Tatline / art et monde nouveau
par Giancarlo Pagliasso
La grande rétrospective de l’œuvre de Vladimir Tatline à la fondation Tinguely de Bâle est divisée en cinq parties, comment autant de différents moments de sa production : la peinture, les reliefs, l’architecture et l’utopie révolutionnaire, le théâtre scène du nouveau monde et enfin le vol du Levatline.
La première section présente dix tableaux des années 1911 à 1916. On y trouve un beau nu de 1913 et l’Autoportrait de l’artiste en marin (1911). Ce sont des œuvres déterminées par l’esprit des avant-gardes européennes. Les composantes de la peinture traditionnelle et populaire russe, source d’inspiration initiale pour le jeune artiste, laisse place à des signes et des registres chromatiques proches de fauves, de Cézanne, de Matisse et Picasso. Curieusement, deux œuvres à l’huile des années d’après guerre (entre 1947 et 1953) montrent un retour aux valeurs plastiques expressionnistes dans une continuité formelle qui rappelle Soutine.
Tatline rend visite à Picasso à Paris. De cette rencontre, il tire des éléments pour ses premières Contre-reliefs, œuvres qui réunissent en termes spatiaux et dynamiques peinture, sculpture et architecture.
Dans sa tentative d’intégrer mouvement et tension, il utilise un grand nombre de matériaux (fer, acier, bois, zinc, aluminium, cordage et fil de fer) parfaitement compatibles avec une poétique d’abstraction absolue. Ces matériaux sont libérés de leurs fonctions servent désormais la pure résolution formelle et à l’énergique volonté de l’artiste. La nouveauté de ces travaux [1] consiste dans d’un modelage de l’espace obtenu en les plaçant sur les murs pour former des angles concaves ou convexes issus du principe cubiste du vide et du plein pour établir l’indétermination de la suspension gravitationnelle. Le terme contre-relief opposé souligne, aux yeux d e l’artiste, la distance complète avec l’idée de l’art passé et l’adhésion à un programme créatif révolutionnaire et avant-gardiste. Comme « contrepoint » à l’harmonie des beaux-arts traditionnels, les contre-reliefs présupposent la recherche artistique en tant qu’intégration directe et palpitante du futur, en en venant à constituer les intentions théoriques du constructivisme comme intégration fonctionnelle et productive des arts picturaux et architecturaux.
[1]Il y en a quatorze dans l'exposition, dont trois orignaux : Contre-Relief angulaire (1914), Relief pictural (1914-1916), Contre-Relief (1916).
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