Philippe Richard
par Vianney Lacombe
L’air qui circulait dans les tableaux de Philippe Richard s’est considérablement raréfié. Les couleurs juxtaposées qu’il emploie actuellement élargissent leurs zones d’influences par une succession de dégradés qui viennent remplir tous les vides de la toile et donner à celle-ci une densité et un éclat que rehausse l’apparition du blanc au centre de chaque tache de couleur, renforçant l’illusion de relief par la division de cette couleur en couches d’intensités successives. Cette sensation de faux volume s’étend à l’ensemble du tableau qui n’est plus rythmé par le découpage et l’animation graphique des surfaces peintes qui caractérisaient le travail précédent de Philippe Richard. Ce sont les surfaces qui réagissent les unes contre les autres, confrontant leur influence et leur vitalité. L’énergie de ces accumulations ne laisse au tableau aucun temps de repos, et c’est seulement l’échelle des éléments juxtaposés qui augmente ou diminue l’intensité des contrastes et leur interaction.
La division de la couleur en teintes rapprochées permet de traiter le tableau comme une série de volumes compressés par le format, et Philippe Richard utilise également cette technique pour creuser la surface de la toile et imposer ainsi un jeu différent aux éléments en volume qu’il dispose au premier plan, cercles de couleurs dégradées sur lesquelles apparaissent un point plus clair qui semble les rapprocher encore de nous. Ces cercles étaient déjà visibles dans d’autres travaux récents de Ph. Richard, mais il neutralisait tout effet de profondeur en nivelant ses fonds par des aplats ou des motifs linéaires qui les remplissaient.
Les expositions de la galerie Bernard Jordan et de la Maison d’art contemporain Chaillioux montrent en effet cette coexistence des toiles conçues comme des volumes dans l’espace et des toiles à dominante graphique dans lesquelles l’élément dynamique est le signe coloré qui circule à la surface et planifie le fond par ses allées et venues, alors que dans ses toiles qui suggèrent la profondeur il y a une refonte de son vocabulaire plastique, un désir de nouvelles surprises en renonçant à l’écriture picturale qu’il pratiquait jusqu’à maintenant. L’élément graphique n’est que partiellement abandonné, puisque le travail actuel de Ph. Richard reste avant tout une écriture et que son geste pictural consiste à montrer les bords successifs de la couleur qui s’enfoncent dans l’espace. Cette démarche chasse tout l’air que contenait le tableau pour aboutir à une densité extrême, dans laquelle les couleurs sont respectées dans leur pleine puissance mais également dotées de passages qui permettent une circulation à l’intérieur de tous les éléments du tableau, une surface vibrante dans laquelle chaque couleur est enchâssée dans son propre éclat.
Toiles de jeunesse, les nouvelles peintures de Philippe Richard continuent d’être travaillées avec la plus grande liberté, mais avec d’autres interrogations auxquelles les toiles précédentes ne pouvaient répondre : cette déclinaison de tous les possibles d’une couleur, la circulation des tons intermédiaires entre eux rendent obsolète l’ajout de signes décoratifs qui viendraient contrarier le jeu des volumes qui est devenu le moteur actuel de la peinture de Philippe Richard.
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