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La bibliothèque de l'amateur d'art
par Gérard-Georges Lemaire

Bibliothèque de l’amateur d’art par Gérard-Georges Lemaire
L’Hymne à l’amour, Rachel Laurent, Regard, 130 p., 36 €.

C’est l’un des noms de l’Art Contemporain en France. Bien. La littérature qu’il nous propose vont tomber les bras (à terre) - ce sont des petites pensées un peu sotte sur le tout et surtout sur le rien. Prenons un seul exemple : « La banane n’est pas l’ananas... L’ananas a planté, sur la tête, un petit plumet vert. La banane n’est pas l’ananas. La banane n’a pas ce que l’ananas a. » Je laisse le lecteur juge de cette méditation. Le reste est pire. Quant aux œuvres, nous voyons défiler tous les poncifs de l’A. C. avec des Mickey et des tableaux anciens dénaturés, des abstractions macaroniques (au sens strict), des têtes de mort qui ont une banane à la place de la langue. La série des Crucifixions montre des squelettes enveloppés par des fils (ce que l’on voit aussi avec les Cadavres exquis). Ce goût de la dérision poussé jusqu’à un point de non-retour n’est qu’une revisitation du surréalisme quelques étages plus bas. C’est absolument navrant et finalement très triste. La logique infernale de l’A. C. se révèle ici dans toute sa splendeur : mais ces pièces qui se veulent scandaleuses ne scandalisent personne et ne font pas rire non plus.

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Bibliothèque de l’amateur d’art par Gérard-Georges Lemaire
Célébration du bijou, David Bennett & Daniela Mascetti, Bibliothèque des Arts, 304 p., 85 €.

Ce superbe album n’est pas une histoire du bijou au XIXe et au XXe siècle. C’est un hommage rendu aux plus grands créateurs et producteurs de cette période de Lalique à Bulgari, de Castelani à Boivin, en passant par Boucheron, Van Cleef & Arpels et Cartier. L’idée des auteurs a été de présenter des pièces exceptionnelles, certaines étant devenues mythiques pour les spécialistes, photographiées en couleurs avec le plus grand soin, et souvent présentées sur une double page, pour que l’amateur puisse en apprécier le moindre détail. Le texte se résume à quelques précisions sur les pièces choisies (personnellement, j’aurais aimé en savoir plus sur ceux qui les ont imaginés, sur ceux qui les ont commandés). En somme cet imposant album sous emboîtage n’est pas destiné aux historiens des arts décoratifs, mais aux personnes qui éprouvent une passion pour les joyaux. Il faut admettre que ces boucles d’oreille, que ces colliers, que ces pendentifs, que ces bracelets forment une collection fictive d’une beauté indéniable qui ne peut que ravir les sens et flatter le goût. Et, à travers eux, on peut reconstituer les variations de ce goût à travers le temps : les savantes architectures victoriennes et les lignes géométriques caractéristiques de l’Art déco, l’Art nouveau dans toutes ses extravagances sont là pour scandées cette pérégrination dans le passé récent de la joaillerie. Et je dois reconnaître que le livre est si bien fait qu’il fait oublier les réserves que l’on peut faire sur ce qu’on aurait aimé savoir sur ce métier et sur ceux qui l’ont rendu si mythique. Après tout, les pierres parlent d’elles-mêmes et les objets possèdent ici une âme telle que tout discours pourrait sembler superflu.

 

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