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ID : 53
N°Verso : 66
Les Artistes et les Expos
Titre : L'art et le cyclisme
Auteur(s) : par Leonardo Arrighi
Date : 11/01/2013


Traduit de l’italien par Gérard-Georges Lemaire


« Ciclismo, cubo-Futurismo et la Quarta Dimensione – Au vélodrome de Jean Meztinger », Collection Guggenheim, Venise.

L'art et le cyclisme
par Leonardo Arrighi

I Quand l’art réinterprète le sport

La vision des œuvres présentées dans cette exposition au Guggenheim de Venise permet de confronter le geste athlétique avec l’art dans l’optique d’une authentique réinterprétation. La sensibilité des artistes se confond avec celle des protagonistes de leur enquête, jusqu’à la codification d’un nouveau vocabulaire artistique, les cyclistes perdent leur apparence immédiate pour laisser place à la tension émotive qui les accompagne dans la recherche de nouveaux horizons.
            Au cours des dernières décennies, le sport a peu à peu pris ses distances avec le monde culturel, en devenant la proie exclusive d’un stérile fanatisme de masse. Cela influe sur l’opinion qu’on peut se faire de la pratique de l’athlète qui, à cause de nombreux préjugés, est désormais considérée comme étant bien éloignée de toute incursion poétique. L’évolution exaspérée de la technologie et l’augmentation exponentielle des salaires des sportifs a contribué à engendrer une fracturée entre le spectateur et les athlètes : l’admiration continue à diminuer, laissant place à la suspicion et à la méfiance.
            Le cyclisme mérite un chapitre à part. L’intersection harmonique entre l’homme et le moyen mécanique, sans compter les inénarrables efforts que requièrent les deux roues, rendent la pratique du cyclisme unique dans la sphère du sport. L’invention de la bicyclette a immédiatement conquis les intellectuels, conscients des impulsions sensorielles à peine nées dérivant de ce nouveau moyen de transport. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, on assiste à la diffusion du vélocipède : les individus développent alors un rapport privé avec cet objet qui vient rapidement élever au rang d’allié inséparable de la sarabande quotidienne dans les rues de la vie citadine ou sur les routes inaccessibles de la campagne. L’autonomie permise par la possibilité de transférer sa propre énergie sur des pédales crée un rapport symbiose entre l’homme et l’innovation et l’innovation technologique. En quelques années, les compétitions cyclistes commencent à se multiplier : la Paris-Rouen se court en 1869 et en 1870, c’est la Florence-Pistoia ; en 1876, voici la Milan-Turin, puis la mythique Paris-Roubaix en 1896. Ces courses offrent aux artistes la possibilité d’observer la plus grande exaltation athlétique alimentée par l’ardeur de l’homme qui recherche sans cesse un au-delà à surpasser et, si possible, le premier. La passion pour le sport à deux roues se répand dans un vaste public qui, pour tenter de fuir aux difficultés journalières, s’identifie avec les aventures des nouveaux héros de la bicyclette : le danger, le désir de vaincre ses propres limites, la volonté de remporter un triomphe immédiat, la sensation de liberté à l’inverse de la monotonie de l’existence rendent le cyclisme beaucoup plus inatteignable que les autres sports.

 

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