Éloge de Simon Hantaï
par Gérard-Georges Lemaire
Simon Hantaï, à l’égal d’autres artistes de sa génération, n’est connu et admiré que pour une partie de son œuvre -, celle des pliages, qui concerne la dernière partie de son existence (à partir de l’aube des années 60). Ce sont des ouvrages remarquables, où il est parvenu à condenser l’esprit de sa peinture. Mais son parcours est infiniment complexe et donc méandreux jusqu’à l’heure où il adopte un discours de la méthode. Ses débuts sont marqués, pendant une période assez, longues, par d’étranges enchevêtrements macaroniques, qu’il rattacha à l’écriture automatique des surréalistes et qui lui ont valu les éloges d’André Breton, en quête d’un nouveau souffle face à une situation artistique qui lui avait complètement échappé après guerre. Le livre Sex-Prime (1956), qui plaît tant à Ms. Molly Warnock, une universitaire américaine, qui a écrit sur l’artiste un livre assez peu convaincant (publié récemment par Gallimard) ; le tire repose sur un jeu de mots qui n’est du goût le meilleur. Cela étant posé, il y a des choses passionnantes dans l’histoire de ce livre : l’hommage à Jean-Pierre Brisset, écrivain méprisé, considéré comme un « fou littéraire », auteur de l’étonnante Grammaire logique (1883) et, de l’autre, l’amorce d’une correspondance entre l’écriture et la. Ce qui change la vie d’artiste d’Hantaï, c’est sa rencontre avec Georges Mathieu et Jean Degottex et le graphisme la fondation d’un groupe éphémère avec ces deux derniers. Les choses n’évoluent pas dans la pratique très rapidement et il continue à produire ses bizarres entrelacs aux couleurs désagréables. Et le grand tableau baptisé lui aussi Sex-Prime (1955) est de la même veine en dehors du fait que ces boucles et rubans sont plus courts et plus proches d’une écriture.
Après cette longue expérience, Simon Hantaï évolue profondément. Il change sa manière, il change de démarche. Il se lance dans des « écritures », qui sont des métamorphoses plastiques d’un texte, ou une compénétration du texte de son langage plastique. La série des Ecritures roses est sans doute le moment d’éclosion de son talent. Il sort de s a coquille et joue avec humour avec les signes. Nous sommes en 1958 et en 1959 : ce sont les années où il utilise de l’or et il fait même un grand monochrome à la feuille d’or.
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