté. Le modelage de l'argile et la cuisson n'ont pas subi de métamorphoses importantes au fil des ans. Ce qui est exécuté à notre époque ne diffère guère de ce qui se faisait pendant l'antiquité. Seules des digressions formelles peuvent être discernées.
L'auteur a souhaité faire le portrait de ces créateurs qui s'emploient à prolonger cette très longue tradition. Il est curieux de noter que tous, quelque soit leur état d'esprit et leur manière de faire, ont une sorte de communauté dans la manière de produire des choses sur leurs tours. Il existe bien un style propre à ce lieu dans ce domaine. Mais cela ne signifie nullement qu'ils travaillent tous dans la même perspective. Disons qu'il y a un modus vivendi général et ensuite un modelage qui a un caractère individuel. Ce qui les rapproche tous est une certaine simplicité et aussi une grande rigueur dans ce qu'ils obtiennent sur leurs tours. C'est presque paradoxal. En nous les présentant en train de travailler, le peintre s'est attaché à conserver la mémoire de ces êtres qui sont à mi-chemin entre l'artisanat et les beaux-arts. C'est aussi l'expression de sa volonté d'aider à la préservation de cette technique qui a traversé l'histoire de notre continent, des vases grecs peints en rouge et en noir jusqu'aux inventions de Pablo Picasso à Vallauris. En France, plusieurs entreprises ont été fréquentées par des artistes connus et par des designers de talent. En Italie, je ne donnerai comme exemple qu'Albisola Marina sur la côte ligure où l'on a pu rencontrer Ager Jorn, Lucio Fontana et tant d'autres fortes personnalités de l'art moderne venus des quatre coins du monde. Avec Tullio d'Albisola, ami de F. T. Marinetti à la tête d'une de ces officines, était gage d'un grand ferment esthétique.
L'ouvrage de Concetto Tamburello est une splendeur et l'une des plus belles célébrations de cette pratique si vieille et pourtant encore appréciée de nos jours.
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Gérard-Georges Lemaire 29-05-2025 |
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