Censure prise
par Pierre Corcos
Sans surprise nous assisterions dans les années à venir, sous l’influence d’une droitisation de la politique, du conservatisme religieux revitalisé, d’un communautarisme contracté, réactif, en quête de juteux procès, d’une logique à courte vue de l’audimat, à l’insidieuse émergence de la censure prise comme une prudente régulation de la création artistique en général et théâtrale en particulier.
On se souvient qu’en octobre de l’année dernière, une pièce de théâtre, « Sur le concept du visage du fils de Dieu », de Romeo Castellucci, avait provoqué la fureur d’intégristes catholiques, ces derniers ayant multiplié des actions violentes et dangereuses pour empêcher les représentations au Théâtre de la Ville. La police avait dû intervenir, comme elle a dû également protéger, deux mois plus tard, les spectateurs souhaitant voir la pièce « Golgotha Picnic » de Rodrigo Garcia au Théâtre du Rond-Point... Les intégristes de l’Islam se sont, quant à eux, déchaînés contre des caricatures, qu’ils jugeaient « blasphématoires », parues dans la presse satirique (« Charlie Hebdo »), à nouveau contre Salman Rushdie (une prime pour son assassinat a été portée à... 3,3 millions de dollars - quel usage de l’argent ! - par une fondation religieuse iranienne) pour un roman publié en 1988, « Les Versets sataniques »... A la même époque d’ailleurs, un groupe fondamentaliste catholique incendiait une salle de cinéma, L’Espace Saint-Michel, pour empêcher la projection du film La Dernière Tentation du Christ de Martine Scorcese... Ne parlons même pas de ce qui se passe actuellement dans les pays du Maghreb en matière de censure visant l’art contemporain ! Théâtre, littérature, art et, bien sûr, cinéma : les exemples de censure déchaînée, brutale, farouche venant de ces fanatiques religieux ne manquent jamais. Bref, il ne faut guère attendre - et tout le monde sera d’accord sur ce point - de l’intégrisme (mais que dire des ultraconservateurs, des « tea-parties » américains et autres champions de la censure !) qu’il encourage le libre examen, la créativité, l’humour, l’esprit critique...
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